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L'Ukraine peine à traiter ses déchets et "se noie" dans les ordures

Si la décharge numéro 5 située près de Kiev fait le bonheur des chiens errants et des oiseaux affamés, ses monticules d'ordures qui dégagent une odeur nauséabonde sont un cauchemar pour les Ukrainiens qui vivent non loin.

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Des employés à la décharge de Pidgirtsi, près de Kiev, le 13 octobre en Ukraine.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Ça pue, c'est atroce. On a tous des problèmes cardiaques, le souffle court", se plaint Nina Popova, une retraitée replète de 73 ans qui habite à Pidgirtsi, un village situé à une trentaine de kilomètres au sud de Kiev.
Respirant bruyamment, elle ajoute que ses enfants "étouffent" quand ils viennent la voir.
Trente ans après son indépendance, l'Ukraine peine encore à se doter d'un système de traitement de déchets, une situation qui pose des problèmes de salubrité et environnementaux dans ce pays pauvre d'Europe orientale.
Selon la présidence de ce pays, plus de 6.100 décharges officielles et 33.000 illégales sont disséminées sur le territoire, la plupart débordant et ne répondant pas aux normes de sécurité.
Avec ses 63 ha, la décharge numéro 5 qui tourmente Mme Popova est l'une des plus grandes du pays.
"L'Ukraine se noie dans les ordures et la situation empire de jour en jour", s'inquiétait en septembre Ioulia Svyrydenko, alors cheffe adjointe de l'administration présidentielle.
La situation est d'autant plus alarmante que les biodéchets qui se décomposent dans les décharges émettent beaucoup de méthane, un gaz dont le rôle important dans le réchauffement climatique suscite une prise de conscience croissante.
Manque de moyens 
Depuis 2018, une loi rend bien obligatoire le tri des déchets. Mais elle est peu suivie d'effets et, le plus souvent, les Ukrainiens jettent leurs ordures en vrac dans de grandes poubelles, qui sont ensuite vidées dans une décharge.
Résultat : sur les quelque 10 millions de tonnes de déchets ménagers solides produits annuellement par les Ukrainiens, seulement 4% sont triés, selon la présidence.
Pour ne rien arranger, le pays n'a qu'une seule usine d'incinération, insuffisante pour éliminer ne serait-ce que les déchets de la capitale.
Symbole de la lenteur des changements, la décharge numéro 5, qui accueille depuis une trentaine d'années la plupart des détritus de Kiev, devait fermer en 2018. Mais, faute de nouveau site, elle continue de fonctionner. Selon les experts, le manque de moyens financiers explique en grande partie cette situation.
Les autorités dépensent ainsi moins de 10 euros par tonne de déchets traités, contre 100 à 170 euros en Europe occidentale, explique Sviatoslav Pavliouk, directeur exécutif de l'Association ukrainienne des villes économes en énergie.

La décharge de Pidgirtsi, près de Kiev, le 13 octobre en Ukraine.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Ce montant ne permet pas un vrai traitement des déchets. Il ne prévoit que leur acheminement dans un champ et leur enfouissement", souligne-t-il.
Pour consacrer plus de moyens, il faudrait augmenter la facture que paient les Ukrainiens pour l'enlèvement des ordures, une mesure impopulaire que les autorités rechignent à prendre, souligne Kostiantyn Ialovy, un militant écologiste.
Initiatives locales 
Exaspérée par cet immobilisme, Iévguénia Aratovska, une économiste de 42 ans, a pris les choses en main et lancé en 2016, à Kiev, une petite station de tri baptisée "Ukraine sans déchets".
"Je me suis rendu compte que beaucoup de gens n'étaient pas au courant du fait qu'il faut trier, ni des possibilités qui existent pour le faire", dit-elle.
Khrystyna Ritchmarenko, une institutrice de 29 ans, est venue avec plusieurs sacs remplis de déchets.
"Quand on commence à trier, on réalise combien d'ordures on produit. Et cela fait peur", dit-elle, déplorant l'absence de point de tri près de chez elle.
Certaines villes, comme Kiev, ont commencé à installer des poubelles de tri sélectif, mais elles ne sont encore qu'une poignée. Or, plus de 45% des Ukrainiens citent l'absence de bacs de tri comme obstacle principal à cette pratique, selon un sondage publié en novembre.
Mais de nombreux experts pointent aussi la responsabilité des citoyens ordinaires, qui sont peu nombreux à s'intéresser à l'impact de leurs déchets sur l'environnement.
Pour M. Pavliouk, il faut donc commencer par sensibiliser les plus jeunes en leur faisant visiter des décharges, par exemple.
Et pour M. Ialovy, il est urgent de "changer la culture des Ukrainiens vis-à-vis des ordures", sinon, c'est "tout le pays qui pourrait se transformer en une décharge".

AFP/VNA/CVN

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