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Des soldats slovènes installent des barbelés le 11 novembre à Sela pri Dobovi près de Brezice à la frontière avec la Croatie |
Le sommet de la Valette, qui a débuté le 11 novembre en présence d'une cinquantaine de dirigeants africains et européens, a insisté tout au long de la journée sur la nécessité de solutions communes à la crise migratoire mettant à mal la cohésion de l'Union européenne.
Mais les États européens ont continué d'appliquer sur le terrain des décisions isolées. Après les clôtures récemment érigées par la Hongrie, le gouvernement slovène, débordé, a commencé le 11 novembre à installer des barbelés à sa frontière avec la Croatie pour mieux contrôler l'arrivée des migrants. Les frontières "resteront ouvertes", a toutefois assuré son Premier ministre, Miro Cerar.
En Suède, le gouvernement a annoncé quelques heures plus tard le rétablissement dès le 12 novembre de contrôles à ses frontières pour faire face à l'afflux continu de réfugiés, qui "menace l'ordre public".
"Certains pays ont adopté une attitude d'Europe forteresse", a déploré à la Valette la présidente de la Commission de l'Union africaine, Nkosazana Dlamini.
"Ensemble, refusons la stigmatisation, la politique des barricades et le repli sur soi", a lancé de son côté le président du Sénégal, Macky Sall.
Des migrants à leur arrivée le 10 novembre sur l'île de Lesbos. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les Européens espèrent toutefois convaincre les dirigeants africains de les aider à freiner les flux de migrants. Ils proposent notamment un fonds d'aide pour leur continent, que la Commission européenne espère porter à 3,6 milliards d'euros, avec la contribution des 28 États membres.
Alors que l'hiver approche, la crise migratoire ne connaît pas de répit. Au moins 18 migrants, dont sept enfants, sont morts noyés le 11 novembre au large des côtes turques en tentant de rejoindre la Grèce. Au total, près de 800.000 personnes sont arrivées dans l'UE par la mer depuis début 2015 selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
'Causes profondes'
La rencontre euro-africaine de Malte avait été programmée au lendemain d'un naufrage dramatique, cet été, au large de la Libye, "route" empruntée par des dizaines de milliers de migrants africains. Depuis, l'attention s'est déplacée vers les Balkans et les demandeurs d'asile syriens mais les flux venant d'Afrique n'ont pas cessé.
L'un des points les plus épineux concerne les "retours et réadmissions" en Afrique des migrants irréguliers, que l'UE veut accélérer. La réadmission "dépend aussi des conditions qui seront mises en place", selon le président nigérien Issoufou Mahamadou.
Nouveau naufrage de migrants. |
Le sommet devrait déboucher sur un "plan d'action", avec aides financières et logistiques, et des plans de réinsertion ciblés pour les migrants irréguliers renvoyés vers l'Afrique.
Mais les pays africains ne cachent pas leur agacement devant le "deux poids, deux mesures" entre le traitement de leurs ressortissants et celui des demandeurs d'asile syriens.
"Pour garder les portes ouvertes pour les réfugiés et les migrants légaux, les migrants illégaux doivent être renvoyés de manière effective et rapide", a insisté le président du Conseil européen, Donald Tusk. Les départs volontaires doivent être privilégiés, mais quand ce n'est pas possible, les départs forcés sont un "pré-requis pour une politique migratoire efficace", a-t-il ajouté.
Les Africains veulent que l'UE garantisse des "canaux de migration légale" (tourisme, études, travail), alors que les dirigeants européens, inquiets des réactions de leurs opinions publiques, restent prudents. Il faut "donner davantage de possibilités légales de commencer à travailler en Europe", a reconnu la chancelière allemande Angela Merkel.
S'il faut "tendre la main à l'Afrique", il faut aussi lui "demander un certain nombre de réponses en termes sécuritaires", a insisté le président français François Hollande.
'Externalisation' du problème
L'UE se propose aussi d'aider le continent face à ses migrations internes, bien plus importantes que celles vers l'Europe, en aidant des pays accueillant eux-mêmes de nombreux migrants, comme le Soudan, le Cameroun ou l'Ethiopie. Un accord spécifique de l'UE avec l'Ethiopie a été signé le 11 novembre.
"L'UE cherche à externaliser son problème migratoire", a déploré Iverna McGowan, une responsable d'Amnesty Internationl, redoutant que les Européens ne négligent les droits de l'homme dans leurs tractations avec les pays africains.
L'accès à l'aide européenne "ne doit pas être conditionné à l'acceptation des politiques migratoires de l'UE", ont estimé dans une déclaration conjointe une trentaine d'ONG, déplorant n'avoir pas été autorisées à participer à ce sommet "euro-centré".
Le sommet doit se prolonger le 12 novembre jusqu'à la mi-journée. Il sera suivi d'une réunion informelle des Européens pour faire le point sur la crise migratoire et les tractations avec la Turquie, sollicitée pour freiner l'afflux de Syriens vers la Grèce.