Les enquêteurs des attentats de Jakarta sur la piste de la Jemaah Islamiyah

La police indonésienne a confirmé le 19 juillet que le double attentat suicide ayant visé 2 hôtels de Jakarta était l'oeuvre de la Jemaah Islamiyah (JI), un réseau radical islamiste que les autorités espéraient avoir durablement affaibli après une série d'attaques sanglantes au début de la décennie.

«Nous confirmons que les 2 kamikazes sont des membres de la Jemaah Islamiyah", a déclaré un porte-parole de la police, Nanan Soekarna, 2 jours après la mort de 9 personnes, dont 5 étrangers, dans les explosions qui ont dévasté les salles de restaurant des hôtels Marriott et Ritz Carlton.

Même si le double attentat n'a pas été revendiqué, la police met en avant les "similarités" relevées entre celui-ci et les précédentes attaques de la JI, qui avaient fait environ 250 morts à Bali et Jakarta entre 2002 et 2005.

"Ils (les kamikazes) sont de la même école. Nous avons découvert des méthodes, des matériaux et des outils similaires", a précisé M. Soekarna, en indiquant qu'un des 2 kamikazes avait été identifié.

Les bombes utilisées vendredi présentaient également les mêmes caractéristiques que du matériel explosif découvert récemment dans une maison de Cilacap (Ouest de l'île de Java), considérée comme une cachette de Noordin Top, l'un des cerveaux présumés des attentats de la JI.

Ce double attentat est la première attaque d'envergure attribuée à cette mouvance depuis 2005. Il trouble l'image de stabilité retrou-vée donnée par l'Indonésie, qui vient de réélire dans le calme le président Susilo Bambang Yudhoyono.

Le fait que les terroristes aient réussi à agir à l'intérieur d'hôtels de luxe, parmi les bâtiments les mieux protégés, représente une "très sérieuse menace pour notre pays", a prévenu Ansyaad Mbai, le chef du service antiterroriste au ministère de la Sécurité. "Personne ne peut prédire les attentats. Ce que nous devons faire, c'est revoir notre système de sécurité pour être plus efficaces", a-t-il ajouté.

Des experts estiment que le calme de ces dernières années avait un peu "endormi" la vigilance des autorités, notamment vis à vis de Noordin Top, qui a réussi à échapper à la vaste offensive menée contre la JI depuis 2002.

La priorité "doit être d'éradiquer les cellules extrémistes", souligne Taufik Andrie, un spécialiste basé à Jakarta. Ensuite, les autorités pourront "collaborer avec les modérés de la JI pour convaincre les plus radicaux et les nouvelles recrues à ne pas suivre le style de jihad promu par Noordin Top".

Le pouvoir indonésien a adopté ces dernières années une politique innovante vis à vis des radicaux musulmans, maniant la carotte et le bâton. Tout en traquant les groupuscules armés, il tolère la propagation de leurs idées, que ce soit dans les madrasas (écoles coraniques) ou l'édition, en échange de la promesse de ne pas recourir à la violence.

"Le monde de l'anti-terrorisme considérait jusqu'à présent l'Indonésie comme un modèle qui avait réussi", estime Noor Huda Ismail, spécialiste de l'islam. "En terme de connaissance des réseaux, nous avons ainsi obtenu d'excellents résultats. Bien meilleurs qu'à (la prison américaine de) Guantanamo", selon lui.

Le bilan du double attentat a été de nouveau établi le 19 juillet à 9 morts, dont 3 Australiens, un néo-Zélandais et un Singapourien, et à une cinquantaine de blessés.

AFP/VNA/CVN

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