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La Première ministre britannique Theresa May au deuxième jour du Sommet européen, le 18 octobre à Bruxelles. |
"La clé d'un accord final sur le Brexit réside dans un compromis politique britannique", a déclaré le président Emmanuel Macron à l'issue de deux jours de sommet. "Les négociateurs ont identifié tous les scénarios techniques possibles. Il n'y a pas de compromis additionnel qui doive être fait du côté européen", a-t-il averti. Les 27 attendaient de Theresa May des solutions "créatives", ils ne les ont pas obtenues. Toutefois, l'UE se voulait toujours optimiste à l'issue d'un sommet qui a vu les 27 et Londres camper sur leurs positions. "Mon sentiment aujourd'hui, c'est que nous sommes plus proches de solutions finales et d'un accord", a assuré le président du Conseil européen Donald Tusk. "C'est peut-être plus émotionnel que rationnel. Mais comme vous le savez les émotions comptent aussi en politique", a-t-il ajouté.
Les négociations sur les conditions du divorce bloquent sur la question de la frontière entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord et la définition du "filet de sécurité" ("backstop") exigé pour s'assurer qu'une frontière physique ne verra pas de nouveau le jour dans l'île, afin de préserver les Accords de Paix de 1998. Les points de vue de Londres et de Bruxelles restent pour l'instant irréconciliables sur ce dossier, ce qu'ont confirmé les deux parties pendant le sommet. La solution proposée par l'UE prévoit de maintenir l'Irlande du Nord dans l'union douanière et le marché unique, si aucune autre solution n'est trouvée. Londres propose que l'ensemble du Royaume-Uni reste aligné sur les règles douanières de l'Union jusqu'à la signature d'un accord de libre-échange plus large.
"Aussi longtemps qu'on n'aura pas de solution, on ne sera pas capable d'expliquer comment on peut réussir. Je pense que quand il y a la volonté, il devrait y avoir un moyen" d'y arriver, a estimé la chancelière allemande Angela Merkel. Les négociateurs pourraient se donner un peu d'air avec l'option consistant à étendre de "quelques mois" la période de transition au cours de laquelle le Royaume-Uni continuera à appliquer toutes les règles de l'UE et à en bénéficier, en contribuant à son budget, mais sans participer aux prises de décision. Elle est actuellement prévue pour durer jusqu'à fin 2020. L'idée a "émergé", a reconnu Theresa May qui a fait face à une levée de boucliers immédiate et brutale dans son pays.
Transition prolongée
"Cette prolongation de la transition aura probablement lieu", a estimé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. "Ce n'est pas la meilleure idée (...) mais je pense que cela nous donne de la marge pour préparer la relation future de la meilleure manière possible", a-t-il poursuivi.
"Nous pensons que la relation future permettra de régler la question de la frontière entre l'Irlande du Nord et l'Irlande", a martelé Mme May à l'occasion d'une conférence de presse jeudi 18 octobre. "Personne ne veut dans les faits que le +backstop+ soit appliqué", a-t-elle ajouté. Toutefois, prolonger la période transitoire ne permettra pas nécessairement de débloquer la situation, a-t-on mis en garde dans l'entourage du président français. "Si le Royaume-Uni décidait qu'une prolongation de la période de transition était utile pour parvenir à un accord, je suis sûr que les dirigeants seraient prêts à l'envisager positivement", a affirmé Donald Tusk, qui a précisé que la question n'avait pas été évoquée mercredi au cours du dîner à 27.
"Plus que jamais, la balle est dans le camp de la Grande-Bretagne", a estimé le Premier ministre belge Charles Michel. La Première ministre britannique a une marge de manœuvre limitée en raison des difficultés qu'elle rencontre dans son pays pour obtenir le soutien de son parti et du Parlement. En l'absence de progrès dans les discussions, l'UE a décidé de ne pas convoquer de sommet extraordinaire en novembre, contrairement à ce qui avait été envisagé avec l'idée de boucler les négociations, tout en se laissant la possibilité de le faire en cas de percée.
"Je me tiens prêt à reprendre les négociations avec le Royaume-Uni pour un accord global", a fait savoir le négociateur en chef de l'UE Michel Barnier sur Twitter. "Un Brexit ordonné doit inclure un backstop solide et à l'épreuve des intempéries pour éviter une frontière dure", a-t-il ajouté. Avec des négociations qui patinent et l'horloge qui tourne, le scénario d'une absence d'accord plane de plus en plus sur les discussions.
La Commission européenne a fait un point pour les 27 sur l'état des préparatifs en cas de +no deal+. Ce n'était pas "une discussion majeure", a confié une source européenne. "Mais je pense que clairement le sentiment est que maintenant nous devons accélérer (notre préparation) pour tous les scénarios", a rapporté cette source.
AFP/VNA/CVN