>>Démission du ministre des AE après un différend sur la Macédoine
>>Référendum/Macédoine: une "chance historique" sur le chemin de l'UE
>>Macédoine: l'UE appelle toutes les parties à "respecter" les résultats du référendum
Le Premier ministre macédonien Zoran Zaev au Parlement à Skopje, le 19 octobre 2018. |
"Le Parlement a adopté le proposition du gouvernement pour débuter la procédure d'amendement de la Constitution", a déclaré son président Talat Xhaferi à l'issue d'un vote tard dans la soirée.
Selon un journaliste de l'AFP présent sur place, 80 députés sur un total de 120 ont voté pour, permettant d'atteindre la majorité requise des deux tiers.
"Un grand jour pour la démocratie à Skopje!", a tweeté le commissaire européen à l'Élargissement, Johannes Hahn. Les responsables européens et américains avaient apporté un franc soutien au changement de nom, arguant qu'il s'agissait là d'une occasion unique pour arrimer la Macédoine aux pays occidentaux.
Depuis l'indépendance de cette ex-république yougoslave en 1991: la Grèce juge alors que le nom de "Macédoine" ne peut s'appliquer qu'à sa province septentrionale. Elle explique que ce nom appartient à son patrimoine historique et culturel et ne peut s'appliquer qu'à sa région autour de Thessalonique.
Un accord conclu en juin entre les Premiers ministres macédonien Zoran Zaev et grec Alexis Tsipras prévoit de baptiser "République de Macédoine du Nord" ce petit pays pauvre des Balkans. Ce plan doit ouvrir la voie à la levée du veto grec à l'adhésion de la Macédoine à l'Otan et l'UE.
Carte de localisation de la province de Macédoine en Grèce et de l'ancienne République yougoslave de Macédoine. |
Députés libérés sous caution
Le processus n'est pas achevé, car des amendements doivent désormais proposer d'incorporer le nouveau nom dans la Constitution. Ensuite, un autre vote du Parlement sera nécessaire pour entériner ce changement.
N'empêche: le premier vote de vendredi soir 19 octobre, intervenu à l'issue d'un semaine de vifs débats à Skopje, représente une victoire cruciale pour le Premier ministre social-démocrate Zoran Zaev, qui a dû se battre pour convaincre une dizaine de parlementaires du VMRO-DPMNE, dont les dirigeants sont fermement opposés au changement de nom.
"Je veux dire merci à chaque député et particulièrement aux députés du VMRO-DPMNE qui ont placé les intérêts de l'État au-dessus des intérêts personnels et du parti malgré la pression inutile exercée sur eux", a déclaré Zoran Zaev, ajoutant qu'il allait "garantir" leur sécurité.
Parmi ces membres de l'opposition se trouvaient trois députés qui avaient été libérés sous caution cette semaine. Ils doivent répondre de leur implication présumée concernant l'irruption dans le Parlement d'une centaine de sympathisants du VMRO-DPMNE le 27 avril 2017, lors de laquelle le sang avait coulé, y compris celui du Premier ministre.
Celui-ci a refusé de dire s'il y avait eu des négociations pour leur éventuelle amnistie. "Personnellement, je pardonne chacun d'eux", a-t-il déclaré à des journalistes, sans développer, mais appelant à la "réconciliation" à propos de cet incident.
Zoran Zaev a par ailleurs rejeté une accusation du VMRO-DPMNE selon laquelle son gouvernement aurait proposé des pots-de-vin pour voter son texte.
Il avait dit que s'il ne parvenait pas à obtenir la majorité des deux tiers il convoquerait des élections anticipées.
Des députés de l'opposition refusent de s'asseoir au Parlement macédonien, à Skopje, le 19 octobre 2018. |
Forte abstention au référendum
Le 30 septembre, le référendum sur le changement de nom a été largement boudé par les Macédoniens, deux tiers des électeurs inscrits n'ayant pas participé au vote.
Zoran Zaev invoque la victoire du "oui" à plus de 90% des votants, mais la forte abstention a constitué un revers pour lui et compliqué sa tâche pour faire accepter l'accord par le Parlement.
Le Premier ministre estime qu'aucune participation minimale n'était nécessaire pour ce référendum "consultatif", alors que l'opposition, elle, avance que la barre des 50% de participation aurait dû être franchie pour "valider" le référendum.
Pour que cet accord entre en vigueur, il doit être entériné d'abord par le Parlement macédonien, puis celui de Grèce.
"Je voudrais encourager nos voisins à avancer avec détermination pour entériner l'accord car il n'y aura pas d'autre occasion", a averti Alexis Tsipras.
En Grèce, l'incertitude est de mise également: le vote de ratification de l'accord pourrait potentiellement faire chuter le gouvernement Tsipras, dont la coalition ne dispose au Parlement que d'une courte majorité de 152 députés, dont 7 de l'Anel, sur 300.
AFP/VNA/CVN