Ce phénomène est principalement observé dans les pays industrialisés de l'hémisphère Nord, explique le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) dans un rapport publié le 10 mars.
Parmi la douzaine de facteurs explicatifs recensés dans le document, figurent l'emploi des pesticides, la pollution de l'air, la réduction du nombre de plantes à fleurs et d'apiculteurs en Europe, ainsi que l'existence d'un parasite mortel qui tue uniquement les abeilles de l'hémisphère Nord.
La mortalité des abeilles est en progression - jusqu'à 85% dans certaines régions - et pourrait avoir de graves conséquences sur la production alimentaire puisque la plupart des plantes, cultivées ou non, sont pollinisées par les abeilles.
Le rapport indique ainsi que l'action de l'ensemble des pollinisateurs représente environ 153 milliards d'euros, soit 9,5% de la valeur de la production mondiale de produits agricoles.
Les scientifiques ne sont toutefois pas parvenus à mesurer l'impact direct de la mortalité des abeilles sur les cultures de fruits et légumes.
"La manière dont l'humanité gère ses actifs liés à la nature, notamment les pollinisateurs, définira en partie notre avenir collectif au XXIe siècle", a déclaré le directeur exécutif du PNUE, Achim Steiner, en conférence de presse. "Le fait est que sur les 100 espèces végétales qui fournissent 90 pour cent de la nourriture dans le monde, plus de 70 sont pollinisées par les abeilles", a-t-il ajouté. Or, le nombre de colonies d'abeilles a chuté de 10 à 30% ces dernières années en Europe, de 30% aux États-Unis, de plus de 85% au Moyen-Orient, a expliqué Peter Neumann, un des auteurs de ce premier rapport de l'ONU sur la disparition des abeilles. Un syndrome qui n'affecte pas l'Amérique latine, l'Afrique et l'Australie.
"C'est un sujet très complexe. De nombreux facteurs interagissent et un pays à lui seul n'est pas capable de résoudre le problème", a soutenu M. Neumann, appelant à la mise en place d'un réseau international pour aborder le problème.
Ce scientifique allemand qui travaille au Centre de recherche sur les abeilles en Suisse a indiqué qu'une des raisons de la disparition des abeilles en Europe et Amérique du Nord est la présence de l'acarien parasite "Varroa destructor".
"Il est presque choquant de voir le peu que l'on sait sur cet insecte nuisible" que les "abeilles africaines tolèrent", a fait remarquer M. Neumann. Certaines études ont mis en évidence que les abeilles qui ont accès à un mélange de pollens de différentes plantes sont en meilleure santé que celles qui se nourrissent d'un seul type de pollen.
AFP/VNA/CVN