Les sols en France menacés par l'érosion et les pollutions

Un quart des sols en France sont affectés par l'érosion, s'inquiètent les experts qui dénoncent également le bétonnage du territoire et la pollution d'origine agricole ou industrielle, alors que l'Europe peine à accoucher d'une directive sur la protection des sols.

L'érosion est "une des menaces les plus importantes" pour la qualité des sols car elle entraîne une "perte irréversible", a souligné le 9 février Dominique Arrouays, directeur de l'unité Infosol à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA).

La vitesse de formation des sols est très lente en France - environ 100 kilos de terre par hectare et par an, et "si on en perd plus, ce n'est pas durable", a-t-il expliqué lors d'une réunion organisée par l'Association des journalistes de l'environnement (AJE).

Actuellement, environ 25% des sols français sont menacés d'érosion, particulièrement les grandes plaines limoneuses du Nord, mais "on n'a pas de suivi de la quantité de sol perdue chaque année au niveau du territoire français", a-t-il regretté.

Autre menace, le bétonnage du territoire du à l'étalement urbain, la construction de routes et autoroutes, de supermarchés et de zones industrielles, qui revient à imperméabiliser les sols, les empêchant ainsi de filtrer l'eau, une de leurs fonctions essentielles.

"Quelque 60.000 ha disparaissent sous le béton chaque année en France", s'est alarmé Dominique Arrouays.

La pollution des sols liée au développement de l'agriculture intensive et leur contamination par des métaux lourds - cadmium, mercure, zinc - dans les zones industrielles (bassin minier du Nord-Pas-de-Calais) ou très urbanisées (région parisienne), sont également préoccupantes.

Pour autant, "il n'y a pas de sols contaminés au point de devoir alerter la population sur l'ensemble de la France", a nuancé le chercheur de l'INRA. Mais "on a très peu de données sur certaines contaminations par des polluants organiques persistants de type dioxine, car elles sont difficiles à mesurer", a-t-il indiqué, regrettant un manque de moyens.

Les scientifiques s'inquiètent également de la biodiversité des sols qui abritent plusieurs milliards d'organismes vivants dont seulement 5% sont connus. "Notre connaissance des sols est imparfaite", a reconnu Didier Rat, chargé de mission sols au ministère de l'Agriculture.

Un Groupement d'intérêt scientifique sol (GIS Sol) a été créé en France en 2001 sous l'égide des ministères de l'Agriculture et de l'Écologie afin de mettre sur pied un système d'information : cartographie, inventaire et banque de données sont en cours.

Les sols ne font cependant pas encore l'objet d'une "réglementation euro- péenne globale et cohérente", a-t-il regretté, alors qu'il existe des directives sur l'air et l'eau.

En décembre 2007, un projet de législation européenne sur la protection des sols, qui visait notamment à recenser tous les sites poten- tiellement contaminés, a été bloqué par la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et les Pays-Bas.

"La France n'est pas opposée au principe", a souligné Didier Rat. Mais le projet de directive visait à établir "l'exhaustivité des sites pollués, ce qui était trop contraignant", a-t-il indiqué, invoquant un manque de moyens financiers et humains.

AFP/VNA/CVN

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