Palmiers et vocalises, l'opéra s'écoute en plein air à Palm Beach

Si la grande majorité des opéras sont fermés, pandémie oblige, le Palm Beach Opera, en Floride, a décidé de profiter du climat tropical pour organiser un grand festival en plein air.

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Palmiers et vocalises, l'opéra s'écoute en plein air à Palm Beach.
Photo : AFP/VNA/CVN

Environ un millier de spectateurs sont attendus par représentation pour l'événement qui a débuté vendredi 19 février avec La Bohème et comptera en tout six spectacles étalés sur neuf jours. Cela en fait le plus vaste festival d'opéra devant un public depuis l'apparition du COVID-19 aux États-Unis.

L'amphithéâtre extérieur du Palm Beach Opera possède une capacité d'accueil de 6.000 sièges, rendant la distanciation physique possible. Masques et vérifications de température sont obligatoires pour y accéder.

Malgré sa grande taille, "l'espace est en réalité très convivial", assure à l'AFP le chef d'orchestre David Stern, qui dirige La Bohème et La Flûte enchantée dans le cadre du festival.

Selon lui, les voix des chanteurs sont assez puissantes pour porter à travers l'amphithéâtre, où se jouera aussi l'opéra italien Pagliacci.

L'orchestre aura tout de même un effectif réduit, avec 2,5 mètres de distance entre les musiciens d'instruments à cordes et 3,5 mètres entre ceux d'instruments à vent, explique M. Stern.

"Nous voulions avoir des chanteurs expérimentés qui ont déjà fait ce type de concert, qui connaissent les rôles, et qui peuvent aller au-delà du chant de base pour créer quelque chose de très spécial", précise le chef d'orchestre au sujet du répertoire très classique du festival.

"Nous avions besoin d'envoyer un signal, alors qu'il y a si peu ou pas de spectacles aux États-Unis, pour dire : Nous ne faisons pas juste quelque chose - nous le faisons en grand", insiste-t-il.

Un lien fort

Une harpiste lors de l'opéra La Bohème dans le cadre du festival du Palm Beach Opera, à Palm Beach en Floride, le 19 février.

Depuis que le virus a poussé les opéras à annuler ou du moins à réduire considérablement leurs saisons, les institutions doivent faire preuve d'inventivité pour tenter de survivre.

En octobre, l'Atlanta Opera a tenu une série de concerts sous un chapiteau. Les paroles intégraient des références au coronavirus, certains chanteurs portaient des masques, d'autres s'époumonaient dernière une vitre de plexiglas.

Bien qu'inhabituelles, ces représentations sont considérées comme vitales pour de nombreux artistes pour rester pertinents, perfectionner leur talent et surtout ne pas sombrer dans la déprime.

"Quand j'ai été privé de ma première série de spectacles, à l'été 2020, j'ai été frappé par une dépression très très rapide, soudaine et inquiétante", confie le baryton-basse Ryan Speedo Green, qui interprète Colline dans La Bohème.

"Je ne savais pas quand mon talent, ma voix et ma musique - quand je pourrais de nouveau me produire devant un public", ajoute-t-il.

Une anxiété partagée par d'autres artistes lyriques, comme Isabel Leonard, qui joue Musetta dans la même oeuvre.

"Beaucoup d'entre nous ont rapidement épuisé leurs économies", raconte-t-elle à l'AFP. "À presque 40 ans, beaucoup se retrouvent à devoir presque repartir de zéro".

Mais tout n'est pas noir. Selon David Stern, l'attention portée à l'expérience des spectateurs dans cet environnement épidémique est un élément positif qui pourra aider à rendre l'opéra plus accessible, sans en sacrifier la qualité.

Créer un festival encore plus grand, afin de donner aux spectateurs une "expérience plus ouverte", ou mettre en place un rendez-vous saisonnier récurrent pourraient être envisagés, d'après Stern.

"La distanciation sociale a donné un rôle encore plus important à la musique", poursuit-il. "La musique est le lien le plus fort que nous ayons pour nous connecter les uns aux autres".

AFP/VNA/CVN

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