Des personnes font la queue à l'entrée du bureau de chômage au centre de Madrid. |
Des personnes font la queue à l'entrée du bureau de chômage au centre de Madrid. |
En septembre, le chômage a atteint le niveau de 12,2% dans la zone euro, comme en août, selon les données publiées le 31 octobre par Eurostat. Parallèlement, les taux pour juillet et août ont été révisés à 12,1% et 12,2%, au lieu de 12,0%, un chiffre qui marquait une première baisse en deux ans et demi.
"Ces révisions mettent en évidence que le chômage n'a cessé de croître depuis avril 2011, même si le rythme a clairement ralenti", souligne Christian Schulz, de la banque Berenberg. Il n'exclut toutefois pas que le pic ait été atteint à l'automne, vu que certains indices en matière de confiance économique s'améliorent.
"Un taux de chômage stable est ce qu'on peut avoir de mieux dans le contexte actuel", estime Marie Diron, économiste chez Ernst & Young. "Les entreprises n'ont pas encore assez confiance dans les perspectives de croissance pour passer à la création d'emplois", explique-t-elle.
Il est en outre "encourageant de constater que le rythme de suppressions d'emploi a ralenti de manière significative au cours de l'été", souligne l'économiste. En un mois, le nombre de chômeurs a augmenté de 60.000, alors qu'il a progressé de près d'un million (996.000) sur un an.
En attendant, le niveau élevé du chômage "continue de menacer la reprise économique dans l'UE", a réagi Laszlo Andor, le commissaire européen en charge de l'Emploi, s'inquiétant particulièrement du sort des jeunes qui risquent de former "une génération perdue".
Signes de stabilisation
Le chômage touche en effet 24,1% des moins de 25 ans, avec des pics effarants en Grèce (57,3%) et en Espagne (56,5%), mais aussi à Chypre (43,9%) et en Italie (40,4%). Dans l'ensemble de la zone euro, cela se traduit par 3,54 millions de jeunes sans emploi.
Manifestation contre le licencement des employés en Grèce. |
Pour éviter que le phénomène empire, M. Andor appelle encore les États membres à "mettre en œuvre d'urgence la Garantie pour la jeunesse", qui prévoit de proposer à un jeune une formation ou un emploi dans les quatre mois après la fin de ses études ou la perte de son emploi.
De manière plus générale, il invite les 28 à mettre en place des "politiques d'emploi proactives" visant à améliorer la résilience du marché du travail et la lutte contre le chômage.
Mais les disparités sont considérables en zone euro : la situation est particulièrement critique dans les pays dits périphériques, avec en tête la Grèce (27,6% en juillet) et l'Espagne (26,6%), où le chômage touche plus d'un actif sur quatre, toutes catégories d'âge confondues.
Dans le même temps, des pays situés au cœur de la zone euro comme l'Autriche (4,9%), l'Allemagne (5,2%) et le Luxembourg (5,9%) affichent des taux de chômage extrêmement bas. La crise a en outre aggravé la situation pour les pays fragiles comme Chypre, placé en mars sous assistance financière de l'UE et du FMI, où le chômage a bondi de 12,7% à 17,1% en un an.
"Il y a toutefois des signes de stabilisation dans certains des pays les plus sous pression", souligne Howard Archer, économiste pour IHS Global Insight. Il cite le cas du Portugal, qui bénéficie d'un plan d'aide financière depuis mai 2011 en échange de la rigueur, et qui affiche un taux de chômage en légère baisse, à 16,3% contre 16,4% un an plus tôt. En Irlande, qui doit sortir de son plan de sauvetage fin 2013 après plusieurs années d'austérité, l'amélioration est encore plus évidente, avec un chômage à 13,6% en septembre contre 14,7% il y a un an.
AFP/VNA/CVN