L'Espagne prépare la prise de contrôle de la Catalogne

Le gouvernement espagnol doit annoncer samedi 21 octobre comment il veut reprendre le contrôle de la région autonome de Catalogne qui se dirige vers la sécession, après avoir reçu un soutien éclatant du roi Felipe VI et de l'Union européenne.

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Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy, le 20 octobre à Bruxelles.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le roi d'Espagne est intervenu dans cette crise, la pire qu'ait traversée le pays depuis la fin de la dictature de Francisco Franco en 1975, en assurant vendredi 20 octobre que l'État saurait face à cette "tentative inacceptable de sécession (...) avec ses institutions démocratiques légitimes".

"Nous ne voulons pas renoncer à ce que nous avons construit ensemble", a-t-il déclaré lors de la remise du Prix Princesse des Asturies, dont l'Union européenne était un des lauréats.

Lors de la même cérémonie à Oviedo, dans le Nord-Ouest de l'Espagne, le président du parlement européen Antonio Tajani a violemment dénoncé ceux qui "sèment la discorde (et) ignorent volontairement les lois", dans une allusion transparente aux dirigeants catalans qui défient l'État depuis deux ans.

Un conseil des ministres extraordinaire, convoqué pour 10h00 (08h00 GMT), devait décider de prendre en mains certaines compétences dévolues à la Catalogne, en application d'un article jamais encore utilisé de la Constitution de 1978.

Le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy devait dévoiler à la mi-journée les mesures qu'il a longuement négociées avec le Parti socialiste (PSOE), principale force d'opposition, et ses alliés centristes de Ciudadanos. Elles seront ensuite soumises à l'approbation du Sénat, attendue pour la fin octobre.

Logiquement, Madrid devrait prendre le contrôle de la police régionale, les Mossos d'Esquadra, dont le chef a été inculpé de sédition pour ne pas avoir empêché un référendum d'autodétermination le 1er octobre.

Risque de mobilisation populaire

Tous sont conscients de la mobilisation populaire que risque de susciter la suspension des prérogatives d'une région très jalouse de son autonomie, même si la population est divisée sur la question de l'indépendance.

Le roi d'Espagne Felipe VI, le 20 octobre à Oviedo.
Photo : AFP/VNA/CVN

Une grande manifestation était d'ailleurs prévue à 17h00 (15h00 GMT) à Barcelone pour réclamer la libération de deux leaders indépendantistes.

Aussi Madrid insiste-t-il sur le fait que ces mesures seront limitées, temporaires et doivent déboucher à court terme sur de nouvelles élections régionales. Le PSOE souhaiterait les organiser dès la fin janvier.

Sommé de revenir à la légalité, le chef du gouvernement catalan Carles Puigdemont a au contraire menacé de faire proclamer formellement l'indépendance de cette région de 7,5 millions d'habitants si son autonomie était suspendue.

M. Puigdemont et son cabinet indépendantiste affirment avoir un mandat pour faire sécession, après avoir organisé un référendum d'autodétermination interdit par la justice.

D'après eux, plus de 2 millions de Catalans, soit 43% de l'électorat, ont voté à 90% oui à l'indépendance malgré des interventions parfois violentes de la police pour les en empêcher.

Après ce scrutin, M. Puigdemont avait fait une déclaration ambigüe sur l'indépendance, annonçant immédiatement qu'il en suspendait les effets.

Mais c'est le Parlement catalan, où il dispose avec ses alliés d'une courte majorité de 72 sièges sur 135, qui devrait formellement proclamer la "République de Catalogne".

Le même parlement avait lancé dès novembre 2015 le processus de rupture avec l'Espagne avec pour objectif d'instaurer une république indépendante au plus tard en 2017, annonçant qu'il ne reconnaissait plus les décisions de la cour constitutionnelle.

Un homme montre un enveloppe contenant 155 euros, qu'il vient de retirer d'une banque en signe de protestation contre le gouvernement espagnol, à Barcelone, le 20 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

'Chaos infernal'

L’aile dure de la coalition pousse Carles Puigdemont, un ancien journaliste de 54 ans coiffé à la Beatles, à consommer la rupture, mais il temporise devant l'impact économique de la crise et le manque d'appuis à l'étranger.

La France et l'Allemagne ont fermement condamné ses efforts de sécession et l'UE répète qu'elle ne reconnaîtrait pas l'indépendance de la Catalogne, qui quitterait automatiquement l'Union.

M. Tajani a rappelé que "trop souvent par le passé la perspective de changer les frontières a été présentée comme une panacée divine et s'est transformée en un chaos infernal".

Emmenées par les deux plus grandes banques catalanes, Caixabank et Sabadell, près de 1.200 entreprises ont transféré leur siège social hors de Catalogne, les investissements sont suspendus et les réservations d'hôtel chutent dans la région la plus touristique du pays.

Les dirigeants séparatistes promettaient depuis des années à leurs électeurs qu'une Catalogne indépendante serait reconnue par l'UE et prospérerait quand elle ne paierait plus d'impôts à Madrid.

AFP/VNA/CVN

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