Les Kirghizes aux urnes pour une élection présidentielle inédite

Les Kirghizes se rendaient aux urnes dimanche 15 octobre pour une élection qui devrait aboutir à la première passation de pouvoir pacifique entre deux présidents élus, un test pour la démocratie dans ce pays d'Asie centrale.

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Une femme passe devant une affiche de campagne du candidat à l'élection présidentielle Sooronbai Jeenbekov, à Bishkek au Kirghizstan.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les bureaux de vote ont ouvert à 08H00 (02H00 GMT) et devaient fermer à 20H00 (14H00 GMT) dans ce pays de 5,7 millions d'habitants, pour une élection présidentielle qui s'annonce serrée. Onze candidats sont en lice et un second tour devrait être nécessaire pour départager les deux favoris, les ex-Premiers ministres Sooronbaï Jeenbekov et Omourbek Babanov.

Deux heures après l'ouverture des bureaux de vote, la participation était d'environ 7,5%, selon les autorités. À Bichkek, des électeurs prenaient des selfies avec M. Jeenbekov, le candidat soutenu par le président sortant, et son principal rival, M. Babanov. Mais l'atmosphère, plutôt festive, a été plombée par l'annonce dimanche de l'arrestation d'un ancien député que les services de sécurité accusent d'avoir voulu provoquer des troubles après l'annonce des résultats.

De quoi dissuader certains électeurs d'aller voter. "Je ne vais pas aller voter", a expliqué à l'AFP Valeri Kirlilenko, chauffeur de taxi à Bichkek. "J'ai entendu dire qu'il y aurait des troubles en cas de défaite de tel ou tel candidat".

Devant une affiche de campagne du candidat à l'élection présidentielle Omourbek Babanov, à Prokhladnoye au Kirghizstan, le 12 octobre 2017.
Photo : AFP/VNA/CVN

Secoué par deux révolutions en 25 ans d'indépendance, qui ont vu la chute du chef de l'État en place en 2005 puis en 2010, et par plusieurs épisodes de violences ethniques, le Kirghizstan est dirigé depuis 2011 par Almazbek Atambaïev qui, selon la Constitution, n'a pas le droit de se représenter.

Sous sa présidence, le Kirghizstan s'est politiquement rapproché de la Russie tout en cherchant du côté de la Chine un soutien économique vital pour le développement du pays. Le mandat de M. Atambaïev a été épargné par la violence, mais n'a pas été exempt de mesures répressives et de tensions à l'approche de l'élection.

"Façade démocratique"

Le président en poste s'est clairement prononcé en faveur de Sooronbaï Jeenbekov, candidat du Parti social-démocrate du Kirghizstan. Dimanche 15 octobre, M. Jeenbekov a dit avoir voté "pour la stabilité". Son principal adversaire est le charismatique député Omourbek Babanov, 47 ans, lui aussi un ex-Premier ministre. Il a fait fortune dans le pétrole est considéré comme l'un des hommes les plus riches du pays et est régulièrement critiqué par M. Atambaïev.

Ce dernier a affirmé dimanche 15 octobre que les autorités "ont emprisonné et continueront d'emprisonner" les responsables politiques qui préparent des troubles après la fermeture des bureaux de vote, "pour qu'ils ne gâchent pas notre fête. Les élections doivent être une fête".

Deux membres d'une commission électorale locale portent une urne pour un vote à domicile à la présidentielle au Kirghizstan à Bichkek, le 14 octobre 2017.
Photo : AFP/VNA/CVN

Omourbek Babanov s'est dit, lui, "totalement confiant" dans sa victoire. Mais il a aussi accusé les services de sécurité de "préparer des provocations" pour influencer le résultat du scrutin. Bermet Ulanova, 39 ans, a assuré avoir voté pour M. Babanov "parce qu'il est riche, qu'il a du succès, qu'il est dynamique et qu'il est beau. Il avait un bon programme".

La vie politique kirghize contraste avec celle de ses voisins d'Asie centrale, où le règne à vie de présidents autoritaires est la règle. Mais "si elle est mal gérée, cette élection pourrait faire voler en éclat la façade démocratique du Kirghizstan", prévient Deirdre Tynan, directrice pour l'Asie centrale du centre d'études International Crisis Group.

Vote à domicile pour la présidentielle au Kirghizstan à Bichkek, le 14 octobre 2017.

Les divisions régionales devraient jouer un rôle clé dans l'élection. M. Babanov espère remporter les voix de sa province natale de Talas, dans le nord-ouest, tandis que Sooronbaï Jeenbekov attend un fort soutien des électeurs de sa région d'Och, dans le Sud.

La popularité de plusieurs autres candidats, de Temir Sariyev - un autre ex-Premier ministre - au nationaliste Adakhan Madoumarov, réduit la possibilité de voir un des deux favoris obtenir plus de 50% des voix, ce qui rend probable la tenue d'un second tour. Le vote de la minorité ouzbèke, qui avait été particulièrement visée lors des violences ethniques de 2010, pourrait aussi être crucial.


AFP/VNA/CVN

 

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