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De gauche à droite : le réalisateur Gus Van Sant, l'acteur Matthew McConaughey et l'actrice Naomi Watts présentent le film "La Forêt des songes" au Festival de Cannes, le 16 mai. |
Le film du réalisateur d'Elephant, Palme d'Or à Cannes en 2003, très attendu, raconte la rencontre de deux hommes partis se suicider dans la forêt d'Aokigahara, au pied du Mont Fuji au Japon.
L'Américain Arthur Brennan - joué par Matthew McConaughey, oscarisé l'an dernier pour son interprétation d'un cowboy malade du sida dans Dallas Buyers Club - est sur le point de mettre fin à ses jours dans cette forêt, connue pour être un lieu de suicides.
Il aperçoit un homme blessé (Ken Watanabe, vu dans Lettres d'Iwo Jima ou Inception) et décide de l'aider.
Ils se mettent alors en route pour sortir de la forêt, tandis que des flashbacks nous ramènent dans la vie d'Arthur Brennan et de sa femme (Naomi Watts), expliquant les sources de sa douleur.
Récit de survie et de reconstruction, le film s'articule autour du périple de ces deux hommes dans la forêt, lieu baigné de spiritualité, et de leurs échanges, qui vont peut-être leur permettre de se réconcilier avec eux-mêmes.
Mais ce seizième long métrage de Gus Van Sant, 62 ans, qui a alterné dans sa carrière films indépendants comme My Own Private Idaho, Gerry ou Elephant et de commande plus hollywoodiens comme Will Hunting, n'a pas convaincu.
Affreux mélo pur sucre
Hué à la fin des projections de presse, le film a été éreinté par la critique.
C'est "sans doute le pire film de Gus Van Sant" pour le magazine de cinéma français Première, qui le qualifie d'"affreux mélo pur sucre", "interminable".
Pour le journal, Matthew McConaughey, qui a électrisé le petit écran l'an dernier avec son rôle d'ex-flic hanté par une vieille affaire non résolue dans la série True Detective, est "le boulet de Sea of Trees, déployant avec la subtilité d'une moissonneuse-batteuse son registre de grognon-sensible".
C'est également "le pire film de Gus Van Sant" pour le site américain consacré au cinéma indépendant Indiewire, qui le juge "mal conçu" et estime que "même Matthew McConaughey ne peut pas nourrir ce film mou et d'amateur, qui creuse son trou de plus en plus profond".
Le magazine américain professionnel Variety le juge aussi "interminable", et se demande par quel "impénétrable mystère" ce film "mort-né" a pu "arriver en compétition à Cannes".
Pour le journal britannique The Guardian, La forêt des songes est un "mélodrame incroyablement pénible" dans lequel Gus Van Sant "tombe dans la sentimentalité" et "une réalisation à la fois commerciale et sirupeuse".
"Le couple Matthew McConaughey - Naomi Watts fait naufrage, Gus Van Sant se saborde", titre de son côté l'hebdomadaire français L'Express.
"Les bulldozers sont de sortie et la subtilité sera broyée jusqu'à ce qu'il n'en reste pas une miette", poursuit le journal. "La déception de la forêt des songes est immense".
Interrogé lors de la traditionnelle conférence de presse qui a suivi la projection, Gus Van Sant a reconnu avoir "été un petit peu secoué" par l'accueil réservé à son film. "Peut-être que les avis vont évoluer", a-t-il ajouté.
"Tout le monde a le droit de siffler un film", a sobrement commenté son acteur principal, Matthew McConaughey.
AFP/VNA/CVN