>>Un château en Corrèze pour un peu plus de 11 euros et la bonne cause
Jonathan Attias, 34 ans, Caroline Perez, 35 ans, et leurs deux filles devant leur cabane à Chasteaux (Corrèze), le 23 avril 2021. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
À Chasteaux, 800 habitants, aux confins de la Corrèze, du Lot et de la Dordogne, la cabane de Jonathan Attias, 34 ans et Caroline Perez, 35 ans, est en bois avec des murs en paille, recouverts de terre glaise locale.
Le confort est sommaire. À l'intérieur, un lit superposé pour le couple et leurs deux filles de 6 et 2 ans, un coin pour se laver avec de l’eau de source, un autre pour la vaisselle, un espace repas. À l’extérieur, un four solaire.
Ils habitaient Paris avec un avenir tout tracé, lui dans la production, elle manager dans le domaine du luxe. “Toutes les portes s’ouvraient pour nous professionnellement”, dit Jonathan.
Mais, persuadés de l’effondrement prochain de la société, ils ont préféré partir, en octobre 2018, en quête d’un "confort intérieur", constatant "l’échec de l’écologie citadine".
"Il fallait passer à l’expérimentation de cette nature. On pense toujours à réduire notre impact sur la planète or, on peut aussi arranger les choses", assure Jonathan, "aggrader (améliorer) l’environnement plutôt que de le dégrader, préserver l’écosystème, le régénérer. Tout en s’opposant, s’il le faut, aux lois injustes et inadaptées, responsables de l’écocide actuel".
De là est née la “désobéissance fertile”, développée en livre et en vidéos sur internet. “L’homme, source des pollutions, peut être à l’origine des solutions”, assure celui qui, aujourd’hui encore, donne quelques cours de communication politique à l’université de Paris-Cergy. Caroline est devenue doula, une personne qui accompagne les femmes enceintes.
"Faire évoluer la société"
Jonathan Attias, 34 ans, Caroline Perez, 35 ans, et leurs deux filles dans leur cabane à Chasteaux (Corrèze), le 23 avril 2021. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Depuis deux ans et demi, ils vivent au rythme des saisons, nettoient leur linge dans une machine à laver recyclée dont le tambour est activé par un vélo d’appartement.
Parfois, ils plongent dans une eau de source à 13 degrés, ont appris à se passer de viande, mangent des produits du potager commun quand ils ne vont pas...à Biocoop. “Nous ne sommes pas encore totalement autonomes", reconnaissent-ils.
À Chasteaux, ils sont une dizaine, comme eux, à vivre ainsi sur des terres agricoles, se retrouvant pour des chantiers collectifs ou des moments festifs.
"Des dizaines de milliers de personnes vivent comme nous en France en dehors des radars, cachés dans la nature, sans respecter les lois", assure Jonathan, mais "nous, nous avons décidé de ne pas nous cacher pour faire évoluer la société".
Un mode de vie qui n’est pas du goût du maire, qui a engagé une procédure d'expulsion, comme des voisins. "Ils vivent sur des terrains agricoles, donc non constructibles", s'insurge Jean-Paul Fronty (DVG), "les autres habitants se voient imposer des normes en matière d'urbanisme et eux auraient le droit de faire n'importe quoi?".
"Nous avons tenté de discuter plusieurs fois, mais si l’on n'est pas d'accord avec eux, ce n'est même pas la peine", ajoute-t-il.
"Les gens devraient avoir peur de ce qui nous attend si l’on ne fait rien, plus que de ces lois" qui "empêchent l'installation en habitat léger alors même que le secteur de la construction est responsable de 10% des gaz à effet de serre dans le monde", rétorque Jonathan Attias qui veut "un débat de société sur l'urbanisme. La loi nous interdit de vivre écologiquement".
De son côté, Caroline dénonce une "écologie hyper intellectuelle. Il était temps de retourner au sauvage. On ne regrette en rien nos modes de vie urbains", assure la jeune femme tout en façonnant, au couteau, une cuillère en bois dans un morceau de frêne.
"Nous ne sommes pas des babas cool, encore moins des ermites. Nous voulons vivre en harmonie avec la nature et avec l’homme. Notre fille aînée va à l’école. Ici, elle a une vie saine et heureuse. Ce choix, c'est aussi pour nos enfants".