Les manifestations anti-confinement se multiplient aux États-Unis

Du New Hampshire à la Californie, en passant par le Texas ou l'Ohio, des manifestants souvent pro-Trump ont réclamé samedi 18 avril la fin du confinement face au coronavirus, encouragés par le président américain qui a estimé que certains gouverneurs étaient "allés trop loin" dans les restrictions.

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Des centaines de personnes ont manifesté contre le confinement devant le Parlement de Concord, dans le New Hampshire, le 18 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Des manifestants étaient environ 400 à manifester, à pied ou depuis leur voiture, devant le Parlement de Concord, capitale du petit État du New Hampshire (1,3 million d'habitants), relativement épargné par l'épidémie avec 1.287 cas confirmés et 37 morts du coronavirus vendredi 17 avril. Le gouverneur républicain, Chris Sununu, y a ordonné un confinement au moins jusqu'au 4 mai.

"Les chiffres mentent" ou "Rouvrez le N.H.", proclamaient certaines pancartes brandies par les manifestants. Parmi eux figuraient des hommes armés et cagoulés, et des manifestants portant des casquettes pro-Trump.

"Les gens sont tout à fait prêts à faire ce qu'il faut", mais "les chiffres ne justifient pas les mesures de confinement draconiennes que nous avons dans le New Hampshire", a indiqué Skip Murphy, 63 ans, qui votera pour réélire Donald Trump lors de la présidentielle de novembre.

À Annapolis, capitale du Maryland, les manifestants restaient en voiture, et l'AFP en a vu environ 200 défiler devant le Parlement local. "La pauvreté tue aussi", disait une pancarte, "Je n'obéirai pas à des décrets illégaux", affirmait une autre.

À Austin, capitale du Texas où le gouverneur républicain Greg Abbott a annoncé la réouverture des parcs et de certaines activités lundi, environ 250 personnes ont répondu à l'appel à manifester des responsables du site d'extrême droite Infowars, connu pour ses thèses complotistes. Leurs slogans dénonçaient notamment "l'effondrement économique" précipité par l'arrêt de toutes les activités non "essentielles".

Le fondateur d'Infowars Alex Jones (centre) a participé à la manifestation contre le confinement à Austin, au Texas, le 18 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Alex Jones, fondateur d'Infowars présent à cette manifestation, a été salué par des hourras de la foule.

Des manifestations ont aussi eu lieu à Columbus (Ohio), à San Diego, en Californie, a constaté l'AFP, ou encore dans l'Indiana, le Nevada ou le Wisconsin, selon des médias locaux.

Partout, les manifestants, brandissant souvent des drapeaux américains, semblaient ignorer les consignes de distanciation sociale.

"Science défaillante"

Si ces rassemblements semblaient réunir avant tout des conservateurs partisans de Donald Trump, certains participants ont souligné que leurs motivations étaient surtout économiques.

Dolores, une coiffeuse qui manifestait à Annapolis, a expliqué ne plus pouvoir travailler ni toucher aucune aide gouvernementale, car elle est employeuse et non employée.

Des gens manifestent contre le confinement depuis leur voiture, à Annapolis, capitale du Maryland, le 18 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Il faut que je sauve mes affaires, je dois travailler pour vivre, sinon je vais mourir", a-t-elle dit.

"Nous avons aux États-Unis des droits constitutionnels", a souligné Amira Abuzeid, mère au foyer à Austin. "Les gens ont le droit de travailler, ils ont le droit de manger, ils ont le droit de se réunir librement, et ces droits ne peuvent pas être retirés sur la base d'une science défaillante", a-t-elle ajouté.

Bien que les manifestants soient généralement peu nombreux, de tels rassemblements se sont multipliés ces derniers jours aux États-Unis, pays le plus frappé par le coronavirus avec plus de 730.000 cas confirmés et 38.000 morts.

La plus importante s'est déroulée mercredi 15 avril à Lansing, capitale du Michigan, où quelque 3.000 personnes ont vilipendé le confinement ordonné par la gouverneure démocrate Gretchen Whitmer.

Donald Trump, qui ne cache pas sa hâte de "rouvrir" l'économie du pays même s'il a indiqué qu'il laisserait les gouverneurs de chaque État décider quand lever les restrictions, avait appelé vendredi 17 avril à "libérer" du confinement trois États gérés par des gouverneurs démocrates - Michigan, Minnesota et Virginie.

Interrogé samedi 18 avril sur ces manifestations, il a estimé que "certains gouverneurs étaient allés trop loin". Il a aussi félicité les gouverneurs du Texas et du Vermont, deux Républicains, pour avoir "autorisé certaines activités à reprendre lundi, tout en exigeant les mesures adéquates de distanciation sociale".

Le gouverneur de l'État de New York, le plus touché par l'épidémie avec près du tiers des cas confirmés américains et un ordre de confinement en vigueur jusqu'à mi-mai, a estimé samedi 18 avril que certains États, moins affectés, pouvaient légitimement commencer à relâcher les restrictions.

"Les chiffres dictent les stratégies", a indiqué le gouverneur Andrew Cuomo.

Mais alors qu'un récent sondage de l'institut Pew montre que deux-tiers des Américains s'inquiètent d'une levée trop rapide des restrictions, il a implicitement critiqué l'attitude de Donald Trump et ses encouragements à manifester.

Le confinement est "émotionnellement difficile, et économiquement désastreux", a souligné M. Cuomo. Mais "comment la situation peut-elle empirer, et empirer rapidement ? Si vous politisez toute cette émotion. Nous ne pouvons pas nous le permettre," a-t-il martelé.

AFP/VNA/CVN

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