Migrants
L'UE s'adresse à l'Afrique pour freiner les traversées

La Commission européenne a fait miroiter mardi 7 juin des investissements financiers de plus de 60 milliards d'euros aux pays africains "coopératifs" pour freiner l'afflux de migrants vers l'Union européenne (UE) par la Méditerranée, où plus de 10.000 migrants ont perdu la vie depuis 2014.

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Des migrants secourus en Méditerranée à leur arrivée le 26 mai à Cagliari en Sardaigne.

"Nous proposons de nouveaux partenariats, en commençant avec un premier groupe de pays", a expliqué son vice-président Frans Timmermans, devant le Parlement européen, citant l'Éthiopie, le Niger, le Nigéria, le Mali, le Sénégal, mais aussi la Jordanie et le Liban.

Depuis que l'immense afflux de migrants venant de la Turquie s'est tari, grâce au fragile accord entre l'UE et Ankara conclu en mars, la route maritime depuis l'Afrique est redevenue la principale porte d'entrée clandestine en Europe, toujours aussi périlleuse.

Depuis 2014, plus de 10.000 migrants ont perdu la vie en Méditerranée, en tentant de rejoindre l'Europe, a rappelé mardi 7 juin un porte-parole du Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

Pour s'assurer une coopération des pays d'origine, le plan proposé par la Commission est "un mix d'incitations positives et négatives", a exposé M. Timmermans, faisant planer la menace de "conséquences pour ceux refusant de coopérer", notamment sur le plan commercial.

À court terme, le plan prévoit de diriger 8 milliards d'euros d'ici 2020, en provenance de fonds déjà prévus pour l'aide au développement, vers les pays-clés concernés.

À plus long terme, l'exécutif européen a l'ambition de mobiliser "jusqu'à 62 milliards d'euros de fonds publics et privés dans l'économie réelle", à condition que les États membres de l'UE et d'"autres partenaires" jouent le jeu.

Il propose de mettre sur la table 3,1 milliards jusqu'à 2020, espérant qu'ils déclencheront "des investissements additionnels privés et publics de jusqu'à 31 milliards", que les États membres de l'UE et d'autres partenaires seront appelés à doubler.

Ce plan d'investissement, inspiré du "plan Juncker" (un plan d'investissements pour l'UE), sera détaillé à l'automne.

Des migrantes secourues par le navire "Vega" de l'armée italienne arrive au port de Reggio Calabria en Italie, le 29 mai.

L'objectif affiché est de s'attaquer aux "causes profondes" des migrations, en donnant aux Africains des perspectives d'avenir chez eux, via le financement de projets concrets.

"Causes profondes"

Il s'agit aussi d'obtenir des pays africains, comme cela a été fait avec la Turquie, qu'ils luttent davantage contre les passeurs et acceptent beaucoup plus de "réadmissions" de leurs ressortissants.

Moins de 40% des migrants irréguliers ayant reçu dans l'UE l'injonction de retourner dans leur pays le font effectivement, selon des chiffres datant de 2014, en partie en raison d'un manque de coopération et de moyens des pays d'origine.

L'ambition de ce nouveau plan était déjà au cœur du sommet de La Valette, qui avait réuni en novembre à Malte des dirigeants des deux continents. La Commission avait alors mis sur la table un fond de 1,8 milliard d'euros, que les États membres étaient censés doubler, ce qui est encore loin d'être le cas.

Depuis, la route maritime depuis l'Afrique est redevenue la principale inquiétude des Européens. Le mois d'avril dernier a ainsi marqué un tournant avec, pour la première fois depuis juin 2015, davantage de migrants arrivés par la mer en Italie qu'en Grèce.

Contrairement aux migrants passant par la Turquie - des Syriens fuyant la guerre pour la plupart -, les près de 50.000 migrants arrivés en Italie entre janvier et fin mai relèvent pour la plupart aux yeux des Européens du statut de migrants économiques, des personnes qui sont donc à renvoyer.

La dernière semaine de mai a vu plus de 13.000 migrants sauvés dans le canal de Sicile. Mais tous n'ont pas eu cette chance: près de 2.500 ont trouvé la mort sur les itinéraires méditerranéens de janvier à fin mai, dont plus de 2.000 en Méditerranée centrale, selon l'Organisation internationale des migrations (OIM).

Pour ne pas donner l'image d'une Europe forteresse, la Commission doit également proposer mardi une réforme du système européen de migration légale, avec l'espoir d'attirer davantage une main d'oeuvre hautement qualifiée, via son système dit de "carte bleue".

Toutes ces propositions de l'exécutif européen, qui devront être approuvées par les États membres, préparent le terrain avant un sommet des États membres de l'UE prévu les 28 et 29 juin à Bruxelles, lors duquel sont attendues de nouvelles décisions face à la crise migratoire.

AFP/VNA/CVN

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