Élections en Espagne
Les "indignés" aux portes de Madrid et de Barcelone

Les Espagnols ont adressé dimanche soir 24 mai un sévère avertissement à l'establishment politique, entrouvrant les portes de Barcelone et de Madrid aux "indignés", à l'issue d'élections municipales et régionales où l'antilibéral Podemos a globalement confirmé sa troisième place.

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À Barcelone, la liste de la militante anti-expulsion Ada Colau est arrivée en tête devant celle du maire sortant Xavier Trias, un nationaliste conservateur : elle a obtenu onze sièges contre dix pour celui-ci, cinq pour Ciudadanos (centre droit) et quatre pour le Parti socialiste catalan.
À Madrid, la liste "Ahora Madrid" de Manuela Carmena, comprenant notamment Podemos, est deuxième après celle du Parti populaire (20 conseillers contre 21 conseillers) mais pourrait gouverner avec l'appui du Parti socialiste (neuf sièges), Ciudadanos arrivant quatrième (sept sièges).
Ada Colau, dirigeante de "Barcelona en Comu" célèbre les résultats du premier tour lors d'une conférence de presse le 24 mai. Photo : AFP/VNA/CVN

Dimanche soir 24 mai peu avant minuit, la liesse a gagné les partisans de cette ancienne juge de 71 ans qui ont fêté ce qu'ils considèrent comme une victoire, dans cette capitale de l'Espagne tenue par la droite depuis 23 ans, berceau du mouvement des "indignés" contre la corruption et l'austérité.
"Un changement imparable"
Non loin du musée du Prado, ils hurlaient de joie en écoutant l'ex-magistrate évoquer un moment "extraordinaire" après une campagne financée par les seuls dons des militants.
"C'est merveilleux, enfin cette ville cessera d'être triste", se réjouissait Nacho Lopez, un acteur de 38 ans, dénonçant la politique "revancharde" de la droite face à la culture.
Pendant ce temps à Barcelone d'autres fêtaient la victoire de la liste d'Ada Colau, 41 ans, égérie des "indignés", soutenue par Podemos comme Manuela Carmena et qui, comme elle, avait hésité à se lancer en politique.
"L'espoir a gagné, le désir de changement a vaincu la campagne de la peur, de la résignation", a-t-elle dit avec des larmes de joie.
"J'ai toujours été dans le camp des perdants, je n'ai pas l'habitude de gagner, c'est étrange", déclarait un de ses fans, Fernando Ramos, 63 ans, avant d'assurer que le mouvement des "indignés" a été "un moteur de changement qui ne s'arrêtera pas ici".
Pactes en vue
"Nous devrions gouverner sauf en cas d'accord entre partis", a expliqué la rivale de Manuela Carmena, Esperanza Aguirre.
"Si la seule façon que le PP parte c'est de conclure un accord", Manuela Carmena devrait le faire, "mais elle respectera toujours son programme, j'ai confiance en elle", affirmait une électrice de 50 ans, Ana Prada, qui disait avoir voté "pour la première fois avec joie".
"La prochaine législature municipale et régionale sera celle du dialogue et des accords", a dit Carlos Floriano, un des dirigeants du PP, semblant entendre le message.
Pedro Sanchez, secrétaire général du Parti socialiste, a lui estimé que les Espagnols avaient montré qu'ils voulaient un coup de barre à gauche, assurant qu'il appartiendra à son mouvement de faire en sorte qu'il y ait "des gouvernements progressistes" et "un changement sûr".
Podemos, créé en janvier 2014 par un groupe d'enseignants en sciences politiques, a d'ailleurs gagné une troisième place dans douze régions. "Les partis au pouvoir ont eu les pires résultats de leur histoire", a réagi fièrement Pablo Iglesias, son leader, promettant "un changement irréversible".
L'autre nouvelle formation nationale, Ciudadanos, parti de centre droit né en Catalogne, s'est présentée dans un millier de mairies et a pu se hisser à la troisième place au niveau municipal avec un discours moderne, favorable aux entrepreneurs, implacable sur la corruption.
Ces résultats ne faciliteront pas la tâche de la droite au pouvoir, qui se prépare à un autre marathon en vue d'élections législatives prévues à la fin de l'année.

AFP/VNA/CVN

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