>>L'Iran est prêt à dialoguer avec les États du Golfe
>>L'Irak dit s'opposer aux sanctions américaines contre l'Iran
Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo (gauche) et son homologue suisse Ignazio Cassis au château médiéval de Castelgrande à Bellinzone en Suisse, le 2 juin. |
C'est en Suisse, qui représente les intérêts américains en Iran en l'absence de relations diplomatiques entre les deux pays ennemis, que le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a semblé assouplir légèrement la position de Washington après des semaines d'escalade des tensions.
"Nous sommes prêts à engager une discussion sans conditions préalables. Nous sommes prêts à nous asseoir autour d'une table avec eux", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse avec son homologue suisse Ignazio Cassis dans l'impressionnant site médiéval de Castelgrande, niché dans les Alpes à Bellinzone, chef-lieu du canton italophone du Tessin.
Il répondait au président iranien Hassan Rohani, lequel a affirmé samedi 1er juin que des négociations avec les États-Unis ne pourraient se tenir que dans le "respect" et pas en réponse à un "ordre" américain.
Or, relativisant lui-même son ouverture, Mike Pompeo a aussi prévenu que "l'effort américain visant à stopper radicalement les activités néfastes" se poursuivrait. Autrement dit, Washington n'entend pas alléger sa campagne de "pression maximale" sur Téhéran.
De même, il a réitéré que cette "discussion" avec les dirigeants iraniens ne pourrait en fait avoir lieu que s'ils décident de "se comporter comme une nation normale".
"L'accent mis par M. Pompeo sur la poursuite d'une pression maximum sur l'Iran témoigne de la perpétuation du même comportement fautif qui doit être corrigé", a immédiatement réagi le porte-parole de la diplomatie iranienne Abbas Moussavi. Ce "changement de comportement général" des États-Unis sera le "critère" pour une éventuelle négociation aux yeux des Iraniens.
C'est néanmoins la première fois depuis plusieurs mois que l'administration Trump, qui s'est retirée il y a plus d'un an de l'accord international sur le nucléaire iranien et ne cesse depuis de durcir les sanctions économiques et la pression diplomatique et militaire pour faire plier son ennemi numéro un, dit aussi clairement qu'elle est prête à parler sans conditions préalables.
La Suisse "intermédiaire"
Mike Pompeo avait énoncé en mai 2018 douze conditions draconiennes pour conclure un "nouvel accord" avec l'Iran, notamment en matière de restrictions à son programme nucléaire et de frein à son influence jugée "déstabilisatrice" au Moyen-Orient. De l'aveu même de la diplomatie américaine, aucune n'a été remplie à ce jour.
Les États-Unis sont récemment allés jusqu'à déployer dans le Golfe un navire de guerre, un porte-avions et des bombardiers B-52 après avoir dénoncé il y a un mois des menaces d'attaques "imminentes" de la part des forces iraniennes ou de leurs alliés contre des intérêts américains.
Mais, ces derniers jours, le président Trump a semblé vouloir baisser d'un ton, se disant à plusieurs reprises prêt à parler aux dirigeants iraniens, qui ont toutefois jusqu'ici toujours rejeté cette offre de dialogue.
"Ce que nous voulons, c'est l'absence d'armes nucléaires. Je ne veux absolument pas nuire à l'Iran", a-t-il affirmé.
La Suisse s'est dit prête à jouer les "intermédiaires" entre les deux pays. Mais nous ne pouvons pas être "des médiateurs s'il n'y a pas de volonté de chaque côté", a souligné le ministre suisse des Affaires étrangères, Ignazio Cassis.
Se disant inquiet face aux tensions actuelles et à la "grande souffrance" causée par les sanctions américaines, il a appelé Washington à identifier un "canal" financier pour que les Iraniens puissent acheter des biens humanitaires sans encourir le risque de mesures punitives des États-Unis.
Mike Pompeo n'a pas directement répondu à cette demande. Il a au contraire une nouvelle fois haussé le ton contre Téhéran, ce qui laisse présager que le chemin vers des négociations pourrait être semé d'embûches.
Les deux hommes ont en revanche préféré rester discrets en public sur les efforts, menés notamment via la Suisse, pour obtenir la libération de la poignée d'Américains détenus en Iran. Le secrétaire d'État a simplement dit qu'il s'agissait d'une priorité de Donald Trump, et que l'aide de tout pays était bienvenue.