Mémoires au Soudan du Sud de médecins vietnamiens

Nguyên Tiên Duy et Trân Thi Mai Liên sont deux des 63 "soldats en blouse blanche" des Casques bleus vietnamiens faisant partie de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (MINUSS), où ils ont travaillé pendant 14 mois.

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Le médecin Nguyên Tiên Duy au chevet d’un patient. 
Photo : NVCC/CVN

En mars 2021, le médecin Nguyên Tiên Duy, du Département d’anesthésiologie et de réanimation de l’Hôpital militaire central 108, à Hanoï, est arrivé à l’aéroport international de Djouba, au Soudan du Sud, avec ses collègues de l’Hôpital de campagne de niveau 2 N°3. Ils se sont installés à Bentiu, à 900 km de la capitale Djouba.

À l’époque, le Vietnam et de nombreux autres pays, dont le Soudan du Sud, étaient confrontés à une vague de COVID-19.

Dès leur arrivée, leur première tâche fut de vérifier et de réorganiser la salle d’opération et de réanimation, étant donné le manque de fournitures médicales et de médicaments.

Après un certain temps à Bentiu, Tiên Duy a été confronté à une situation imprévue : un jeune homme a été admis en urgence à l’hôpital en raison d’une hernie inguinale. Selon les protocoles de traitement, les médecins de l’hôpital devaient transférer le patient à un niveau supérieur, mais celui-ci a choisi de rester entre les mains des médecins vietnamiens.

Ce patient était musulman, et selon ses croyances, il ne voulait pas recevoir d’anesthésie locorégionale de peur de la douleur. "Normalement, pour ce type d’incision, nous pratiquons une anesthésie locorégionale, mais étant donné que le patient avait très peur de la douleur, nous avons proposé une anesthésie générale lors d’un rendez-vous privé avant l’opération", explique M. Duy. Il a également utilisé de nouvelles techniques, en se servant d’appareils à ultrasons pour soulager la douleur post-opératoire.

Les médecins vietnamiens sont toujours prêts.
Effectuer un cas de secours.
Soin d'un patient de la MINUSS.
Dans la salle d'opération.

Pénurie d’équipements

L’opération a été un grand succès. Les habitants locaux ont désormais confiance davantage dans les compétences des médecins vietnamiens. "Le patient s’est complètement rétabli trois jours après sa sortie de l’hôpital. Il m’appelle +frère+ et me fait parfois des cadeaux. Avant que je ne rentre au Vietnam, il m’a remis un précieux souvenir : un morceau de bois de pin avec mon nom gravé", se souvient-il.

L’Hôpital de campagne de niveau 2 N°3 au Soudan du Sud a mis en place un système de télémédecine pour la chirurgie d’urgence des cas graves, avec le soutien d’experts de l’Hôpital militaire 175 à Hô Chi Minh-Ville, loin de près de 10.000 km. Les médecins ont fait preuve de créativité, et mis en place des nouvelles techniques utilisées pour la première fois dans des conditions difficiles. Ils ont réussi à prévenir et lutter contre l’épidémie de COVID-19, gagnant ainsi la confiance des amis internationaux et locaux.

Plus de 1.400 patients ambulatoires et 16 chirurgies

Au cours de ses 14 mois de fonctionnement, malgré la grave pénurie de fournitures médicales et médicaments, l’Hôpital de campagne de niveau 2 N°3 a reçu plus de 1.400 patients ambulatoires, organisé le transport aérien de 16 cas et réussi 16 chirurgies.

De nombreux cas graves et compliqués tels qu’accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde, hémorragie gastro-intestinale aiguë, chirurgie de traumatisme thoracique, hernie inguinale... ont été pris en charge avec succès par les médecins vietnamiens. Ils ont été félicités par le médecin en chef et le chef du Service médical militaire de la MINUSS.

Dans la mémoire du médecin Duy, sa première intervention chirurgicale, environ un mois après avoir commencé à travailler à l’Hôpital de campagne de niveau 2 N°3, a laissé des traces. Le cas concernait un patient de 29 ans, appartenant au bataillon d’infanterie mongole de la MIMUSS à Pariang (à 130 km de l’hôpital), et présentant un diagnostic préliminaire de crise d’appendicite aiguë.

En raison de la saison des pluies, le transport routier n’était pas possible, et le patient a été transporté par hélicoptère. La consultation a été rapide et l’opération a commencé immédiatement. En raison de la pénurie d’équipement pour effectuer une chirurgie de laparoscopie, les médecins ont pratiqué une chirurgie ouverte. Après l’opération réussie, le patient souffrait encore beaucoup, avec un score de douleur évalué à 7-8 points sur l’échelle visuelle analogique (Visual Analogue Scale - VAS).

Les agents de santé vietnamiens prennent la pose avec des habitants locaux. 
Photo NVCC/CVN

Après avoir obtenu l’autorisation des autorités vietnamiennes et de la MINUSS, Duy a appliqué la technique anesthésique du bloc transversus abdominis plane (Transversus Abdominis Plane - TAP) pour réduire la douleur post-opératoire et permettre au patient de récupérer plus rapidement. Cette technique, qui est couramment utilisée dans les grands hôpitaux au Vietnam, nécessite une expertise approfondie et un équipement spécialisé. Mais à Bentiu, où il n’y a pas d’équipement spécialisé, les agents de santé ont dû utiliser ce qui était disponible pour effectuer la technique TAP.

Le médecin Duy et ses collègues ont également utilisé pour la première fois l’échographe du nerf optique pour mesurer le diamètre et évaluer l’augmentation de la pression intracrânienne, afin de diagnostiquer les accidents vasculaires cérébraux. En apportant les meilleures techniques au service des patients, Tiên Duy et ses collègues ont reçu des lettres de remerciement, des petits cadeaux et ont vu les patients se rétablir.

Selon lui, la satisfaction des patients et les témoignages de gratitude sont leur principale motivation en tant que médecins vietnamiens.

La médecine Tông Vân Anh présente une carte du Vietnam en graviers. 
Photo : CTV/CVN

Empreintes vietnamiennes

Six mois après son retour au Vietnam, Trân Thi Mai Liên, infirmière au Département de réanimation cardiovasculaire de l’Institut de cardiologie, relevant de l’Hôpital militaire central 108, n’a pas encore oublié ce pays pauvre, cette terre aride, ou la vie est difficile, ainsi que les yeux de bébés maigres dans les bras de leur mère.

Le premier jour de son arrivée au Soudan du Sud, Mai Liên a été extrêmement surprise. Les images partagées auparavant par ses collègues ne pouvaient pas décrire pleinement la dureté de cette zone. "À ce moment-là, le Soudan du Sud venait de subir une inondation historique. Le paysage était désolé. Il y avait beaucoup de travail à faire immédiatement", raconte-t-elle.

Soixante-trois membres ont commencé la "reconstruction" de l’environnement de travail autour de l’hôpital, principalement en démoustiquant pour lutter contre le paludisme. En outre, les agents de santé vietnamiens ont organisé des visites médicales et distribué des médicaments aux habitants. Ils ont créé des liquides désinfectants pour les mains et confectionné des masques de protection. Les hommes ont quant à eux fabriqué des tables et des chaises pour les enfants.

Pour obtenir des légumes, de nombreuses variétés ont été plantées dans le jardin de la MINUSS. Mai Liên les a offerts à d’autres unités de la mission et aux écoles avoisinantes. "Nous avons également donné des graines de variétés à des gens locaux, et organisé un cours sur l’hygiène pour les femmes... ", partage-t-elle.

Les médecins ont également fabriqué des jouets à partir de matériaux recyclés, créé une carte vietnamienne en graviers pour affirmer la souveraineté de la mer et des îles de la Patrie, ainsi que pour promouvoir l’image du Vietnam.

Au Soudan du Sud, outre leur travail, les agents de santé vietnamiens ont aussi laissé une trace indélébile de leur venue.

NDEL - Hoàng Phuong/CVN

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