>>Mode : coup d’envoi des défilés parisiens, "la vie continue"
Un mannequin présente un modèle de la nouvelle collection Louis Vuitton, le 6 mai à Palm Springs en Californie. |
Devant environ 500 personnes dont les comédiennes Catherine Deneuve, Charlotte Gainsbourg, Marisa Tomei, le chanteur Kanye West, et bien sûr Bernard Arnault, le PDG de LVMH, Nicolas Ghesquière a dévoilé une collection d’amazones aux cheveux volant au vent, en robes de cuir évasées et longues, ajourées sur les hanches, tour à tour ceinturées, cloutées, dentelées... Puis des femmes en combinaisons pantalon et combi-shorts, aux motifs parfois végétaux ou inspirés de tissus indiens-américains.
Une cinquantaine de mannequins ont déambulé dans le patio de la maison de Bob et Dolorès Hope, un chef d’œuvre datant de 1973 de l’architecte américain John Lautner surplombant le désert californien (Ouest des États-Unis).
«Ce qui m’a beaucoup inspiré, c’est le contraste dans cette maison entre un certain brutalisme, elle est très radicale, et à l’intérieur des choses plus douces plus décoratives», a expliqué Nicolas Ghesquière. Celui qui pris la tête de la création chez Louis Vuitton fin 2013, succédant à Marc Jacobs, a dit avoir imaginé «une communauté de femmes qui vivent dans le désert».
Vuitton est la troisième grande marque de luxe depuis le début de l’année qui défile en Californie après Tom Ford et Burberry’s. |
Des silhouettes fluides, parfois en cuir, d’autres en tissu, il explique avoir «presque voulu créer la confusion» entre les matières en privilégiant l’idée de «mouvement, c’est important pour Vuitton, c’est une femme qui bouge».
Avant le défilé, les journalistes, célébrités et beaucoup de clientes ont été accueillis dans la maison de Bob et Dolores Hope, en béton et aux formes futuristes et circulaires, par des mannequins formant une sculpture vivante, avec des tenues d’inspiration «glam-rock», avec des maquillages et coiffures évoquant David Bowie.
Collection la plus importante
L’an dernier, dès l’arrivée de Ghesquière à la création, Vuitton avait déjà organisé un vrai défilé pour sa collection Croisière, à Monaco cette fois-là. Ces collections entre les deux principales saisons été et automne-hiver étaient traditionnellement plus resserrées, et Vuitton veut leur donner de plus en plus d’ampleur et continuer à les faire voyager.
«C’est la plus importante collection en termes de ventes», a expliqué Michael Burke, le directeur général de Louis Vuitton. Organiser un défilé dans un lieu exceptionnel compte non seulement en termes d’image mais aussi pour asseoir la relation avec les clientes, venues de tous les États-Unis mais aussi de Chine, du Canada, d’Amérique du Sud, etc.
Un mannequin présente un modèle de la nouvelle collection Louis Vuitton, le 6 mai à Palm Springs en Californie. |
Face au coût d’un tel événement, qui peut atteindre plusieurs millions d’euros, Michael Burke assure que «cela vaut chaque centime».
«À Paris, les défilés sont surtout pour la presse et les acheteurs de magasins et on peut oublier la cliente. Ici, c’est l’occasion de faire venir trois jours les clientes dans un environnement très civilisé, ce que les semaines de la mode ne sont pas toujours», poursuit Michael Burke.
Vuitton est la troisième grande marque de luxe depuis le début de l’année qui défile en Californie après Tom Ford et Burberry’s qui ont montré leurs dernières collections à Los Angeles, à deux heures de Palm Springs.
«Palm Springs, c’était dans les années 50 le symbole de la modernité, après ça s’est endormi mais il y a un vrai renouveau», assure M. Burke.
«New York est une capitale mondiale de la culture mais très ancrée à l’Europe, pour le monde entier c’est la Californie qui représente la modernité américaine», insiste-t-il.
Pour Cécilia Dean, co-fondatrice du très branché magazine de mode Visionaire, il est un peu «paradoxal» de voir le monde de la mode affluer vers Los Angeles et la Californie.
Le créateur de Saint Laurent, Hedi Slimane, vit et travaille dans la cité des Anges, entre autres exemples. Mais pour Cecilia Dean, «la mode va vers les célébrités, qui sont les nouvelles icônes de notre époque et qui lancent les modes».
«Le cinéma, la musique, il y a tant de choses qui imprègnent Los Angeles. Ce n’est plus la ville des pantalons de jogging !», conclut-elle.