Dans un arrêt qui a surpris les observateurs, la Cour suprême libyenne a invalidé le Parlement ainsi que toutes les décisions qu'il a prises depuis son élection le 25 juin.
Des libyens agitent le drapeau national lors d'un rassemblement, le 6 novembre |
Cette décision illustre l'extrême désordre régnant en Libye, dont la capitale Tripoli est contrôlée par une coalition de milices, Fajr Libya, et où de violents combats secouent la deuxième ville du pays, Benghazi.
"La Chambre des représentants refuse le verdict (...) et affirme qu'elle continue ses travaux, de même pour le gouvernement qui en est issu", a indiqué le Parlement dans un communiqué officiel lu en direct sur la chaîne Libya Awalan par le député Adam Abou Sakhra.
Le Parlement souligne que Tripoli, où siège la Cour suprême, est "une ville hors contrôle et gouvernée par des milices hors la loi (...)" et que la Cour suprême a donc pris cette décision "sous la menace des armes".
La mission de l'ONU en Libye (Unsmil) a de son côté indiqué par communiqué qu'elle "étudiait de près" ce jugement de la Cour, qui s'est prononcée sur un recours d'un député islamiste contestant la constitutionnalité des décisions du Parlement.
Dans son arrêt, la Cour suprême s'est aussi prononcée sur un autre recours contestant un amendement de la Constitution ayant conduit à l'élection le 25 juin du Parlement et a, de ce fait, annulé ce scrutin et toutes les décisions qui en ont découlé.
La décision est définitive, son effet immédiat et aucun recours n'est possible.
"Seule instance légitime"
Dès l'annonce de la Cour suprême, des concerts de klaxons et des tirs de joie ont résonné à Tripoli où les miliciens de Fajr Libya fêtaient leur "victoire", a constaté un photographe.
Selon l'analyste Fraj Najm, cette décision donne la "légitimité" au Parlement sortant, le Congrès général national (CGN), dominé par les islamistes et qui avait déjà repris du service sous l'impulsion de Fajr Libya.
En mars, le CGN avait été contraint d'amender la Constitution pour organiser des élections législatives, sous la pression de la rue qui contestait sa légitimité dans la mesure où son mandat devait se terminer en février.
Dans une allocution s'apparentant à un discours d'investiture, le président du CGN Nouri Abou Sahmein a appelé toutes les parties à accepter la décision de justice et demandé à la communauté internationale de changer de position à l'égard de son assemblée non reconnue.
"Nous appelons nos partenaires à rouvrir leurs ambassades à Tripoli", a-t-il dit.
Le Parlement issu des élections du 25 juin, dominé par les anti-islamistes, est contesté par Fajr Libya et par les puissants groupes islamistes qui ont pris Benghazi (Est), ville où il devait initialement siéger.
Estimant que sa sécurité ne pouvait être assurée à Benghazi, théâtre de violences quotidiennes, ce Parlement se réunit à Tobrouk, dans l'extrême est de la Libye.
AFP/VNA/CVN