Réclamée par la France après l'accident d'un Airbus yéménite aux Comores et relayée par la Commission européenne, la demande vise à éviter l'utilisation d'avions dangereux en fin de liaison en cas d'escales, comme ce fut le cas pour le vol de Yemenia. Mais elle s'est immédiatement heurtée aux réserves de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), qui supervise le transport aéronautique. La création d'une liste noire ne fait pas partie du mandat de l'agence, souligne-t-on de source proche de l'OACI. "Une liste noire, c'est une action posée par des États et les États sont responsables de la mise en oeuvre des normes", indique pour sa part le porte-parole de l'organisation Denis Chagnon.
La décision est très difficile à prendre, car une telle mesure est considérée dans le secteur comme une sanction très pénalisante.
La Commission reconnaît que l'inscription sur la liste noire de l'UE est mal vécue par les pays concernés et que les pressions politiques sont fortes pour l'éviter. Mais elle est décidée à défendre la demande d'une liste noire mondiale lors de rencontres la semaine prochaine avec le président de l'OACI et les responsables de l'Association internationale du transport aérien (IATA). "Nous avons besoin de quelque chose rapidement", explique-t-on dans l'entourage du commissaire aux Transports, Antonio Tajani. Mais dans le même temps, "nous sommes très fermes. L'inscription se fait sur la base de questions techniques exclusivement. Cela n'a rien à voir avec la politique", explique une source européenne spécialisée dans la sécurité aérienne.
Au niveau européen, un Comité pour la sécurité aérienne s'est réuni cette semaine à Bruxelles pour actualiser la liste noire européenne qui comprend actuellement près de 200 compagnies aériennes d'une vingtaine de pays, majoritairement africains. Elle sera rendue publique "dans une dizaine de jours" et "elle comportera des entrées et des sorties", ajoute la source européenne.
La France laisse planer la menace d'une inscription de Yemenia, dont un Airbus A310 s'est abîmé mardi près des Comores. Elle a de "très gros efforts à accomplir" si elle ne veut pas être interdite, a déclaré le 3 juillet le secrétaire d'État français aux Transports, Dominique Bussereau. Toutefois, côté européen on se montre plus prudent. "Ce n'est pas sur la base d'un accident que l'on décide d'inscrire une compagnie sur la liste noire", selon la source européenne. "Il y a toute une procédure et la compagnie concernée a le droit de se défendre", insiste-t-elle. Les responsables de Yemenia ont été convoqués à Bruxelles la semaine prochaine.
AFP/VNA/CVN