>>Climat : cascade de rapports alarmistes avant la COP21
>>Des ministres de 60 pays mobilisés à Paris pour réussir la COP21
"Nous avons franchi avec la "pré-COP" une étape importante avant (la COP de) Paris, mais nous restons plus que jamais mobilisés et la tâche qui reste est considérable", a dit M. Fabius, lors d'une conférence de presse.
À moins de trois semaines de l'ouverture de la conférence de l'ONU sur le climat, les ministres ont tenté de progresser sur les nombreux points de la négociation encore en suspens.
Le futur président de la COP21 Laurent Fabius. |
M. Fabius a compté "des avancées", notamment sur le principe d'une révision à la hausse régulière des engagements des États pour limiter le réchauffement.
Autre point de progrès, selon lui, le financement des politiques climatiques des pays du Sud par le Nord, un point dur du futur accord qui, pour la première fois engagera les pays en développement dans la réduction des gaz à effet de serre (GES).
Responsables historiques du réchauffement, les pays développés ont promis, en 2009, de leur fournir 100 milliards de dollars annuels à compter de 2020 pour leur permettre de se développer de manière propre et s'adapter aux impacts du réchauffement, mais les destinataires souhaitent que cette somme puisse augmenter après 2020, date d'entrée en vigueur de l'accord.
Désormais l'idée que cette enveloppe soit "un plancher semble acceptée", a dit le ministre français.
Pour autant, les 100 mds eux-mêmes ne sont pas bouclés, il n'y a pas d'accord sur les montants futurs et qui doit contribuer, et la répartition (prêts/dons) fait débat.
Pour donner une impulsion à la conférence, plus de 110 (117) chefs d'État et de gouvernement sont attendus le jour de l'ouverture, le 30 novembre.
"L'élan est là", a déclaré Tony de Brum, le responsable des îles Marshall, qui a vu à Paris "des consultations inédites, une capacité à se parler ouvertement".
"Malgré tous les défis qui nous attendent, les ministres réaffirment qu'il est toujours possible d'arriver à un accord", insiste la responsable climat de l'ONU, Christiana Figueres.
Trois degrés et non deux
"Un accord effectif est à portée de main", a réaffirmé depuis les États-Unis le secrétaire d'État américain John Kerry : il "prouvera que les dirigeants du monde comprennent enfin l'ampleur du défi que nous avons à relever".
Depuis l'échec de Copenhague en 2009, le monde a changé, les impacts du réchauffement se font sentir, et des pays hier réticents à s'engager sont devenus moteurs, comme la Chine, premier émetteur mondial de GES.
L'Arabie saoudite elle-même a remis mardi 10 novembre ses engagements à l'ONU, 157e État à le faire.
Pour autant, la bascule dans la lutte contre le dérèglement climatique, qui implique de tourner le dos à des énergies fossiles jusqu'ici fondement du développement des économies, reste à venir. Et la somme des engagements nationaux porte à ce stade le monde à +3°, au lieu des 2° maximum visés.
Le niveau de concentration des GES a atteint en 2014 un nouveau record, et la planète a gagné près de 1° depuis la Révolution industrielle.
Les États se sont engagés à rester sous 2° au total, mais les plus vulnérables réclament 1,5°, confortés par une somme de rapports sur les impacts du réchauffement qui s'accumulent à l'approche de la COP.
Là encore cet "objectif de long terme" et la manière d'y parvenir seront un point important des négociations.
À ce sujet, "les ministres n'ont pas fourni de vraie direction" et "ont gâché une chance de rendre espoir aux milliards de gens qui craignent les conséquences dramatiques du réchauffement", a réagi Martin Kaiser de Greenpeace.
Les négociateurs auront aussi à s'accorder sur la forme juridique de l'accord.
"Chacun veut garder ses cartes pour l'emporter à la dernière minute", explique la négociatrice japonaise Aya Yoshida : "c'est la nature de la négociation".
Selon les scientifiques, à +2°, le monde s'expose à un bouleversement des espèces ou encore du niveau des mers, avec, surtout, un risque de réactions en chaîne accélérant encore ces impacts.