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Photo fournie par le ministère des Affaires étrangères iranien, montrant le ministre Mohammad Javad Zarif et son homologue russe Sergueï Lavrov lors d'une réunion à Téhéran, le 13 avril |
L'enrichissement à 60% marquerait une étape supplémentaire et inédite dans la violation des engagements pris par l'Iran en vertu d'un accord international conclu à Vienne en 2015 pour limiter son programme nucléaire, au moment même où des discussions doivent continuer en Autriche pour sauver ce pacte.
En riposte au retrait américain en 2018 de cet accord international et au rétablissement par Washington de sanctions au nom d'une politique de "pression maximale" à son encontre, l'Iran s'est affranchi depuis 2019 de la plupart des engagements clés pris à Vienne. Abbas Araghchi, ministre des Affaires étrangères adjoint, a annoncé les intentions d'enrichissement à 60% de l'Iran "dans une lettre à Rafael Grossi", directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), le gendarme onusien du nucléaire, selon l'agence de presse officielle Irna.
"Les préparatifs (pour la mise en œuvre de cette décision) commenceront cette nuit" à Natanz, a annoncé l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA). L'uranium enrichi à 60% servira à "produire du molybdène utilisé à des fins de fabrication de différents produits radiothérapeutiques", affirme l'OIEA. Le mobyldène est un métal dur généralement utilisé dans les alliages. Un enrichissement à 60% la mettrait en mesure de passer rapidement aux 90% nécessaires pour une utilisation à des fins militaires.
"Cela est extrêmement préoccupant (...), va forcément faire monter la tension et l'inquiétude internationale à propos du programme nucléaire iranien et va rendre plus difficile la relance du pacte de 2015", souligne Ali Vaez, de l'International Crisis Group. La République islamique, qui a toujours nié vouloir se doter de l'arme nucléaire, enrichit actuellement de l'uranium à 20% en isotope 235, au-delà de la limite de 3,67% fixée par l'accord.
L'AIEA a confirmé avoir été informée par l'Iran de son intention d'enrichir l'uranium à 60%, une décision que la France a "condamné" comme un "développement grave" nécessitant "une réponse coordonnée" des pays impliqués dans les négociations sur le dossier nucléaire. La Maison Blanche a de son côté affirmé rester disposée à poursuivre les négociations avec l'Iran malgré ces "annonces provocantes".
AFP/VNA/CVN