>>Brexit : Londres s’indigne des menaces françaises contre Jersey
>>Brexit : la tension monte entre Paris et Londres sur le sort des pêcheurs
Un vaisseau militaire britannique, le HMS Tamar, patrouille au large de l'île de Jersey à quelques encablures d'un bateau de pêche le 6 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Entre 50 et 70 navires normands et bretons ont pris part à cette manifestation maritime qui s'est déroulée sans incident jusqu'à 14h00, a constaté un photographe de l'AFP à bord d'un bateau normand. Quelques fumigènes ont été allumés en début de matinée.
À quelques miles de là, deux navires de la Royal Navy, le HMS Severn et le HMS Tamar, ont été déployés pour "surveiller la situation", selon un porte-parole du ministère de la Défense britannique, évoquant "une mesure strictement préventive en accord avec le gouvernement de Jersey".
Deux patrouilleurs français ont également été envoyés aux abords de Jersey pour d'éventuelles opérations de secours en mer.
Les pêcheurs français étaient partis dans la nuit depuis les côtes normandes et bretonnes. "C'est incroyable d'avoir réussi à réunir tout ce monde-là", s'est réjoui Camille Lécureuil, venu de Carteret (Manche), évoquant "au moins 70 bateaux".
Après s'être approchés de l'entrée du port de Saint-Hélier, la capitale de Jersey, les pêcheurs se sont écartés pour laisser passer un cargo à destination de Guernesey. "Les consignes de ne pas bloquer l'intérieur du port sont suivies", a précisé une source militaire française à l'AFP. Le ministre des Affaires étrangères de l'île Ian Gorst a aussi évoqué à la BBC une manifestation "pacifique".
"Le politique doit prendre le relais"
Après une rencontre avec un ministre de Jersey, les pêcheurs ont finalement pris la route du retour. Les responsables de l'île "ne veulent rien savoir", a lâché Ludovic Lazaro, un pêcheur de Granville (Manche). "Maintenant, c'est à terre que ça va se discuter", a-t-il dit.
"La démonstration de force est faite. C'est le politique qui doit prendre le relais", a abondé Dimitri Rogoff, président du comité régional des pêches de Normandie.
Le Royaume-Uni a publié vendredi dernier 30 avril une liste de 41 navires français, sur 344 demandes, autorisés à pêcher dans les eaux de Jersey, selon Paris, mais cette liste s'accompagne de nouvelles exigences "qui n'ont pas été concertées, discutées ni notifiées avant" dans le cadre de l'accord sur le Brexit, en vigueur depuis le 1er janvier.
Des bateaux de pêche français protestent contre des restrictions de pêche dans les eaux britanniques devant le port de Saint-Helier, à Jersey, le 6 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le Premier ministre Boris Johnson "a réitéré son soutien indéfectible à Jersey" tandis que le gouvernement français a insisté pour une "une application rapide et complète de l'accord. Rien que l'accord et tout l'accord" prévu pour régler la question de l'accès des pêcheurs français à ces eaux après le Brexit, selon le secrétaire d'État aux Affaires européennes Clément Beaune.
Pour M. Rogoff, ce n'est pas aux pêcheurs "d'aller faire un blocus de Jersey pour obtenir ce qu'ils veulent". "Maintenant, si on n'obtient pas gain de cause, il faut que la ministre coupe la lumière."
Mardi, la ministre française de la Mer Annick Girardin avait affirmé que la France était prête à recourir à des "mesures de rétorsion" si les autorités britanniques continuaient à restreindre l'accès des pêcheurs français aux eaux de Jersey, faisant allusion à des répercussions éventuelles sur le "transport d'électricité par câble sous-marin" qui alimente l'île depuis la France.
Jeudi, elle a enfoncé le clou : "Je souhaite que les autorités britanniques reviennent sur leur décision" d'assortir de nouvelles restrictions d'accès aux licences délivrées aux pêcheurs français.
Du côté des autorités de Jersey, l'heure était à l'apaisement. "La réponse à ces problèmes est sans aucun doute la discussion et la diplomatie", a souligné le ministre Ian Gorst.
"Un bateau qui pêchait l'année dernière à Jersey (...) peut pêcher cette année", a assuré un peu plus tôt sur France Inter Gregory Guida, ministre assistant de l'Environnement et des Affaires étrangères de Jersey.
"Ce que nous sommes prêts à faire, c'est discuter directement avec les pêcheurs. Ils ont tous notre numéro", a-t-il ajouté. Actuellement, les demandes de licences de pêche doivent passer par les gouvernements français et britannique et par la Commission européenne.
"On est passé par une énorme bureaucratie alors que, dans la pratique, on se connaît tous. On s'appelle par nos prénoms. C'est vraiment triste qu'on en soit arrivé là", a regretté M. Guida.
AFP/VNA/CVN