L'inflation et la concurrence ralentissent Google

Google a vu son bénéfice net baisser et sa croissance ralentir au deuxième trimestre, mais le marché s'attendait à pire dans un contexte de resserrement des budgets publicitaires à cause de la crise économique.

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Un logo de Google.

Le bénéfice net d'Alphabet, la maison mère de Google, a diminué de 13% sur un an à 16 milliards d'USD pendant le trimestre écoulé, d'après un communiqué publié mardi.

D'avril à juin, le groupe californien a réalisé 69,7 milliards d'USD de chiffre d'affaires, soit une croissance de 13%.

C'est le plus faible taux de croissance de ses revenus sur un an depuis le deuxième trimestre de 2020, quand les annonceurs avaient brutalement fermé les vannes au début de la pandémie, notamment les voyagistes.

"C'est un bon moment pour aiguiser nos priorités", a réagi Sundar Pichai, le patron d'Alphabet, lors d'une conférence téléphonique aux analystes. "C'est une opportunité pour digérer et nous assurer que nous travaillons sur les bons projets."

Il a relevé que les recettes publicitaires du moteur de recherche et l'activité de cloud (informatique à distance) avaient porté la croissance du groupe, avec respectivement 40,7 et 6,3 milliards d'USD de revenus.

À Wall Street, le titre de l'entreprise prenait environ 4% dans les échanges électroniques après la clôture.

Les résultats du leader mondial de la publicité en ligne étaient attendu par le marché comme une sorte de baromètre du secteur, surtout après ceux de Snap et Twitter la semaine dernière.

"Pas à l'abri"

La maison mère de l'application Snapchat a plongé de 40% au lendemain de performances financières jugées décevantes, malgré une hausse notable du nombre d'utilisateurs.

Twitter a de son côté noté des "vents contraires" dans le secteur, qui ont contribué à une perte nette pour le trimestre écoulé.

"Les investisseurs s'attendaient à un désastre pour Alphabet, mais finalement les chiffres ont été légèrement meilleurs que ce qu'ils craignaient", a jugé Dan Ives, de Wedbush Securities.

"Après la catastrophe de Snap, la croissance de la pub chez Google devrait donner au marché et au milieu de la tech un petit regain de confiance", a précisé l'analyste.

Google "n'est pas à l'abri des menaces qui pèsent sur le secteur", a noté Evelyn Mitchell, du cabinet Insider Intelligence.

Le groupe faisait face ce trimestre à "une comparaison annuelle défavorable, à la perturbation de ses activités en Russie et à des conditions macroéconomiques qui réduisent drastiquement les budgets publicitaires", a-t-elle détaillé.

L'inflation galopante, la hausse des taux d'intérêt et les difficultés sur la chaîne d'approvisionnement conduisent de nombreuses sociétés à revoir leur budget marketing à la baisse.

Plus inquiétant encore pour Alphabet, Meta (Facebook, Instagram) et Amazon, les habitudes prises par les consommateurs pendant la pandémie semblent moins enracinées que le marché ne l'avait cru.

La plateforme de vente en ligne Shopify a annoncé mardi 26 juillet qu'elle licenciait 10% de ses employés (environ 1.000 personnes).

Car même si la part du e-commerce a bien progressé, elle est revenue au niveau prévu avant que la crise sanitaire ne fausse les prévisions du groupe canadien.

"Saturation du marché"

Les réseaux sociaux établis font en plus face à l'ascension de jeunes applications ultra-populaires, à commencer par TikTok, qui grignote rapidement des parts d'attention des utilisateurs avec ses vidéos de créateurs, courtes et captivantes.

YouTube a engrangé 7,3 milliards d'USD, en progression de seulement 4,8% sur un an.

"Pour YouTube, la concurrence n'a fait qu'augmenter au deuxième trimestre, alors que TikTok a sorti de nouveaux produits et formats publicitaires", a souligné Evelyn Mitchell.

D'après Insider Intelligence, Google devrait récolter près de 175 milliards d'USD de recettes publicitaires nettes en 2022, soit 29% du gâteau mondial de la pub numérique.

Les résultats d'Alphabet au deuxième trimestre "montrent une saturation du marché et un manque de contrôle des coûts qui revient les hanter", a réagi l'analyste indépendant Rob Enderle.

Le groupe américain, qui compte plus de 174.000 employés dans le monde (+21% en un an), a recruté tous azimuts pendant la pandémie, comme ses voisins de la côte ouest des États-Unis.

Mais il a récemment annoncé un ralentissement des embauches pour le reste de l'année, et même mis sur pause toutes les nouvelles offres pendant deux semaines, "afin de permettre aux équipes de déterminer leurs priorités", d'après un porte-parole.

De nombreuses autres entreprises technologiques ont décidé de licencier du personnel (dont Netflix et Twitter) ou de baisser le rythme des recrutements, comme Microsoft et Snap.


AFP/VNA/CVN

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