Les États-Unis attendent pour avril un chômage historiquement haut

La pandémie a agi sur l'économie américaine comme un tsunami, dont la vague a emporté les emplois, et le taux de chômage du mois d'avril atteindra un sommet historique alors que 30 millions d'Américains s'y sont inscrits depuis le début de la crise.

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Une femme entre dans un bureau pour demandeurs d'emploi à Los Angeles, le 4 mai en Californie.

Le taux de chômage d'avril, qui sera publié vendredi 8 mai, pourrait approcher les 20%, soit deux fois plus que ce qu'avait connu le pays au pire moment de la Grande récession de 2009, et rejoignant plutôt des niveaux de la Grande dépression des années 30.

Et certains économistes tablent sur 28 millions d'emplois perdus. En comparaison, 8,6 millions d'emplois avaient été perdus pendant les deux années de la crise financière mondiale.

La première vague de pertes d'emplois a touché les compagnies aériennes et les hôtels, puis les restaurants et les usines, les États ayant ordonné des fermetures. Et les écoles ont renvoyé les élèves chez eux.

La rapidité avec laquelle le marché du travail est passé de sa meilleure forme depuis 50 ans, à la pire situation de l'histoire récente, rend difficile toute comparaison, pour les statisticiens du département du Travail (BLS), qui réalisent ce rapport mensuel.

Le point de référence le plus proche pour la lecture des données sont les catastrophes naturelles, notamment "les ouragans, car ils ont tendance à être importants et à affecter des périodes ou des zones importantes", a expliqué la commissaire associée du BLS, Julie Hatch Maxfield.

Les inscriptions au chômage ont grimpé en flèche à partir de mars, et les quatre semaines d'avril ont vu 20 millions de nouvelles demandes.

Mais ces chiffres pourraient sous-estimer l'ampleur réelle du choc, de nombreuses personnes n'ayant pas pu déposer leur dossier car les systèmes étaient débordés. Et beaucoup de personnes, non éligibles, n'ont même pas tenté de s'inscrire.

Ainsi, alors que le taux de chômage était tombé en février à 3,5%, son plus bas niveau en 50 ans, il est monté en mars à 4,4%, avec 701.000 emplois perdus.

Mais le calcul ne prend en compte la situation en début de mois. Or, les mesures de confinement ont été étendues à l'ensemble du pays au cours de la deuxième quinzaine de mars.

Selon le département du Travail, le taux de chômage aurait dû être de 5,4%. Parmi ceux qui ont conservé leur emploi, beaucoup ont vu leur nombre d'heures réduit.

Chute plus rapide que prévu

Et les économistes s'inquiètent de l'érosion des avancées obtenues au cours des dix années de croissance économique, qui ont notamment vu davantage de minorités entrer dans la main-d'œuvre. Quant aux femmes, elles sont désormais souvent contraintes de cesser de travailler, depuis la fermeture des écoles.

L'économie américaine s'est contractée de 4,8% au premier trimestre, dont les seules dernières semaines étaient concernées par les mesures massives de confinement. La chute sera bien plus importante au deuxième trimestre.

Le président de la Fed Jerome Powell, le 3 mars à Washington.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Il est désormais clair que l'économie a chuté beaucoup plus rapidement que prévu", a déclaré Diane Swonk, économiste en chef de Grant Thornton.

Les programmes d'aide gouvernementale pourraient toutefois provoquer un rebond temporaire de l'emploi en mai et juin. Mais si d'ici juillet, les consommateurs ne se sentent pas suffisamment en sécurité pour retourner dans les restaurants et les magasins, les petites entreprises "vont devoir licencier à nouveau", a-t-elle averti.

L'administration Trump et le Congrès ont débloqué un total de 669 milliards d'USD de prêts pour les petites et moyennes entreprises, afin de les aider à payer les salaires de leurs employés.

Le président de la Fed, Jerome Powell, a également mis en garde la semaine dernière contre les dommages persistants causés par l'arrêt même temporaire de l'activité, et a déclaré qu'il "nous faudra un certain temps pour revenir à un niveau de chômage plus normal".

Plus de 70.000 personnes sont mortes du COVID-19 aux États-Unis, où près de 1,2 million de cas ont été recensés, selon le comptage de l'Université Johns Hopkins qui fait référence.

AFP/VNA/CVN

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