Dérogation aux 35 heures : le pavé dans la mare d'Emmanuel Macron

Le gouvernement a renvoyé jeudi 28 août aux partenaires sociaux l'épineuse question d'une éventuelle dérogation aux 35 heures, après le pavé dans la mare lancé par Emmanuel Macron s'y disant favorable, au grand dam des syndicats.

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Le ministre de l'Économie s'est déclaré favorable au fait d'autoriser "les entreprises et les branches à déroger" aux 35 heures, en cas d'accords avec les syndicats, dans une interview au Point avant sa nomination et publiée jeudi 28 août.

"C'est déjà possible pour les entreprises en difficulté. Pourquoi ne pas étendre à toutes les entreprises, à condition qu'il y ait un accord majoritaire avec les salariés ?", a-t-il déclaré à l'hebdomadaire. Le Point précise qu'il s'agit de "propos personnels tenus librement".

Le ministre des Finances, Michel Sapin (gauche), et le nouveau ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, quittent le Palais de l'Élysée, le 27 août
Photo : AFP/VNA/CVN

Cette mesure permettrait de "sortir de ce piège où l'accumulation des droits donnés aux travailleurs se transforme en autant de handicaps pour ceux qui ne travaillent pas".

La question des 35 heures, depuis leur mise en place en 2000, soulève des polémiques récurrentes. Manuel Valls en avait lui-même suscité une en 2011 lors de la primaire socialiste, déclarant vouloir "déverrouiller" le dispositif. Au début du quinquennat Hollande, Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre, avait estimé qu'une éventuelle remise en cause ne serait pas "un sujet tabou". Avant de revenir sur ses déclarations.

Le sujet refait surface jeudi 28 août à un moment où doivent s'ouvrir plusieurs chantiers sensibles d'assouplissement du marché du travail (travail dominical, seuils sociaux), voulu par François Hollande pour doper l'emploi.

Matignon a assuré que le gouvernement n'avait pas l'intention de revenir sur la durée légale du travail à 35 heures, soulignant que M. Macron s'exprimait "bien avant" sa nomination en tant que ministre.

"La durée de travail, je le dis et redis, c'est 35 heures. C'est la position du gouvernement", a de son côté souligné le ministre du Travail, François Rebsamen, pour qui il n'est "pas question de la remettre en cause".

Toutefois, le Premier ministre semble laisser une porte ouverte : la modification du dispositif "relève de discussions entre partenaires sociaux" que l'exécutif "respectera".

En réalité 39,4 heures

Appelant de ses voeux cette réforme, le patronat a applaudi les déclarations de M. Macron.

François Hollande (gauche) et Manuel Valls à l'issue du Conseil des ministres, le 27 août à l'Elysée à Paris

"Si une entreprise a besoin de travailler 40 heures, il faut le faire", a déclaré Pierre Gattaz, le président du Medef, rappelant la nécessité, selon lui, "d'adapter" et de "simplifier" un modèle social adopté "après la guerre".

"Si on ne rediscute pas de beaucoup de choses, on risque d'augmenter le chômage", a ajouté M. Gattaz, au lendemain de la publication de nouveaux chiffres record de 3,4 millions de demandeurs d'emplois au mois de juillet.

François Fillon (UMP) voterait "sans hésitation" une loi permettant de déroger aux 35 heures. C'est pendant le quinquennat Sarkozy, alors qu'il était Premier ministre, que les 35 heures ont été le plus assouplies.

Du côté des syndicats, la fin de non-recevoir paraît sans appel.

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a estimé que ce n'était "pas une bonne idée" et "pas à l'ordre du jour".

"Ceci étant, il y a une négociation qui va s'ouvrir autour du dialogue social" en septembre. Qu'Emmanuel Macron "nous laisse discuter avec l'entreprise", a dit le numéro un du syndicat, qui a validé les réformes sociales mises en place depuis l'élection de François Hollande (emploi, retraites, formation...).

"Nous avons une réunion syndicats/patronat le 9 septembre pour parler de l'agenda social" de l'année et "la durée du travail n'est pas à l'ordre du jour", a renchéri Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO.

Pour lui, les 35 heures "ce n'est pas un dogme, c'est une référence": "c'est la durée légale du travail à partir de laquelle il y a un déclenchement des heures supplémentaires".

De son côté, l'Unsa a estimé qu'il était "hors de question" de les remettre en cause, rappelant que des dispositifs légaux existent permettant de "modifier horaires et rémunérations pour les entreprises en difficulté, dans un cadre négocié".

Côté politique, EELV a jugé que revenir sur les 35 heures serait "une ineptie complète en matière de lutte contre le chômage". Cela entraînera "des baisses de salaires pour tous les salariés qui effectuaient des heures supplémentaires jusqu'à présent", s'est inquiété le Front de gauche.

En 2012, la durée hebdomadaire de travail des salariés à temps complet était de 39,4 heures (40,4 heures dans l'Union européenne).

AFP/VNA/CVN

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