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Audition d'Eric Schnur (gauche), Pdg de Lubrizol par la commission d’enquête sur la gestion des conséquences de l’incendie de l’usine Lubrizol, le 22 octobre à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
M. Schnur a été entendu pendant près de deux heures par la mission d'information de l'Assemblée nationale, consacrée à l'incendie survenu le 26 septembre dans l'usine Lubrizol de Rouen.
Il devait ensuite être auditionné dans l'après-midi par la commission d'enquête du Sénat sur le même thème, alors qu'à Rouen débutait sur le site le traitement de 160 fûts endommagés, avant leur évacuation.
Selon le Pdg américain, l'incendie de l'usine Lubrizol "s'est déclenché à l'extérieur" du site. "Toutes les informations dont nous disposons indiquent que l'incendie s'est déclenché à l'extérieur de nos installations, mais nous attendons d'en connaître exactement la source et la cause", a déclaré M. Schnur aux députés.
"J'ai pu voir deux vidéos après l'incendie qui nous portent à penser que l'incendie a démarré hors de notre site", a-t-il dit. Dans ces vidéos, "on voit simplement un feu qui arrive sur notre site, mais on ne sait pas ce qui se passe de l'autre côté".
Le patron de Lubrizol a souligné que l'entreprise participait "pleinement à l'enquête en cours", indiquant notamment que les vidéos et les informations sur le système d'alarme incendie étaient disponibles.
Il a exprimé à plusieurs reprises ses attentes d'une réponse rapide aux interrogations sur l'origine du feu.
"Bons voisin"
Fûts endommagés sur le site Lubrizol, à Rouen, le 11 octobre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Eric Schnur a assuré que le groupe entendait assumer sa part des indemnisations, pour dédommager les agriculteurs mais aussi le secteur touristique, sans toutefois évoquer de montant. "Je n'ai pas de budget (pré-établi), nous souhaitons être de bons voisins, nous souhaitons aider", a-t-il expliqué. "J'ai engagé des millions d'euros et je le ferai encore plus si c'est nécessaire, nous voulons travailler avec les autorités locales".
Dans son introduction au débat, le président de la mission d'information, le député socialiste de Saint-Maritime Christophe Bouillon avait posé la question des indemnisations. "Où en êtes-vous aujourd'hui ?", avait-il demandé.
Le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume a évoqué un préjudice estimé "entre 40 et 50 millions" d'euros pour les agriculteurs.
S'agissant des salariés de Lubrizol à Rouen, "leurs salaires sont versés intégralement", a déclaré M. Schnur, indiquant avoir rencontré certains d'entre eux lors de sa visite début octobre. Il a indiqué qu'il prévoyait de se rendre à Rouen "plus tard dans la semaine" et évoqué l'hypothèse d'un redémarrage des activités dans la partie production, "qui n'a pas été détériorée par l'incendie", contrairement à la partie stockage du site. Un "enjeu primordial" pour les employés comme pour les clients de Lubrizol.
Le patron de Lubrizol a en outre souligné que les produits qui ont brûlé dans l'usine et sur le site voisin de Normandie Logistique sont connus avec précision et ne sont pas dangereux pour la santé. "Nous pouvons affirmer que ces substances ne portent aucune menace sur la santé, ni à court terme ni à long terme, en dehors d'irritations passagères normalement provoquées par la fumée le jour de l'incendie", a-t-il affirmé. "Mais nous comprenons que des préoccupations persistent", a-t-il dit.
Dans l'après-midi, Eric Schnur était de nouveau appelé à s'exprimer, cette fois devant la commission d'enquête du Sénat, présidée par le sénateur centriste de l'Eure Hervé Maurey. La commission sénatoriale a prévu de se rendre jeudi 24 octobre à Rouen pour visiter le site de Lubrizol et rencontrer les parties prenantes. De son côté, l'Assemblée nationale doit entendre mercredi 23 octobre une série de responsables locaux, dont le directeur régional de l'environnement, la directrice de l'Agence régionale de santé, le directeur des services départementaux d'incendie et des élus dont le maire de Rouen Yvon Robert.
Quelque 5.253 tonnes de produits chimiques ont brûlé dans l'usine Lubrizol, ainsi que 4.250 tonnes de produits dans des entrepôts de l'entreprise voisine Normandie Logistique, également touchée (dont 1.691 tonnes venant aussi de Lubrizol).