>>Loi travail : les opposants dans la rue pour une manifestation "nationale"
>>Près de la moitié des Français souhaitent le retrait du projet de loi travail
Heurts lors de la manifestation contre la loi travail, le 14 juin à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les heurts entre plusieurs centaines de personnes encagoulées et les forces de police ont commencé rapidement après le début du cortège parti de la place d'Italie et qui a rassemblé un million de personnes, selon les organisateurs, près de 80.000 selon la préfecture de police.
Sur l'ensemble du pays, 1,3 million de personnes ont battu le pavé, selon les syndicats, "au moins 125.000", selon les autorités.
Selon un bilan provisoire de la préfecture de police (PP) de Paris, 29 policiers et 11 manifestants ont été blessés dans la capitale. Par ailleurs, 58 personnes ont été interpellées, a annoncé la PP. Sur l'ensemble du pays, on comptait 73 interpellations.
Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a dénoncé les "postures", "propos" et "affiches" qui mettent en cause les forces de l'ordre, après les incidents en marge de la manifestation et au lendemain du meurtre d'un policier et de sa compagne dans une attaque jihadiste.
Fait rare, la police a utilisé un canon à eau pour disperser la foule près du carrefour Duroc, non loin des Invalides. Quinze policiers ont été blessés à cette occasion.
Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes et chargé les manifestants qui leur lançaient des projectiles, des pierres arrachées aux murs des immeubles ou des bâtons de bois.
Vitrines de banques, de restaurants ou un centre d'imagerie médicale : les casseurs s'en sont pris à de nombreux commerces, parfois sous les huées des manifestants.
Près de la station Duroc, des baies vitrées du ministère des Outre-Mer et de l'Hôpital Necker ont été brisées. L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris a annoncé son intention de porter plainte.
En marge de la manifestation, dans la soirée, un véhicule de la RATP a également été incendié par "un individu masqué" place de la République, et deux Autolib ont ensuite été brûlées non loin, rue Saint-Maur, par plusieurs individus qui ont pris la fuite, a indiqué la PP. Les trois véhicules incendiés étaient vides.
Pour la première fois depuis trois mois, la manifestation était organisée à l'échelle nationale, mais elle n'a pas empêché de nombreux rassemblements aussi en région.
Rendez-vous El Khomri-Martinez
Les syndicats contestataires, qui refusaient de voir cette journée comme "un baroud d'honneur", ont salué le "succès" de la mobilisation.
"Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, cette société-là, on n'en veut pas", scandaient les manifestants à Lyon, où la préfecture a dénombré 3.800 participants, la CGT 10.000. Ils étaient 1.900 à Rennes selon la préfecture, 5.000 selon les syndicats, entre 6.000 et 30.000 à Toulouse, 5.000 à Marseille selon la police, tandis que les manifestants annonçaient pas moins de 140.000 participants.
Cette mobilisation à l'appel de l'intersyndicale (CGT, FSU, FO, Solidaires, Unef, UNL, Fidl) pour le retrait d'un texte jugé trop favorable aux entreprises et facteur de "régression sociale" pour les salariés, arrive en point d'orgue d'une série de grèves dans des secteurs clés comme les raffineries ou à la SNCF, qui s'étiolent.
Des opérations de contestation ont été organisées un peu partout, avec des barrages filtrants, la poursuite du blocage d'incinérateurs de déchets, une baisse de production dans le secteur de l'énergie. Dans la capitale, la Tour Eiffel a été fermée en raison de la grève d'une partie du personnel.
Le gouvernement, qui n'entend pas céder, table désormais sur le coup de barre à droite que le Sénat devrait apporter au texte pour rassembler son camp et faire reculer la contestation.
Dans ce bras de fer, les lignes semblent pourtant bouger : le numéro un de la CGT et la ministre du Travail se reverront vendredi 17 juin, pour la première fois depuis début mars, pour "clarifier les choses et mettre sur la table les propositions de la CGT", explique-t-on au ministère. Sans lien avec la loi travail, les pilotes d'Air France étaient toujours en grève mardi 14 juin pour la dernière journée.
AFP/VNA/CVN