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Des migrants au large de la Libye en passe d'être secourus photographiés le 12 mai. |
Cette décision a été retardée un mois par la Russie qui avait réclamé des précisions sur les personnes concernées et le bien-fondé d'un tel processus.
Moscou "a levé ses réserves sur la proposition des Pays-Bas d'inscrire six individus sur une liste de personnes sanctionnées", a indiqué jeudi 7 juin un diplomate. "Les sanctions s'appliquent immédiatement", a-t-il précisé.
Les sanctions --gel de comptes bancaires, interdiction de voyager-- visent deux Erythréens, Ermias Ghermay et Fitiwi Abdelrazak, ainsi que quatre Libyens, Ahmad Oumar al-Dabbashi, Musab Abu-Qarin, Mohammed Kachlaf et Abd al Rahman al-Milad, le chef d'une unité de garde-côtes.
"Les Pays-Bas ont voulu utiliser leur siège (de non-permanent) au Conseil de sécurité pour améliorer la vie des réfugiés et des migrants en Libye et les empêcher d'entreprendre un voyage dangereux à travers la Méditerranée", a expliqué dans un communiqué le chef de la diplomatie néerlandaise, Stef Blok.
"Cette initiative néerlandaise envoie un message clair. Nous luttons contre la traite des êtres humains en Libye", a-t-il fait valoir. Il a souligné que la décision du Conseil de sécurité avait le soutien de tous ses membres, de plusieurs pays africains et des autorités libyennes.
Ces dernières "savent que ces réseaux criminels déstabilisent sérieusement le pays", a précisé Stef Blok, pour qui l'appui de la Libye et des pays de la région est essentiel.
"Message clair"
L'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, s'est félicité de la prise des sanctions.
Des migrants clandestins arrivent à une base navale de Tripoli après avoir été secourus en mer le 6 mai. |
"L'automne dernier, des images de migrants vendus comme esclaves en Libye avait choqué nos consciences et le Conseil de sécurité s'était engagé à entrer en action", a-t-elle relevé dans un communiqué.
"Les sanctions d'aujourd'hui envoient un message clair sur l'unité de la communauté internationale (autour du fait de) chercher à sanctionner les auteurs et réseaux de trafics d'êtres humains", a-t-elle ajouté. "Il n'y a pas de place dans notre monde pour de telles atteintes aux droits de l'Homme et à la dignité humaine", a insisté la diplomate américaine.
Le 8 mai, la Russie avait suspendu le processus de sanctions en demandant des précisions sur ces désignations, réclamant notamment un partage des "preuves abondantes", évoquées dans des documents de l'ONU, venant de "sources de confiance" et qui accusaient ces six individus.
Moscou avait aussi noté que ces documents parlaient de réseaux "s'étendant à plusieurs pays européens et aux États-Unis", s'interrogeant sur la pertinence de sanctionner six individus africains sans remonter plus avant dans ces réseaux.
"C'est la première fois que le Conseil de sécurité impose des sanctions contre des dirigeants de réseaux violents de trafics d'êtres humains", ont souligné les Pays-Bas dans un communiqué.
"Au-delà de s'en prendre aux actifs et aux revenus de six individus, la décision jeudi du Conseil de sécurité représente surtout une valeur dissuasive importante", a fait valoir un diplomate sous couvert d'anonymat.
"C'est un signal important" contre les responsables étatiques qui soutiennent ces trafics et contre les trafiquants eux-même, a-t-il estimé.
Fin 2017, un documentaire choc de la chaîne CNN montrant des migrants africains vendus comme des esclaves avait provoqué l'indignation internationale. En mars, la justice libyenne avait annoncé l'émission de plus de 200 mandats d'arrêt contre des trafiquants libyens et étrangers impliqués dans un réseau d'immigration clandestine vers l'Europe.
Dans un document confidentiel remis début février au Conseil de sécurité, des experts de l'ONU avaient estimé que le trafic d'êtres humains était en augmentation en Libye.
AFP/VNA/CVN