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France
Au festival de l'Ircam, les robots "peuvent vous surprendre"

Une machine qui compose de la musique, des robots comme extension des humains: l'Ircam, le centre de recherche musicale et de création artistique à Paris, explore l'intelligence artificielle qui peut non seulement imiter mais "surprendre".

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Des ingénieurs de l'Ircam travaillent sur un projet à Paris.
Photo: AFP/VNA/CVN

À l'heure où la musique à base d'intelligence artificielle (IA), longtemps cantonnée aux laboratoires, devient plus "mainstream", plus d'une vingtaine de créations vont mettre en avant la cohabitation entre l'homme et la machine lors de Manifeste, le festival annuel de l'Ircam (6-30 juin). Dans "Fabrique des monstres", le metteur en scène français Jean-François Peyret réinvente un Frankenstein des temps modernes en présentant sur scène une machine qui "fabrique" de la musique.

Influencé par les écrits d'Alan Turing - le mathématicien britannique considéré comme le père de l'intelligence artificielle -, Peyret a mis en place avec le compositeur Daniele Ghisi et un chercheur de l'Ircam, Philippe Esling, une machine faite d'un réseau de neurones entraîné sur des bases de données et capable de reproduire des motifs musicaux. Au départ "sans aucune connaissance des syntaxes et lexiques musicaux, la machine apprend au fur et à mesure (à partir des bases de données) à générer une séquence d'échantillons qui incorporent une certaine créativité" et à produire de la musique, explique M. Ghisi, qui par la suite sélectionne les morceaux les plus intéressants.

"Cela soulève (la question) de la propriété intellectuelle... qui a écrit ces morceaux? La machine? Moi? les personnes qui ont créé l'algorithme?", s'interroge le compositeur dans la présentation du festival. "On appelle cela le compagnonnage entre l'homme et la machine, ce n'est pas une relation de maître à esclave", explique Frank Madlener, directeur de l'Ircam. "C'est une intelligence artificielle, limitée, mais elle peut vous surprendre", ajoute-t-il. "On n'est pas dans une logique apocalyptique où l'on se dit que les robots vont finalement s'emparer du monde".

Des musiciens travaillent avec des ingénieurs du son de l'Ircam lors d'une répétition à Paris.

Un autre exemple sera le "Thinking things" (Choses pensantes) de Georges Aperghis, qui va se pencher sur l'interaction entre l'humain et la machine. Sur scène, "quatre humains auront des côtés robotiques et les robots, des côtés humains", explique le compositeur grec basé à Paris. D'autres créations incluent une reprise d'"Helikopter" du chorégraphe Angelin Preljocaj, où les danseurs se produisent sur le son dissonant d'un quator à cordes enregistré dans des hélicoptères en plein vol.

Le compositeur et metteur en scène Roland Auzet, qui bouscule souvent les codes du théâtre, revisite "La voix humaine" de Cocteau, où le personnage principal - une femme que son amant vient d'abandonner - joue sur une plateforme de 10 mètres de long au-dessus de la tête des spectacteurs, au son d'une partition électroacoustique composées de souffles et de respirations. Le festival "Manifeste" sera accompagné d'un forum, "Vertigo", où scientifiques et artistes vont débattre de l'usage de l'algorithmique dans les arts visuels, la musique, la danse et la littérature.

"La force de l’Ircam, c’est d’échapper aux séparations abruties et subies qui régissent la vie d’un individu. Rares sont les lieux qui permettent la stimulation entre Science et Art, entre le laboratoire et l’atelier", selon M. Madlener. En 41 ans d'existence, ce centre fondé par Pierre Boulez a élargi ses activités de son laboratoire à l’opéra et arts visuels et scéniques.

AFP/VNA/CVN

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