>>L'Argentine prend des mesures d'urgence pour sortir de la crise
>>L'Argentine impose un contrôle des changes pour tenter de rassurer les marchés
La vitrine d'un bureau de changes à Buenos Aires. |
"Je n'ai pas confiance dans le peso, cela ne date pas d'aujourd'hui, c'est depuis toujours", explique cette avocate de 43 ans qui ne souhaite pas donner son nom, comme tous les Argentins interrogés par l'AFP à ce sujet.
Frappés par des décennies de cycles d'inflation, de récession et de dévaluation, beaucoup d'Argentins préfèrent épargner en dollars et cachent leurs économies "sous le matelas", selon l'expression populaire.
Eugenia range ses économies dans sa salle de bain. "Je préfère qu'un voleur me le prenne, plutôt qu'il soit à la banque", dit-elle. Ce manque de confiance dans les établissements bancaires n'est pas nouveau.
"Historiquement, ceux qui ont essayé d'épargner en pesos, ça ne leur a pas réussi, contrairement à ceux qui ont épargné en dollars. C'est la conséquence d'un système financier en faillite", résume Matias Rajnerman, économiste au cabinet Ecolatina.
Sofia, décoratrice d'intérieur de 52 ans, a retiré ses économies en dollars de la banque au milieu de l'année 2019. Elle craignait une aggravation de la crise économique au retour annoncé de la gauche péroniste au pouvoir à l'issue des élections fin octobre.
"Qu'est ce que je peux faire d'autre ?", s'interroge-t-elle, rappelant qu'au cours de la seule année 2019 la monnaie locale a perdu 40% de sa valeur.
Peu après sa prise de fonctions, Alberto Fernandez, le nouveau président péroniste de centre-gauche a adopté un paquet de mesures d'urgence pour faire face à l'inflation (plus de 53% en 2019), à l'augmentation de la pauvreté et à l'explosion de la dette publique (91% du PIB fin 2019).
Il a aussi mis en place une taxe de 30% sur les achats de devises, pour augmenter les réserves internationales du pays, et maintenu le contrôle des changes, avec des retraits limités à 200 dollars par mois et par personne, instauré par son prédécesseur de centre-droit, Mauricio Macri (2015-2019).