Les entreprises européennes fortement intéressées par le Vietnam

Olivier Jacquet, vice-président de la Chambre européenne de Commerce au Viet Nam (Eurocham), a accordé une interview au Courrier du Vietnam sur l'intérêt dont les entreprises européennes témoignent pour le Vietnam.

Quel est le panorama de l'investissement au Vietnam par les entreprises européennes pour le 1er semestre de l'année ?

Les gros groupes mais aussi des entreprises de moyenne envergure regardent le Vietnam avec beaucoup d'intérêt, pour y développer une activité sur ce marché comme pour exporter en Europe. L'Eurocham travaille avec ses 700 entreprises membres sur ces 2 plans, comment mieux pénétrer le marché vietnamien et comment soutenir les entreprises vietnamiennes à davantage exporter en Europe.

La plupart des entreprises étrangères sont plutôt optimistes envers le marché vietnamien, voient-elles juste ?

Oui, et pour beaucoup de raisons. La première c'est que l'économie vietnamienne fait partie de celles de plus forte croissance dans le monde depuis 10 ans, de fait elle est l'une des 3 premières, et plus encore ces 2 dernières années. La crise économique de 2008 a entraîné des problèmes de taux de change pour le Vietnam avant que le monde connaisse la crise de 2009, mais celui-ci n'a pas connu la récession, juste un léger ralentissement de croissance avec un taux de 5,3% l'année dernière et, pour cette année, une estimation de 6,5%. Il demeure donc parmi les pays de plus forte croissance de l'Asie, ce à quoi il faut ajouter le bénéfice de la stabilité politique qui sont des facteurs importants pour tous investisseurs y compris européens.

Quelles sont pour vous les difficultés qui doivent être réglées ?

Je pense qu'il est important que le Vietnam réussisse un tournant industriel pour une économie en voie de développement, celui qui consiste à passer d'une industrie de faible valeur ajoutée à une industrie de forte valeur ajoutée. Aujourd'hui, la puissance économique du Vietnam réside dans des industries de forte main-d'œuvre mais de faible qualification, telles qu'agriculture ou textile. Pour ce, je considère que le Vietnam doit absolument privilégier de telles industries tels que dans l'informatique, les semi-conducteurs ou l'industrie lourde. On constate depuis ces dernières années l'arrivée de grands investissements. Autre problème à régler, et qui intéresse directement les investisseurs européens, c'est la création d'une industrie auxiliaire capable de fournir les autres entreprises. Actuellement, les entreprises japonaises implantées au Vietnam ne s'approvisionnent localement qu'à hauteur de 24% de leurs besoins, le reste étant importé. Le développement de cette industrie auxiliaire repose également, bien sût, sur de nouveaux investissements. Un bon exemple de réussite dans la région est la Thaïlande qui suffit elle-même à 64% des besoins de ses entreprises.

Cette année, y-a-t-il des changements de formes d'investissement pour les investisseurs européens ?

Selon moi, il n'y en a pas d'important. Beaucoup d'entreprises sont intéressées par les conventions BOT mais compte tenu de l'absence actuelle de dispositions législatives complètes en la matière, elles doivent prendre le risque du conventionnel, employer d'autres formes ou attendre... Je dois dire à ce sujet que je suis très satisfait que le gouvernement travaille activement sur la question, notamment le ministère du Plan et de l'Investissement, afin de combler ce vide juridique relatif. Car le BOT présente un intérêt pour tous, il est pour le Vietnam un moyen de bénéficier d'investissements étrangers tout en limitant ses dépenses en matière d'infrastructures qui sont un autre grand challenge du pays. Et ces dernières sont vitales dans certains secteurs tel celui de l'énergie : le Vietnam doit aussi impérativement augmenter sa production d'électricité pour soutenir sa croissance durant les années à venir, ce alors que le budget public ne peut actuellement supporter le coût de développement de telles infrastructures. C'est un des secteurs où le BOT sera particulièrement efficient, le privilégier est donc pour le moins important.

Pour en rester aux énergies renouvelables, le marché recèle de grands potentiels encore inexploités, qu'en pensent les entreprises européennes spécialisées en ce domaine ?

Que les potentiels sont effectivement énormes et que ce marché est très largement inexploité à ce jour. Il y a moins de 5.000 panneaux solaires au Vietnam... et il n'existe qu'une seule centrale éolienne dans la province de Binh Thuân, près de Phan Thiêt, qui vient juste d'entrer en activité. La meilleure façon de remédier à cette situation, pour moi, c'est encore le PPP, ce qui souligne le besoin urgent du pays de disposer d'un cadre législatif, d'un cadre contractuel, de garanties d'exploitation, etc. Tant que cela ne sera pas réglé, le développement des énergies renouvelables présentera de trop grand risques, mais encore une fois, je suis pleinement convaincu que votre pays possède dans ce secteur les plus grands potentiels de toute l'Asie du Sud-Est. Les technologies sont disponibles, elles sont maîtrisées, demeure la fixation d'un cadre qui devrait, selon moi, intervenir rapidement.

En tant que vice-président de l'Eurocham, que faut-il faire afin que les entreprises européennes s'implantent au VN ?

Pour les entreprises européennes pour n'importe quelle entreprise, c'est d'abord montrer qu'il y a un marché où se développer. Le secteur des énergies renouvelables est un exemple très intéressant à poursuivre car c'est l'un des secteurs dans lequel les entreprises d'Europe peuvent réellement apporter quelque chose que vos entreprises n'ont pas encore, que ce soit sur le plan des solutions, des technologies comme celui des possibilités de transferts de technologies aussi, et qui permettront à ces dernières d'exploiter ce secteur chez elles. Il est vrai qu'il demeure une importante promotion à mener sur ce point et c'est la raison pour laquelle, d'ailleurs, l'Eurocham compte organiser en 2011 le séminaire "Greenbiz" qui réunira toutes les entreprises leader dans tous les domaines concernant les énergies renouvelables : dernières technologies, électricité efficiente, énergie propre… Nous inviterons de même des entreprises vietnamiennes afin qu'elles présentent leurs produits et leurs solutions. De manière plus générale, il faut bien comprendre que si le Vietnam poursuit sa croissance comme lors de ces dernières années, d'ici 30 ans il sera la 16e économie mondiale. Pour vous donner une idée, aujourd'hui la Corée du Sud est la 14e économie du monde, imaginez donc que dans 30 ans le Viet Nam ressemblera à cette dernière. C'est une opinion relativement partagée au sein de la communauté des investisseurs, ce qu'il faut c'est les convaincre, y compris ceux d'Asie tel les entreprises japonaises, chinoises, singapouriennes et coréennes. Concernant les investisseurs européens, je suis satisfait de voir aujourd'hui que de plus en plus d'entre eux ont compris qu'il y a beaucoup à faire ici.

Propos reccueillis par Truong Giang/CVN

(30/07/2010)

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