Donald Tusk (gauche), Herman Van Rompuy (centre) et Federica Mogherini, le 30 août à Bruxelles. |
L'UE a complété son trio de tête. Le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker avait été désigné fin juin président de la Commission européenne. L'équilibre politique reste inchangé : deux conservateurs et une socialiste.
Avec la nomination de M. Tusk, c'est la première fois qu'un pays de l'Est obtient un des postes majeurs de l'UE, 25 ans après la désintégration du bloc communiste et 10 ans après leur adhésion à l'Union.
Premier ministre polonais depuis sept ans, M. Tusk succèdera début décembre à Herman Van Rompuy, qui a été le premier président permanent du Conseil, un poste stratégique chargé de coordonner le travail des chefs d'État et de gouvernement, et de représenter l'UE à l'étranger aux côtés du président de la Commission.
Donald Tusk "a été impliqué dans des décisions difficiles au cours des dernières années et des derniers mois, concernant l'euro, mais aussi les crises internationales comme l'Ukraine", a salué M. Van Rompuy. "En bref, c'est un homme d'État pour l'Europe", a-t-il affirmé.
La nouvelle équipe de dirigeants européens devra affronter trois défis majeurs, a affirmé M. Van Rompuy au cours d'une conférence de presse avec M. Tusk et Mme Mogherini : une économie en stagnation, la crise en Ukraine, mais aussi la place de la Grande-Bretagne dans l'UE.
"Je viens d'un pays qui croit profondément à ce que signifie l'Europe", a souligné M. Tusk. "La situation autour de l'Europe a changé de manière considérable et nous avons besoin de personnes expérimentées".
Homme d'État pour l'Europe
Alors que son manque de maîtrise de l'anglais et du français était considéré comme un handicap, il a promis, dans un jeu de mots en anglais, qu'il allait "polir son anglais" ("polish" qui signifie aussi polonais). "Je serai prêt à 100% en décembre", a-t-il ajouté, avant de poursuivre sa conférence de presse en polonais.
Évoquant les "défis importants qui attendent l'Europe", la chancelière allemande Angela Merkel, qui avait proposé son nom dès le mois de juillet, s'est félicitée de la nomination d'un "Européen qualifié, engagé et passionné, 25 ans après la chute du Mur".
Issu du mouvement Solidarité, cet historien de formation s'est forgé l'image d'un homme efficace qui a dirigé son pays avec succès, notamment pendant la crise économique.
Même si la Pologne n'est pas membre de l'euro, M. Tusk présidera aussi les sommets de la zone euro.
Mme Mogherini, 41 ans, présente un tout autre profil. Ministre des Affaires étrangères depuis seulement quelques mois, elle fait partie de la famille socialiste européenne et est considérée comme trop souple vis-à-vis de la Russie.
Elle a multiplié les voyages à l'étranger, notamment en Ukraine et en Russie. "Nous essayons de faciliter une forme de dialogue", s'est-elle défendue le 30 août .Elle a affirmé qu'il fallait "maintenir ouverte la voie diplomatique". "Nous savons tous qu'il n'y a pas d'option militaire", a-t-elle dit à l'adresse des faucons.
À ceux qui lui reprochent son manque d'expérience, la jeune femme a répliqué qu'elle représentait une "nouvelle génération de dirigeants" qui pensent que l'Europe "est un rêve devenu réalité, et que nous devons être attentifs à ce qu'il ne se transforme pas en cauchemar".
AFP/VNA/CVN