France
L'impression 3D pour faire dialoguer art et science à Beaubourg

Une grotte ultra-baroque, une prothèse d'oreille, des portraits-robots en relief. Leur point commun ? Avoir été fabriqués par impression 3D, une technologie protéiforme à laquelle le Centre Pompidou consacre une exposition sous le signe du dialogue entre art et science.

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Une automobile réalisée par une impimante 3D présentée à Los Angeles, le 17 mars 2016.

Ouverte jusqu'au 19 juin, "Imprimer le monde" est "une exposition à caractère prospectif, défricheur" sur le futur de la création, à travers les travaux d'une trentaine d'artistes, designers, architectes, explique Marie-Ange Brayer, commissaire de cette manifestation, avec Olivier Zeitoun.

"Imprimer le monde" est aussi la première édition d'un nouveau cycle baptisé "Mutations/Créations", lancé en septembre dernier par le président du Centre, Serge Lasvignes.

Objectif du patron de Beaubourg : retrouver l'ADN de l'établissement par "une approche plus forte des questions liées aux rapports entre technique et société". Interdisciplinarité est le maître-mot du projet, à condition qu'elle ne se limite pas aux arts et fasse le lien avec la science.

"Mutations/Créations" est aussi l'occasion de "sortir du modèle de l'exposition", souligne Serge Lasvignes et de "faire travailler étroitement ensemble" le Musée d'Art moderne, le CCI (Centre de création industrielle), tombé en désuétude, et l'Ircam (Institut de recherche et de coordination acoustique musique), rompu à la collaboration entre artistes et ingénieurs.

En analogie avec l'impression 3D, l'institut présente dans un espace dédié une œuvre multimédia utilisant l'empreinte acoustique d'un lieu - une église de Florence - captée par des micros multidirectionnels.

L'empreinte est restituée lors de la diffusion sur 48 hauts parleurs d'une pièce d'Olga Neuwirth (musique) et Tal Rosner (vidéo).

Une autre œuvre associant musique électronique et vidéo, "Jardin d'Eden" de Hyun-Ha Che et Raphaël Thibault, est également proposée.

Largement diffusée depuis une quinzaine d'années, la "fabrication additive", autre appellation de l'impression 3D, est utilisée dans de nombreux laboratoires et est courante dans des secteurs industriels comme les biotechnologies et l'aéronautique.

Étranges masques-visages

"Plusieurs centaines de mini-pièces d'un avion de ligne sont fabriquées en 3D", souligne Marie-Ange Brayer.

Le président du Centre Georges-Pompidou, Serge Lasvignes, à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

Du côté des créateurs, ce sont surtout les designers qui se sont emparés de cette technologie, désormais pratiquée avec toutes sortes de matériaux, comme la terre, les métaux, les composites... et même les cellules vivantes pour des prothèses. Et à des échelles allant du bâtiment aux nanoproduits.

À l'aide d'une machine qu'il a lui même conçue, le Néerlandais Olivier Van Herpt crée des vases en argile de grande taille, jouant sur les textures, les formes ou les surfaces.

Également originaire des Pays-Bas, Joris Laarman a "imprimé" une chaise avec du polyamide, revêtu ensuite de poudre de cuivre. Une technique également employée par Oki Sato de l'agence japonaise Nendo, dont la chaise, particulièrement légère, reprend la structure atomique du diamant.

Autre matériau utilisé, le béton. Associant robotique et dépose 3D, le tandem suisse Fabio Gramazio et Matthias Kohler construit ainsi des structures architecturales de grande dimension. L'agence française EZCT a inventé des structures en treillis de béton.

Loin des projets architecturaux, une des oeuvres les plus surprenantes est une "grotte" baroquissime, imprimée avec du sable et du liant à partir d'algorithmes reproduisant la division des cellules vivantes. "Un Gaudi numérique", dit Marie-Ange Brayer, résultat d'un maillage de 260 millions de facettes élaboré par les architectes Michael Hansmeyer et Benjamin Dillenburger.

Encore plus troublant est le travail de l'Américaine Heather Dewey-Hagborg qui collecte des mégots ou des cheveux dans des lieux publics, fait séquencer l'ADN présent sur ces artefacts par un laboratoire spécialisé qui parvient à déterminer le genre, la couleur des yeux, l'origine.

À partir de ces éléments, un logiciel conçu par l'artiste donne forme par imprimante 3D à des masques-visages à l'étrange présence.

"Mutations/Créations", dont le prochain cycle sera consacré au codage, se poursuit avec une rétrospective de l'oeuvre du designer britannique Ross Lovegrove, défenseur d'une vision globale d'un design inspiré par la nature (du 12 avril au 3 juillet).

AFP/VNA/CVN

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