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>>Un défaut de paiement provoquerait "une crise financière historique", estime Janet Yellen
La secrétaire au Trésor américaine, Janet Yellen, lors d'une audition au Sénat américain le 28 septembre |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Démocrates et républicains reconnaissent tous qu'un défaut des États-Unis provoquerait une catastrophe financière mondiale aux sévères répercussions pour les Américains et veulent à tout prix l'éviter. Mais leurs solutions pour y parvenir sont aux antipodes. Et même si le temps presse, aucun camp ne semblait mardi 28 septembre prêt à céder pour sortir de l'impasse, alors qu'en parallèle le bras de fer sur le financement des plans Biden continue au Congrès.
"Il est impératif que le Congrès règle rapidement la limite de l'endettement. Si ce n'est pas le cas, l'Amérique va faire défaut pour la première fois dans l'Histoire", s'est alarmé Janet Yellen, la secrétaire au Trésor, devant la Commission bancaire du Sénat. Dans une lettre, la ministre des Finances de Joe Biden a averti s'attendre "à ce que le Trésor se retrouve avec des ressources très limitées qui s'épuiseraient rapidement" après la date du 18 octobre.
Devant les sénateurs, elle a mis en garde contre les conséquences "désastreuses" pour l'économie américaine d'un défaut de paiement américain, jamais intervenu auparavant. Le gouvernement ne pourrait plus emprunter, payer ses factures ni les salaires des fonctionnaires. Cela "saperait la confiance dans le dollar en tant que monnaie de réserve", a-t-elle martelé.
Le pays s'étant déjà retrouvé dans une situation similaire d'impasse de la dernière heure, "nous savons qu'attendre jusqu'à la dernière minute peut nuire gravement à la confiance des entreprises et des consommateurs, augmenter les coûts d'emprunt pour les contribuables et avoir un impact négatif sur la notation de crédit des États-Unis pour les années à venir", a encore rappelé la responsable.
Sous l'administration Obama, l'impasse politique au Congrès avait conduit l'agence de notation Standard and Poor's à retirer la note "AAA" à la dette américaine, provoquant une onde de choc sur les marchés. Mardi 28 septembre, Wall Street a conclu sur un sévère repli, en route pour son pire mois depuis un an.
"N'en parlons plus"
La limite d'endettement des États-Unis, que seul le Congrès a la prérogative de relever, est entrée en vigueur le 1er août. Elle interdit aux États-Unis d'émettre de nouveaux emprunts pour se financer si le plafond actuel de 28.400 milliards de dollars n'est pas rehaussé. Les démocrates contrôlent le Congrès, mais leur majorité est trop étroite au Sénat pour outrepasser le pouvoir d'obstruction des républicains.
Or ces derniers refusent catégoriquement de voter avec eux pour leur permettre de relever le plafond de la dette car cela reviendrait, disent-ils, à donner carte blanche à Joe Biden pour ses plans d'investissements "irresponsables". Les républicains exhortent les démocrates à l'approuver seuls, en employant une manœuvre parlementaire compliquée, qui prendrait potentiellement plusieurs semaines.
Le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, a fermé cette porte mardi: "cette voie est trop risquée pour le pays, n'en parlons plus". Depuis les années 1960, le plafond de la dette a été relevé ou suspendu quelque 80 fois. Jamais un parti n'a bloqué cette mesure. Et les démocrates s'indignent du refus des républicains de poursuivre la tradition.
M. Schumer a alors tenté de demander l'unanimité dans l'hémicycle pour parvenir à suspendre le plafond de la dette à la majorité simple. Le chef des républicains Mitch McConnell s'y est opposé. En parallèle, les parlementaires doivent aussi impérativement adopter avant jeudi soir, minuit, un nouveau budget du gouvernement fédéral s'il veulent éviter que les fonds publics ne soient soudainement coupés ("shutdown").
Cette mesure fait consensus, mais a été bloquée par les républicains du Sénat lundi soir car elle était accompagnée du plafond de la dette. Les chefs démocrates du Congrès ont juré d'éviter une fermeture des services gouvernementaux, mais n'avaient pas encore proposé de nouveau texte centré uniquement sur le budget mardi 28 septembre en fin d'après-midi. Les deux projets titanesques voulus par Joe Biden, sur les infrastructures et les réformes sociales, sont pour leur part enlisés au Congrès sur fond de bataille entres démocrates.
AFP/VNA/CVN