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Les appels d'offres pour la poursuite des travaux de la ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin (LGV) pourraient être reportés. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"J'ai envoyé une lettre à la TELT, société chargée de la réalisation du Lyon-Turin, l'invitant à s'abstenir, avec effet immédiat, de toute activité pouvant entraîner des blocages juridiques et économiques pour l'Etat italien en rapport aux appels d'offres", a indiqué samedi 9 mars le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, sur Facebook.
"Ce gouvernement et les forces politiques qui le soutiennent se sont engagées à rediscuter intégralement le projet Lyon-Turin", a ajouté Giuseppe Conte en précisant que Rome avait "l'intention de parler avec la France et l'Union européenne à la lumière des plus récentes analyses coûts-bénéfices".
Selon des informations de presse, la lettre envoyée par le gouvernement italien à la TELT (Tunnel Euralpin Lyon Turin) sera examinée lundi 11 mars par le conseil d'administration.
Dans un courrier adressé à M. Conte et à son homologue français Edouard Philippe, le directeur général de la TELT, Mario Virano, a averti qu'un nouveau renvoi des appels d'offres "au-delà du mois de mars entraînerait la réduction de la subvention européenne de 300 millions d'euros".
"Une telle perte risque de mettre en cause notre responsabilité civile et administrative, ce qui serait le résultat d'une inertie décisionnelle", a expliqué M. Virano dans sa lettre, citée par les médias italiens.
Mario Virano a, par ailleurs, indiqué que la TELT autorisera lundi 11 mars la publication des "avis de marchés" (étape préliminaire aux appels d'offres) pour les travaux relatifs à la partie française du tunnel transfrontalier du Lyon-Turin.
Les forces de la majorité au pouvoir à Rome ont multiplié ces dernières semaines les tractations sur ce dossier, qui les oppose, afin d'éviter la chute du premier gouvernement populiste dans un pays fondateur de l'UE.
Les deux hommes forts de l'exécutif, Matteo Salvini, vice-Premier ministre et patron de la Ligue (extrême droite), et son homologue Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème), sont à couteaux tirés sur le sujet.
Vieux de plusieurs décennies, le projet de LGV Lyon-Turin vise à réduire les transports de marchandises en camions au profit du rail et à diviser par deux le temps de trajet pour les passagers, en mettant Turin à deux heures de Lyon.
La Ligue, ancrée dans le Nord de l'Italie et proche de ses entreprises, est très favorable à cette nouvelle infrastructure, estimant qu'elle est une source de développement et d'emplois, tandis que le M5S, pour qui elle représente un formidable gaspillage d'argent public, y est opposé.
Réviser le financement
Luigi Di Maio, Giuseppe Conte et Matteo Salvini à Rome le 17 janvier 2019. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"Sur la LGV, la situation est en train de se résoudre positivement Donc, désormais, parlons d'autre chose et avançons", a déclaré samedi 9 mars sur Facebook Luigi Di Maio.
"Je suis disponible pour tout. S'il n'y a pas d'accord de gouvernement, le Parlement peut se prononcer, les Italiens peuvent se prononcer par un référendum consultatif", a expliqué de son côté Matteo Salvini.
Les deux hommes ont signé en juin un "contrat de gouvernement" dans lequel il est stipulé que la liaison ferroviaire Lyon-Turin devrait être "intégralement rediscutée".
M. Conte l'a rappelé jeudi 7 mars en demandant à la France et à l'UE, partenaires du projet, de s'asseoir à la table des négociations. L'Italie souhaite, en particulier, que soit revue la répartition du financement du Lyon-Turin, dont le coût est supporté à 40% par l'UE, 35% par l'Italie et 25% par la France.
Ce n'est pas la première fois que le gouvernement italien est en difficulté sur les sujets qui le divisent, du décret controversé sur la sécurité et l'immigration à la loi sur la légitime défense en passant par le budget.
À chaque fois, un accord avait pu être trouvé, MM. Di Maio et Salvini ayant à coeur de sauver leur "mariage" politique, conclu il y a un an après les bons scores de leurs partis aux législatives du 4 mars.
Mais cette fois, les choses s'annoncent plus compliquées. Vendredi 8 mars, la presse italienne titrait sur "l'affrontement final" sur le TGV Lyon-Turin, tout en restant prudente sur les chances ou non de survie du gouvernement.