L'Opéra de Sofia, rare îlot musical européen en temps de pandémie

L'orchestre a pris la place du parterre, le public est cantonné aux balcons et l'entracte supprimé : l'Opéra de Sofia, rare institution culturelle en Europe à maintenir ses représentations, s'est adapté à la pandémie.

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Des musiciens de l'orchestre de l'Opéra de Sofia préparent leurs intruments avant la représentation de "La Traviata" de Giuseppe Verdi, le 18 février à Sofia, en Bulgarie.

De Tosca à La Traviata, la majestueuse salle offre aux habitants de la capitale bulgare un programme riche, loin du silence qui règne à Vienne, à Paris ou Milan.

"J'ai soif de musique. Alors pourquoi penser au risque? Il n'est pas plus élevé ici qu'en magasin ou dans le métro", assure Petya Petkova, une élégante retraitée accompagnée de sa fille.

Malgré la prise de température de rigueur à l'entrée et les gestes de précaution, règne une ambiance de fête: des bouquets de fleurs artificielles séparent les spectateurs sur les sièges pourpre laissés vacants.

Après le confinement du printemps 2020, la Bulgarie, qui applique des restrictions légères en dépit d'un taux de mortalité élevé, a rouvert les lieux culturels en limitant leur capacité à 30%.

Jouer devant une poignée de spectateurs spectateurs, "c'est mieux que de le faire seul dans son salon désert", commente le directeur de l'Opéra, Plamen Kartaloff.

La soprano bulgare Stanislava Momekova interprète "La Traviata" de Verdi à l'Opéra de Sofia, le 18 février 2021.

"Défi acoustique

Après la froideur des représentations virtuelles, la soprano Stanislava Momekova est impatiente de retrouver la scène. "J'ai besoin de me mettre dans la peau d'un personnage, de partager mes émotions avec le public", s'exclame l'interprète de Violetta.

"Et l'envie de jouer est plus forte que la peur", lance l'artiste de 36 ans, alors que la mort du ténor Kamen Chanev, contaminé par le coronavirus en novembre, après avoir interprété dans le sud de la Bulgarie Otello, "le rôle de ses rêves", a ému tout le pays.

Pour le chef d'orchestre, venu d'Allemagne où "tout est annulé", si c'est un "défi acoustique" que de se plier aux restrictions sanitaires, il est relevé avec bonheur.

Les musiciens ont quitté la fosse pour avoir plus d'espace. Ils se trouvent plus loin de la scène, plus près du public, et doivent donc veiller à "jouer plus doucement" pour ne pas masquer la voix des chanteurs, explique Evan-Alexis Christ.

Tout en prêtant une oreille plus attentive du fait de la distance séparant chacun des membres de l'orchestre, par mesure de sécurité.

Le concept est "réussi", "chacun est très discipliné", juge le maestro américain qui, raconte-t-il, fait l'envie de ses confrères du monde entier.

Des bouquets de fleurs artificielles déposés sur les sièges pourpres qui doivent rester vacants, le 18 février, à l'Opéra de Sofia, en Bulgarie. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Public rajeuni 

"C'est un des seuls opéras d'Europe" à tourner avec celui de Madrid, dit-il. "Cela montre qu'il est possible de faire des représentations en ces temps difficiles".

"J'ai le sentiment que les gens sont avides de musique", poursuit M. Christ, qui espère "faire une différence" pour les 250 mélomanes de la salle, comme un remède à la "dépression" qui guette la société.

À l'été 2020, l'Opéra de Sofia a proposé une offre hors-les-murs ingénieuse, avec le Lac des Cygnes sur un ponton, des opéras devant une forteresse romaine, dans les ténèbres d'une grotte ou sur un plateau de cinéma.

Depuis, les spectacles n'ont plus cessé, malgré une puissante deuxième vague en novembre et une troisième qui menace.

En janvier, des concerts étaient adaptés aux bébés - musique moins forte, cris tolérés -, tandis que des comédies musicales étaient "interdites aux adultes non accompagnés d'enfants", plaisante le directeur.

La pandémie a ainsi été l'occasion d'attirer un auditoire renouvelé, à l'image de l'étudiant Martin Damyanov, qui a sorti le costume cravate pour venir voir La Traviata, "sur les conseils de ses parents".

AFP/VNA/CVN

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