Le Vietnam se trouve au 4e rang parmi les 10 grands pays producteurs de chaussures. Ses exportations annuelles lui rapportent plus de 4 milliards de dollars. Pourtant, le marché domestique, de 86 millions de consommateurs, est laissé à ses concurrents étrangers.
Malgré la valeur des exportations de chaussures au 1er semestre, qui s'est élevée à près de 2,3 milliards de dollars, les chaussures vietnamiennes demeurent très discrètes sur le marché domestique où les produits d'origine chinoise tiennent le haut du pavé, déplore Nguyên Thi Tong, secrétaire générale de l'Association des producteurs de chaussures du Vietnam (Lefaso).
Selon le ministère de l'Industrie et du Commerce, chaque année, le pays consomme 130-140 millions de paires de chaussures et de sandales, pour une valeur totale de 1,5 milliard de dollars. Sur ce total, les entreprises domestiques ne répondent qu'à 40%. Le pays compte 800 entreprises de cuir et de chaussures, d'une capacité de 780 millions de paires des chaussures et sandales par an qui, à 90%, sont réservés à l'exportation. Les entreprises à participation étrangère dans l'industrie de la chaussure au Vietnam sont au nombre de 235, qui occupent 70% de la valeur des exportations de ce secteur. Parmi les entreprises domestiques, 70% font de la sous-traitance auprès de compagnies étrangères. Les entreprises de chaussures préfèrent signer des contrats de sous-traitance avec la clientèle étrangère plutôt que d'investir massivement dans la modernisation des équipements et des designs des produits, explique Dinh Thi My Loan, secrétaire générale de l'Association vietnamienne des entreprises de vente au détail. De toute façon, les entreprises de chaussures, face aux difficultés posées par les litiges commerciaux et les taxes antidumping dans certains pays étrangers, devront se consacrer davantage au marché domestique. La création de marques pour le marché vietnamien sera l'une de leurs priorités.
Pour cette reconquête du marché domestique, la plus grande difficulté concerne le manque de réseau de distribution, selon Vu Van Minh, directeur général de Vina Giay. La plupart des entreprises domestiques de chaussures ne sont pas capables de louer une surface de vente. Par ailleurs, le prix de location est à la fois élevé et instable, tandis que les entreprises veulent un prix stable pendant 5-10 ans.
Le marché vietnamien, d'une croissance annuelle de 8%, est très prometteur. En 2020, la consommation des chaussures et des sandales dans le pays devrait atteindre les 355 millions de paires.
Thê Linh/CVN