Accord Trump - Juncker
L'UE partagée entre satisfecit allemand et lignes rouges françaises

L'accord entre l'UE et les États-Unis annoncé par Donald Trump et Jean-Claude Juncker soulève des espoirs de trêve dans le conflit commercial qui menace, avant tout à Berlin, mais aussi des questions à Paris qui a rappelé ses lignes rouges.

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Le président américain Donald Trump (droite) et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le 25 juillet à la Maison Blanchem à Washington.

L'Allemagne, dont les excédents commerciaux records et l'industrie automobile sont dans le collimateur de la politique protectionniste du président américain, a fait état jeudi 26 juillet de son satisfecit.

Berlin a jugé "constructif" le résultat de la rencontre la veille entre Donald Trump et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, selon une porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Ulrike Demmer.

"Non seulement la menace des tarifs douaniers automobiles est écartée, mais nous nous sommes aussi mis d'accord pour travailler ensemble contre les pratiques commerciales injustes et pour une réforme de l'OMC (Organisation mondiale du commerce)", a réagi le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas. Le secteur automobile emploie quelque 800.000 personnes en Allemagne.

Le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte a également "salué le résultat positif de la conversation entre Juncker et Trump". "C'est très important que l'UE et les États Unis coopèrent en matière commerciale et ne s'opposent pas l'un à l'autre", a plaidé le dirigeant libéral.

Soulagement également du côté des milieux d'affaires.

"La raison a prévalu (...) Éliminer les tarifs douaniers et les autres barrières au commerce et à l'investissement est bénéfique pour les entreprises et les citoyens des deux côtés de l'Atlantique", a commenté le Français Pierre Gattaz, président de l'organisation patronale européenne BusinessEurope.

En revanche, la France se montrait plus sceptique. Paris a demandé des "clarifications", s'opposant à tout accord commercial global avec les États-Unis, par la voix de son ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, dans une interview .

Les sociaux-démocrates allemands ne sont pas convaincus non plus.

Ainsi, la position de négociation de l'UE face à Washington est "affaiblie", a déploré l'eurodéputé SPD Bernd Lange, président de la commission chargée du commerce international au Parlement européen, dans un entretien.

M. Trump n'a ni retiré ses tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium, ni sa menace sur les importations de voitures automobiles, a souligné M. Lange, jugeant que le risque de guerre commerciale demeurait dans les discussions à venir.

Incertitudes

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"Une bonne discussion commerciale ne peut se faire que sur des bases claires et ne peut pas être conduite sous la pression", a mis en garde de son côté Bruno Le Maire.

Pas question, a-t-il rappelé, d'un accord commercial global USA-UE, comme l'avait évoqué le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin dimanche dernier 22 juillet à l'issue de la réunion du G20 Finances de Buenos Aires.

"Nous ne voulons pas entrer sur la négociation d'un grand accord dont nous avons vu les limites avec le TTIP", l'accord à propos duquel les discussions entre Bruxelles et l’administration de Barack Obama avaient échoué il y a deux ans, a prévenu le ministre français.

Ce dernier a exigé également que l'agriculture "reste en dehors du champ des discussions", assurant que "l'Europe ne transigera pas avec ses normes".

"Nous avons des normes sanitaires, alimentaires et environnementales élevées et des règles de production auxquelles nous sommes attachés parce qu'elles garantissent la protection et la sécurité de nos consommateurs", a-t-il insisté.

Enfin, M. Le Maire a demandé que "l'accès aux marchés publics américains fasse partie des discussions", considérant qu'ils sont aujourd'hui "largement fermés" aux entreprises européennes.

Beaucoup d'autres points restent en effet en suspens: M. Juncker a promis d'importer davantage de soja et de gaz liquéfié américain dans l'UE.

"Or ceci ne peut pas être ordonné de façon bureaucratique, il faut qu'il y ait une demande du marché", note l'institut économique allemand Ifo, basé à Munich (Sud de l'Allemagne).

Interrogé lors du point presse quotidien de la Commission à Bruxelles, un porte-parole, Alexander Winterstein, a indiqué qu'"un groupe de travail de très haut niveau" allait se pencher sur les dossiers du soja et du GNL, reconnaissant qu'il n'était pas en mesure de dire pour le moment "comment cela allait marcher dans la pratique".


AFP/VNA/CVN

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