Japon : dernier jour de campagne, Abe en tête

La campagne des législatives anticipées au Japon était engagée samedi 21 octobre dans sa dernière journée, vers ce que les estimations donnent comme une large victoire dimanche 22 octobre du parti du chef du gouvernement Shinzo Abe.

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Le Premier ministre Shinzo Abe fait campagne à Tokyo le 20 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le Premier ministre nationaliste semble en passe de gagner haut la main son pari, en s'assurant un nouveau mandat à la tête de la troisième économie du monde dans un contexte de menaces de la RPD de Corée, qui parle de "couler" l'archipel, au-dessus duquel elle a déjà fait voler des missiles.

Les discours, ainsi que les tournées dans les ruelles des quartiers résidentiels des typiques camionnettes surplombées de hauts parleurs et ornées de photos de politiques, pourront se poursuivre jusque 20h00 (11h00 GMT).

La coalition du Parti libéral démocrate (PLD, droite) de M. Abe avec le parti Komeito devrait remporter environ 300 des 465 sièges de l'assemblée, selon une projection publiée vendredi par le quotidien économique Nikkei.

M. Abe atteindrait le record de longévité d'un Premier ministre japonais, s'il remporte la présidence de son parti en septembre.

Face à lui, le Parti de l'espoir (droite) de la charismatique gouverneure de Tokyo Yuriko Koike et le Parti démocrate constitutionnel (centre gauche), fraîchement créés, obtiendraient chacun une cinquantaine de sièges.

Rivale à Paris

Pris dans des scandales de favoritisme qui ont pesé sur sa cote de popularité, affaibli par une défaite historique de son parti à l'assemblée de la ville de Tokyo en juillet face à Mme Koike, M. Abe, 63 ans, a joué fin septembre la carte de la dissolution de la chambre basse, plus d'un an avant le scrutin prévu.

Il prenait ainsi de court une opposition faible et morcelée pour tenter de faire peau neuve, et obtenir un soutien à sa fermeté affichée vis-à-vis de la RPD de Corée et à sa politique de relance économique ("abenomics").

La gouverneure de Tokyo Yuriko Koike à Saitama le 18 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Mais le coup de théâtre est venu de Mme Koike qui, quelques heures avant l'annonce officielle des législatives anticipées, a déclaré qu'elle prenait la tête d'un nouveau mouvement politique.

Cette femme de droite de 65 ans, ex-vedette de la télévision au sens aigu de la communication, ancienne ministre de M. Abe et elle aussi nationaliste, a ainsi, en quelques semaines, animé une scène politique japonaise léthargique et précipité sa recomposition.

Le principal parti d'opposition, le Parti démocrate, s'est défait. Un grand nombre de ses membres s'est dirigé vers le Parti de l'espoir, tandis qu'un ex-ténor, Yukio Edano, défenseur de son aile gauche, créait le Parti démocrate constitutionnel du Japon.

Mais Mme Koike a perdu de son élan, les électeurs se sentant déroutés par sa décision de ne pas se présenter, ce qui lui enlève toute chance de devenir cheffe du gouvernement, à l'issue de ce scrutin. La Constitution japonaise impose en effet que le Premier ministre soit choisi parmi les députés ou sénateurs.

Elle devait d'ailleurs se trouver dimanche 22 octobre à quelque 10.000 km, à Paris, où elle doit participer à des réunions d'une quarantaine de maires de grandes villes du monde sur le changement climatique.

Amender la Constitution ?

"Tout parti, pour être crédible, doit avoir un candidat au poste de Premier ministre. Ce devait être elle. Or elle a reculé et l'on a un navire soudain sans capitaine", a déclaré Michael Cucek, professeur à l'Université Temple de Tokyo.

Il lui est reproché aussi de ne pas présenter de programme très concret et différent de celui du PLD, au pouvoir de façon quasi ininterrompue depuis 1955.

Face au vieillissement de la population, à la déflation qui mine l'économie depuis deux décennies et à une croissance poussive, M. Abe vante ses "abenomics" faits de largesses budgétaires et d'une politique monétaire consistant à alimenter le marché en liquidités.

Yuriko Koike lui a opposé ce qu'elle a appelé en clin d’œil les "yurinomics", lui reprochant de ne pas mener de front des réformes structurelles et promettant de geler un projet de hausse de deux points de la TVA, à 10%. Elle se distingue aussi par sa volonté de mettre fin au nucléaire après le traumatisme de l'accident de la centrale de Fukushima en 2011.

Elle est comme M. Abe favorable à un amendement de la Constitution pacifiste, dictée en 1947 par les États-Unis après la reddition du Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale et dont l'article 9 consacre la renonciation "à jamais" à la guerre. Le Parti démocrate constitutionnel est contre.

AFP/VNA/CVN

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