>>Facebook renonce à mettre en avant les sujets tendance
>>Smartphones : le chinois Huawei vise haut sur le marché mondial
Facebook a annoncé que le contrat avec Huawei serait rompu dans les prochains jours. |
Le leader mondial des réseaux sociaux avait confirmé mardi que le constructeur chinois de smartphones Huawei, qui a été mis au ban des fournisseurs de l'armée américaine et suscité une suspicion de cyber-espionnage, figure parmi les fabricants autorisés à utiliser les données personnelles des usagers. C'était une façon pour Facebook, à travers ces accords conclus il y a dix ans avec une soixantaine de fabricants de téléphones, d'obtenir que ses services puissent être proposés aux utilisateurs des différents modèles de portables.
Mais les législateurs américains ont exprimé leur indignation à un moment où les autorités tentent de bloquer l'accès de certains de ces fabricants au marché américain pour des raisons de sécurité nationale. Le sénateur démocrate Ed Markey a ainsi estimé que le patron de Facebook Mark Zuckerberg avait de nouvelles explications à donner à la suite de ces révélations.
"Mark Zuckerberg doit revenir devant le Congrès et expliquer pourquoi @Facebook partage les informations privées des Américains avec des entreprises chinoises douteuses", a affirmé cet élu sur Twitter. D'autres législateurs ont relayé les inquiétudes concernant les liens de Huawei avec le gouvernement chinois, même si l'entreprise a nié les allégations. "Cela pourrait se révéler un gros problème", a commenté dans un tweet, Marco Rubio, sénateur républicain de Floride.
"Si @Facebook accordait à Huawei un accès spécial aux données des Américains, celles-ci auraient pu tout aussi bien être directement livrées au gouvernement de #la Chine", a-t-il ajouté. La représentante Debbie Dingell a qualifié ces révélations de "scandaleuses" et exhorté le Congrès à mener une enquête. "Pourquoi Huawei, une entreprise que la communauté du renseignement dit être une menace pour la sécurité nationale, a-t-elle accès à nos informations personnelles ?", s'est interrogé cette élue démocrate du Michigan.
Le scandale des données Facebook. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
"Avec plus de 184 millions d'utilisateurs quotidiens de Facebook aux États-Unis et au Canada, l'impact potentiel sur notre vie privée et la sécurité nationale est énorme", a-t-elle encore dit. Facebook qui est bloqué en Chine depuis 2009 a également des accords d'accès aux données avec les groupes chinois Lenovo, OPPO et TCL notamment.
Dénégation d'Huawei
Huawei, qui a affirmé que les craintes de sécurité nationale étaient infondées, s'est défendu de collecter les informations personnelles des utilisateurs de Facebook, affirmant que son accès était le même que celui des autres fabricants d'appareils.
"Comme tous les principaux fournisseurs de smartphones, Huawei a travaillé avec Facebook pour rendre son service plus pratique pour les utilisateurs. Huawei n'a jamais collecté ni stocké les informations des usagers de Facebook", a affirmé le groupe. Ces nouvelles révélations interviennent quelques semaines après que Mark Zuckerberg a été interrogé au Congrès sur le détournement des données personnelles de quelque 87 millions d'utilisateurs de Facebook par Cambridge Analytica, un cabinet de conseil travaillant sur la campagne électorale de Donald Trump en 2016.
Les informations permettant de rendre Facebook compatible avec les téléphones Huawei "étaient stockées dans l'appareil et non dans les serveurs de Huawei", a assuré dans un mail Francisco Varela, chargé des partenariats mobiles au sein de l'entreprise de Mark Zuckerberg. Facebook a ajouté ne pas être au courant d'abus de la protection de la vie privée par les fabricants de téléphones mobiles.
Il a fait valoir que le partage de données avec ces constructeurs était différent de la fuite de données à Cambridge Analytica qui a obtenu ces informations à partir d'un questionnaire de personnalité conçu par un chercheur universitaire qui a enfreint les règles de Facebook. Facebook va mettre fin à son partenariat d'intégration avec Huawei d'ici la fin de la semaine, a indiqué le réseau social.
Cette nouvelle affaire fait suite aux sanctions américaines vis-à-vis d'un autre fabricant chinois de téléphones mobiles, ZTE - qui n'était pas sur la liste de Facebook - pour avoir violé des restrictions aux exportations vers l'Iran. Les sanctions de ZTE, qui lui bloquaient l'accès aux semi-conducteurs américains, ont menacé de ruiner le fabricant chinois mais le président Donald Trump a récemment assuré qu'il était prêt à lever ces restrictions en dépit de l'opposition des législateurs.