L'UE promet du social pour mieux sortir de la pandémie

Les dirigeants de l'UE, réunis vendredi 7 mai au Portugal, se sont entendus pour bâtir une Europe plus sociale après les dégâts économiques de la pandémie, mais la route s'annonce longue avant des réalisations concrètes tant les Vingt-Sept sont divisés.

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Le président français Emmanuel Macron (gauche) et le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel lors d'un atelier du Sommet social européen à Porto, au Portugal, le 7 mai.

"Nous allons transformer le modèle de gouvernance économique de l'Europe. Il sera plus équilibré, plus juste, moins financier, plus économique et plus social", a déclaré le Premier ministre portugais, Antonio Costa, l'hôte du sommet à Porto (Nord-Ouest).

Il a promis "une Europe meilleure", au terme d'une journée de conférences avec les partenaires sociaux qu'il a qualifiée d'"historique".

"Nous devons trouver le moyen de fournir un salaire décent à toutes les personnes qui travaillent toute la journée pour qu'elles puissent au moins vivre de leur travail", a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Le sommet intervient au moment où l'Europe entrevoit le bout du tunnel, après une année de pandémie de COVID-19 qui augmenté le chômage et la pauvreté. La vaccination rapide de la population et l'allègement progressif des contraintes sanitaires laissent espérer un rebond économique.

Sous le ciel radieux de la cité portuaire, Mme von der Leyen a rappelé les réalisations de l'Europe dans la crise et notamment le plan de relance de 750 milliards d'euros financé par un endettement commun inédit, un symbole de la solidarité européenne.

Le président français Emmanuel Macron a évoqué les chantiers législatifs en cours à Bruxelles pour tenter de mieux protéger les travailleurs des nouvelles plateformes numériques ou imposer une convergence vers le haut des salaires minimum dans l'UE. Sans en occulter les difficultés.

"Résistances et réticences"

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen à Porto, le 7 mai.

"Il y a des résistances, des réticences, des moments de crispation, mais ils sont nécessaires pour qu'il y ait aujourd'hui des avancées", a-t-il dit.

Les pays du Sud, comme la France, l'Italie, l'Espagne et le Portugal, sont favorables à une harmonisation des salaires minimums. Mais les pays du Nord, attachés à leur modèle performant de négociation collective, et ceux de l'Est, qui craignent de perdre leur compétitivité, s'y opposent fermement.

Vendredi soir 7 mai, les chefs d'État et de gouvernement devaient encore participer à un dîner de travail et évoquer des sujets internationaux comme les tensions avec la Russie et la levée des brevets sur les vaccins contre le COVID proposée mercredi 5 mai par le président américain Joe Biden pour aider les pays pauvres.

Le sommet se poursuivra samedi 8 mai, avec un soutien attendu des Vingt-Sept au "plan d'action" de la Commission qui prévoit trois objectifs à l'horizon 2030 : augmenter à 78% le taux d'emploi, former chaque année au moins 60% des adultes et réduire de 15 millions le nombre des personnes menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale.

Seule une poignée de dirigeants ont renoncé à aller au Portugal, dont la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, qui y prennent part à distance.

Dumping fiscal

Des partis de gauche ont organisé un contre-sommet et prévu de manifester samedi 8 mai dans les rues de Porto. "Le plan d'action de l'UE n'est pas du tout à la hauteur des enjeux", a estimé Leïla Chaibi, une députée de la France Insoumise au Parlement européen.

Olivier De Schutter, le rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'homme, souligne que 700.000 personnes en Europe dorment à la rue chaque nuit et que plus de 20 millions de travailleurs vivent dans la pauvreté en raison de l'augmentation des formes de travail précaire, notamment dans les nouvelles plateformes numériques.

Il dénonce "la concurrence fiscale" entre États, qui les pousse à rogner dans leurs dépenses sociales.

"Nous devons corriger cela", a reconnu Emmanuel Macron, évoquant le projet de taxe numérique soutenu par Paris qui fait l'objet de négociations à l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) et entre Européens.

"Il ne peut y avoir de refonte générale de notre modèle social sans repenser notre modèle économique", a estimé Luca Visentini, le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats. "Nous devons passer de l'ancien récit fondé sur l'austérité et la discipline budgétaire, uniquement axé sur les profits et la productivité, à une économie au service des personnes".

"L'augmentation des salaires et la redistribution des richesses sont le seul moyen de sortir les gens de la pauvreté", a-t-il lancé.

Samedi 8 mai se déroulera aussi un sommet UE-Inde en visioconférence pour relancer les relations bilatérales et reprendre des négociations sur un accord de libre-échange suspendues depuis 2013.

AFP/VNA/CVN

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