France
Loi travail : l'exécutif peine à éteindre la grogne, à deux jours de l'Euro

Si la majorité resserre les rangs pour défendre la loi travail, l'exécutif peine à éteindre la grogne sociale : à deux jours de l'Euro de football, la grève à la SNCF a été reconduite pour le 9 juin et la mobilisation dans le secteur des déchets s'étend, avant des manifestations à venir.

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Manifestation des ouvriers de la SNCF le 6 juin à Paris.

Les demandes du président François Hollande à cesser la grève du rail, aujourd'hui principal champ de bataille contre le texte de la ministre du Travail Myriam El Khomri, n'ont pas été entendues, ni celles du Premier ministre Manuel Valls.

Les assemblées générales de cheminots en Ile-de-France et dans la plupart des régions ont reconduit le mouvement pour le 9 juin, qui sera la neuvième journée consécutive de grève. Il devrait y avoir en moyenne 4 TGV sur 5 en circulation, un train sur deux sur les lignes Transilien et Intercités, et 6 TER sur 10, selon les prévisions de la SNCF.

La direction recensait encore 8,3% de grévistes le 8 juin, tous personnels confondus, dont une forte proportion de conducteurs, malgré un projet d'accord sur le temps de travail consacrant le maintien des règles internes actuelles (RTT, repos) et en améliorant d'autres (travail de nuit).

Notant les "améliorations arrachées", la CGT-cheminots, premier syndicat de l'entreprise ferroviaire, n'a pas donné de mot d'ordre. Elle s'en remet aux assemblées générales.

De leur côté, SUD-Rail (troisième) et FO (non représentatif) ont appelé à poursuivre le mouvement, SUD appelant même à une amplification. Ils sont particulièrement remontés contre la possibilité de dérogations, autorisées pour les seuls syndicats signataires de l'accord.

Comme la CFDT, l'Unsa-ferroviaire (deuxième) a annoncé qu'elle signerait le projet d'accord, ainsi que la convention collective du secteur ferroviaire. La CGT va, elle, consulter ses adhérents sur l'accord d'entreprise mais ne signera pas la convention collective, tout comme SUD et FO.

Quant au "décret socle" fixant les règles de travail communes à l'ensemble du secteur ferroviaire, il sera publié le 9 juin, a annoncé Manuel Valls.

Les déchets s'accumulent

Les poubelles s'accumulent dans certains arrondissements de Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

Agacés par le silence de François Hollande, à qui ils ont adressé un courrier le 20 mai pour être reçus "rapidement", les syndicats contestataires se montrent déterminés à maintenir la pression dans d'autres secteurs.

Dans certains arrondissements de la capitale, les déchets s'accumulent. Deux des principaux sites de traitement de la région parisienne étaient bloqués le 8 juin, ainsi que l'incinérateur de Fos-sur-Mer, qui traite les ordures ménagères de Marseille, et deux autres en Ariège. La collecte et le traitement des déchets sont également à l'arrêt à Saint-Étienne (Loire).

Dans les raffineries, l'espoir du groupe Total de redémarrer celles de Donges et Feyzin a fait long feu, et celle de Gonfreville-l'Orcher, dans la zone industrielle du Havre, est aussi toujours à l'arrêt.

Des actions sont également annoncées le 9 juin dans l'énergie et les ports.

Ces grèves sont "un sujet sur lequel nous n'avons aucune prise, mais qui nous inquiète", a avoué Jacques Lambert, président du comité d'organisation de l'Euro-2016, à l'avant-veille du match d'ouverture France-Roumanie au Stade de France.

Face à la grogne, la majorité a décidé de serrer les rangs, organisant le soir du 8 juin à Paris un meeting de soutien au projet de loi, réunissant Manuel Valls, Jean-Christophe Cambadélis et Myriam El Khomri.

Le Premier ministre a exprimé sa frustration face aux "procès en trahison de la gauche", et défendu sa voie entre "les méthodes régressives"de la droite et "le statu quo" de la gauche de la gauche.

Au même moment, l'intersyndicale CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, Fidl et UNL qui porte la contestation depuis trois mois, a appelé à "amplifier" la mobilisation contre ce projet de loi, lors du rendez-vous national du 14 juin à Paris, et de journée d'actions locales les 23 et 28 juin. De nouvelles manifestations sont déjà organisées le 9 juin.

Quant à la grève des pilotes qui menace à Air France, du 11 au 14 juin, les échanges avec la direction n'ont pas permis pour l'instant de la désamorcer. À la même période, les salariés de Météo France sont aussi appelés à faire grève par l'intersyndicale CGT, FO et Solidaires.


AFP/VNA/CVN

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