Mariage mixte : les services de courtoisie devront être légalisés pour une bonne gestion

Le souhait de se marier avec un étranger est observé chez une partie des femmes vietnamiennes. "Pourquoi l'État ne légaliserait-il pas les services de courtoisie pour répondre à ces besoins réels ?", demande le professeur-Docteur en ethnologie Nguyên Van Tiêp.

En tant qu'ethnologue, quelle est votre remarque sur les services illégaux pour le mariage avec un étranger ?

Dire qu'ils sont "illégaux", c'est dire de manière générale que d'une part ils ne sont pas expressément reconnus en tant que tel par la loi et, d'autre part, qu'ils font l'objet de sanctions dans certains cas... À mon avis, la "légalisation" des services de courtoisie pour les mariages mixtes est une bonne solution pour gérer ceux-ci et aider les femmes en cas de problèmes.

Dans plusieurs pays de la région dont l'Indonésie, la Malaisie et les Philippines, ce genre de services s'est très développé dans les premières années du 21e siècle, sans d'ailleurs avoir besoin d'une consécration légale. En réalité, les mariages mixtes sont l'une des conséquences de la volonté d'émigration de personnes de pays sous-développés vers ceux qui le sont.

Au Vietnam, ces derniers temps, les médias ont rapporté plusieurs affaires qui sont contraires aux us et coutumes du pays et ne respectent pas les valeurs morales vietnamiennes à l'égard des femmes. Toutefois, une interdiction totale de ces services n'est pas une mesure opportune car le souhait de se marier avec un étranger est réel pour une partie des femmes vietnamiennes. Plusieurs d'entre elles considèrent un tel mariage comme une issue à leurs difficultés, et rêvent d'un avenir prospère dans un autre pays tout en souhaitant envoyer de l'argent à leurs parents. Elles peuvent témoigner de ce que plusieurs familles ont vu nettement s'améliorer leurs conditions de vie grâce à l'assistance financière de leur fille mariée à un étranger.

*Les sanctions existantes sont-elles dissuasives ?

Certainement non, d'autant que le recours a de tels services présente des avantages supérieurs qui justifient de courir le risque de sanctions. Conformément à l'arrêté gouvernemental concerné, de nature purement administrative, les organisateurs de services de courtoisie illégaux sont sanctionnés au plus d'une amende d'un à 2 millions de dôngs. Mais une augmentation du montant de ces amendes n'est pas davantage réaliste.

Si une femme veut se marier avec un étranger, sur le plan de la gestion publique, il est préférable d'autoriser spécifiquement ces services, car personne ne pourra concrètement l'empêcher d'y recourir...

* Avez-vous des propositions pour gérer de tels mariages ?

On peut fixer des normes et responsabilités en la matière, étant précisé qu'avec leur reconnaissance, les sanctions des contraventions seront plus lourdes, y compris même au pénal.

Dans plusieurs pays asiatiques, les services de courtoisie de mariage avec un étranger sont autorisés et sont sous l'administration stricte des autorités publiques. Les centres et organisations qui offrent ces services doivent payer des taxes et respectent strictement la loi.

Au Vietnam, il manque de services de consultation pour les femmes avant mariage avec un étranger. Nombre d'entre elles ont pour seule préoccupation que leur futur mari soit riche ou assez riche, sans se préoccuper de se renseigner sur les us et coutumes ainsi que les traditions culturelles et sociales du pays où elles iront vivre. C'est en général pour cette raison que les femmes vietnamiennes ont des problèmes d'entente avec la famille de leur époux.

* La police a démantelé plusieurs réseaux transnationaux de traite de femmes opérant sous la couverture de tels services. Est-ce que de tels réseaux profiteront de leur légalisation ?

Cette possibilité a été envisagée. Les autorités de plusieurs localités ont proposé de modifier la loi, notamment en ajoutant des dispositions sur la traite humaine afin d'incriminer de telles situations. À défaut, services illégaux de courtoisie au mariage mixte iraient de pair avec traite humaine.

Dirigeant la section d'anthropologie de l'Université des sciences sociales et humaines (Université nationale de Hô Chi Minh-Ville), Nguyên Van Tiêp a consacré sa vie à l'étude du mariage interethnique. Il s'est déplacé beaucoup, dans plusieurs provinces du delta du Mékong ainsi qu'à Taiwan (Chine) et en Corée du Sud, pour s'informer des souhaits et difficultés des Vietnamiennes mariées avec des étrangers.

Ngân Huong/CVN

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