Les JO-2024 à Paris : Hollande dit oui, mais Hidalgo freine

Cent ans après, les jeux Olympiques de retour à Paris en 2024? C'est le souhait de François Hollande, mais la maire de Paris, Anne Hidalgo, a recadré le chef de l'État, semblant plus intéressée par un projet d'Expo universelle 2025.

"Je suis favorable à ce que la ville de Paris, si elle le décide, présente sa candidature pour les jeux Olympiques" : jeudi soir 5 novembre, lors de son intervention télévisée, le chef de l'État a donné un sérieux coup de pouce au dossier Paris-2024.

La maire de Paris, Anne Hidalgo, le 14 octobre 2014 à Paris

Mais les JO, c'est d'abord la candidature d'une ville. Et Paris, sa nouvelle maire, Anne Hidalgo en tête, ne semble pas pressée de partir une nouvelle fois au combat olympique, après deux échecs successifs : face à Pékin pour 2008 puis Londres pour 2012. "Rien ni personne ne me fera changer de calendrier et de méthode, en ce qui concerne notamment la candidature de Paris aux jeux Olympiques, d'ailleurs 2024 ou 2028", a asséné Mme Hidalgo vendredi 7 novembre en fin de matinée, en des termes peu diplomatiques.

Et la maire de Paris de rappeler que l'étude d'opportunité lancée par le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) était attendue en janvier: "Je me tiendrai à ce calendrier et j'invite chacune et chacun à le respecter, (...) je ne suis pas pour des décisions hâtives prises sous le coup de l'émotion".

Rappelant que Paris avait échoué par trois fois à accueillir les Jeux (1992, 2008 et 2012) depuis la dernière visite des anneaux olympiques dans la capitale, en 1924, elle s'est refusée à une "course au toujours plus" : "Avoir des rêves, c'est bien, les réaliser, c'est encore mieux".

Valls : "Ne polémiquons pas"

"Nous avons le temps d'en parler avec la ville (de Paris) et avec le mouvement sportif. Ne polémiquons pas aujourd'hui", a arbitré de son côté le Premier ministre, Manuel Valls, depuis la Serbie.

Cette tiédeur affichée pour les Jeux du côté de l'Hôtel de ville transparaissait déjà dans la feuille de route 2014-2020 annoncée en mai : les JO de Paris-2024 n'étaient pas mentionnés au contraire du projet d'Exposition universelle 2025. Au passage, vendredi 7 novembre, Mme Hidalgo a d'ailleurs rappelé être favorable à un retour d'une telle Expo à Paris, après les éditions 1889 - celle qui avait donné la Tour Eiffel - puis 1900.

"Les JO et l'Expo universelle sont deux événements différents", a souligné Patrick Kanner, le ministre des Sports, en qualifiant de "pertinente" une candidature Paris-2024 : "Les rapprochements vont se faire avec Anne Hidalgo. Il ne s'agit pas de contraindre mais de convaincre".

"Les JO plus l'Exposition universelle quasiment la même année c'est encore l'expression de l'irréalisme du président de la République", a déploré de son côté François Fillon sur RTL.

Verdict du CIO : septembre 2017

La France n'a pas accueilli les Jeux depuis 1992 et les JO d'hiver d'Albertville. Après les échecs de Lille-2004 face à Athènes, de Paris-1992, de Paris-2008 et de Paris-2012, et surtout la déculottée d'Annecy-2018 pour les JO d'hiver (7 voix sur 95 seulement!), le mouvement olympique français ne veut plus se précipiter.

"Nous ne sommes pas encore en phase de décision sur la candidature", a rappelé vendredi 7 novembre Denis Masseglia, le président du CNOSF, depuis Bangkok. La décision définitive sera prise "au cours de l'été 2015", a rappelé le patron de l'olympisme tricolore.

Une certitude : "Le dossier 2024, 2028 ou 2032 ne ressemblera en rien à Paris-2012", avait affirmé dès le mois de mai Jean-Luc Rougé, président du judo français et vice-président du CNOSF : "Ce sera celui du Grand Paris, ça n'aura rien à voir".

"Nous sommes prêts à relever le défi" : vendredi 7 novembre Jean-Paul Huchon, le président socialiste de la région Ile-de-France, s'est ainsi rangé dans le camp des pro-JO, preuve que la question d'une candidature parisienne intéresse au-delà du périphérique.

Paris-2024 aura quoi qu'il en soit des adversaires de taille : Hambourg ou Berlin sont intéressés en Allemagne, Boston, San Francisco, Los Angeles et Washington côté américain, Milan ou Rome en Italie.

Dépôt de candidature au plus tard en septembre 2015, décision finale du Comité international olympique (CIO) le 15 septembre 2017 : le vote des Français aura auparavant décidé, lors de la présidentielle 2017, quel sera l'hôte de l'Élysée à savourer peut-être enfin un succès olympique, ou à encaisser un nouvel échec.

AFP/VNA/CVN

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