Les Français sont fans de reptiles... mais gare aux fugues !

Envie d’un animal de compagnie, mais pas le temps de le promener matin et soir ? Les serpents sont pour vous, des animaux silencieux et propres, certes peu câlins, mais déjà adoptés par quelque 200.000 particuliers en France.

Les Français sont champions d’Europe des animaux de compagnie : un sur deux a un chien ou un chat. Mais 1,3% vivent avec des serpents, lézards, tortues, caméléons, qui parfois leur échappent.

 

Karim Daoues, fondateur de la Ferme Tropicale, avec quelques pythons royaux, animal de compagnie populaire. 

«Les gens prennent un serpent par fascination, l’animal provoque de l’attraction ou de la répulsion», raconte Karim Daoues, fondateur à Paris de la Ferme Tropicale, une animalerie exotique.

Mais gare aux fugues : il se retrouve à héberger les reptiles qui ont pris la poudre d’escampette. «Je récupère toutes les semaines des serpents échappés que les pompiers m’amènent. On me confie les animaux pour dix jours le temps de trouver les maîtres mais je les garde un mois», dit-il.

Ainsi, ce «serpent des blés» (Pantherophis guttatus), qui digère une souris dans son vivarium: «Elle a été trouvée par les pompiers à Paris le 19 août et m’a été confiée dans l’attente de la restituer à son propriétaire», dit M. Daoues. «On récupère surtout des serpents qui se sont échappés. L’animal ayant une valeur marchande, il n’est quasiment jamais abandonné», témoigne le professionnel animalier.

Mais dans son magasin de 700 m², des milliers d’animaux exotiques, autres que les serpents, sont proposés à la vente : lézards, tortues, iguanes et grenouilles. «Le lézard est considéré davantage comme un animal de compagnie. Le rapport avec la tortue est liée à l’enfance et pour la grenouille l’approche est écologique», juge-t-il.

Emmanuel Rivaux, un pharmacien parisien, s’est découvert, lui, une passion pour les caméléons, dont il apprécie de caractère placide. «Au début, j’en ai acheté un pour mon fils. J’ai été séduit par cet animal qui demande peu d’entretien et peu de responsabilité émotionnelle mais offre un spectacle au quotidien».

Ni caresses, ni liberté

Selon M. Daoues, «les possesseurs de reptiles sont Monsieur et Madame Tout le monde». Plutôt Monsieur d’ailleurs. Des citadins en général, en mal de contact avec la nature : «C’est une passion qui est urbaine car on est coupé de la nature en ville».

 

Un gecko à crête, animal populaire parmi les terrariophiles pour son élevage  relativement aisé et son caractère peu farouche.

Ses conseils ? Ne pas laisser les reptiles vagabonder dans la maison. «Ils ne doivent pas vivre en liberté mais dans un environnement recomposé artificiellement». Ces animaux à sang froid ne doivent pas non plus être trop manipulés ou caressés, «ce ne sont pas des chiens ni des chats et ça les stresse».

Un iguane vert mesurant 1,60 mètre trône à l’entrée du magasin. Pour dissuader, mieux qu’un discours, les candidats à l’adoption de reptiles qui peuvent devenir très encombrants.

«C’est un particulier qui nous l’a apporté car il était devenu trop grand. Il est là pour éduquer les gens et leur montrer la place qu’il occupe à l’âge adulte», explique-t-il.

Il faut compter environ 50 euros pour l’achat d’un agame barbu, un des lézards les plus vendus, et 59 euros pour un python royal. Et bien plus pour des variantes rares : un python blanc aux yeux bleus coûte, lui, un millier d’euros. Car l’homme grâce aux sélections génétiques, crée des serpents qu’on ne trouve pas dans la nature.

Enfin, si on croise un reptile en ville, «il faut appeler les pompiers et ne pas essayer de l’attraper», recommande Karim Daoues qui rappelle que «relâcher un reptile dans la nature est une bêtise pour l’animal et l’environnement».

«Les gens veulent toujours l’animal le plus grand, le plus coloré, le plus dangereux. Mais quand l’animal grandit, ils se retrouvent un peu dépassés», confirme le sergent-chef Laurent Siino, chef du groupe cynotechnique des pompiers de Paris, qui réalisent chaque année quelque 150 interventions impliquant des animaux insolites et parfois dangereux.

Parmi les opérations les plus mémorables, il cite la capture d’un dragon de Komodo, un lézard de 1m80 originaire d’Indonésie, capable de tuer des cerfs et à l’occasion des humains, et qui appartenait à un cirque. Il y eut aussi ce petit crocodile du Nil, attrapé en 2005 dans une cage d’escalier. «Il ne faisait que 15 cm, mais mesure 2 m aujourd’hui», précise-t-il.

En 2010, dans le Xe arrondissement de Paris, une dame âgée a retrouvé un boa d’1m50 enroulé autour des canalisations de ses toilettes. «Le serpent s’était rendu à l’étage du dessous via le vide-ordure», explique le sergent-chef Siino.

 

AFP/VNA/CVN

 

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