La Banque d'Espagne, le 8 juin. |
Les banques espagnoles ont besoin d'au moins 40 milliards d'euros de recapitalisation pour faire face à une nouvelle détérioration de l'économie, selon un rapport du Fonds monétaire international (FMI) publié le 8 juin. Selon une responsable de l'institution, les banques auront vraisemblablement besoin de davantage de fonds pour s'assurer de l'existence d'un "pare-feu crédible" dans le pire des scénarios.
Même si le gouvernement espagnol, hostile à un plan d'aide global pour son économie, assure qu'aucune décision n'est encore prise sur une éventuelle demande d'aide pour ses banques, une réunion samedi de hauts fonctionnaires de la zone euro, consacrée à cette question, était dans l'air à Bruxelles.
"Il y aura quelque chose ce week-end, je ne sais pas encore si ce sera au niveau des ministres (européens, ndlr) ou des hauts fonctionnaires", a expliqué une source proche du dossier.
"Les esprits sont mûrs en Europe pour une aide à l'Espagne, mais pas encore en Espagne. Donc il y a une pression sur Madrid pour qu'elle demande l'aide, et la zone euro se tient prête à réagir dès que besoin, si possible dès ce week-end", a ajouté cette source.
Le vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), le Portugais Vitor Constancio, a lui demandé à Madrid d'apporter une "réponse urgente" à la question du sauvetage des banques, pour "calmer les marchés".
L'agence de notation financière Moody's a elle prévenu dans un communiqué que l'évolution de la situation de la Grèce et de l'Espagne pourrait l'inciter à abaisser la note de nombreux pays de la zone euro, y compris celle de pays bénéficiant de la note maximale Aaa, comme la France ou l'Allemagne.
Inquiet des répercussions de la crise européenne, le président américain Barack Obama a lui aussi plaidé en faveur d'une consolidation du système bancaire et d'une coordination des politiques budgétaires en Europe. "Il faut agir au plus vite pour injecter des capitaux dans les banques en difficulté", a-t-il déclaré.
Au lendemain de la lourde sanction infligée à l'Espagne par l'agence Fitch, qui a abaissé sa note de trois crans, à BBB, la Bourse de Madrid a ouvert le 8 juin sans surprise dans le rouge.
Cette tension a rejailli sur l'ensemble des Bourses européennes, confirmant que l'Espagne, quatrième économie de la zone euro, est aussi au coeur de toutes les inquiétudes.
Mais le marché espagnol est ensuite repassé dans le vert, à la faveur d'informations de presse selon lesquelles Madrid pourrait demander dès le 9 juin une aide pour ses banques, dont les détails seraient définis lors d'une conférence téléphonique de l'Eurogroupe.
"Pour l'instant, il n'y a aucune réunion de niveau ministériel prévue ni convoquée en ce moment", a réagi la porte-parole du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria.
La Commission européenne a de son côté assuré qu'elle n'avait "pas de nouvelles d'une demande d'aide financière de la part de l'Espagne" et la chancelière allemande Angela Merkel a nié toute pression en ce sens sur Madrid.
Une réunion de hauts fonctionnaires des ministères des Finances de la zone euro pourrait toutefois avoir lieu ce week-end, ont indiqué le 8 juin à l'AFP deux sources diplomatiques européennes.
Le ministre démissionnaire des Finances des Pays-Bas, Jan Kees de Jager, a lui indiqué le 8 juin qu'il "n'excluait pas" la tenue le 9 juin d'une conférence téléphonique de l'Eurogroupe.
Les marchés semblent perdre patience, espérant sans doute voir cette question réglée avant les élections grecques du 17 juin. Mais Madrid reste inflexible : "aucune décision n'a été prise, dans aucun sens", a insisté la porte-parole espagnole, car "nous attendons les chiffres que doivent nous fournir ceux qui évaluent la situation de notre système financier".
Après la publication du rapport du FMI, un audit mené par les cabinets allemand Roland Berger et américain Oliver Wyman doit être remis au plus tard le 21 juin au gouvernement.
Mais les choses pourraient bouger avant: le Conseil d'administration du FMI devait en effet se réunir le 8 juin pour adopter le rapport sur les banques espagnoles, selon une source proche du dossier interrogée par l'AFP.
L'Espagne obtiendrait ainsi, comme elle le souhaitait, une aide "sur mesure" pour ses banques et non un sauvetage global du pays, qui irait de pair avec des conditions strictes dictées par ses bailleurs de fonds internationaux.
AFP/VNA/CVN