>>Air France lance la chasse aux coûts pour réduire l'impact du coronavirus
Les besoins de la Compagnie aérienne Air France vont passer de 41.230 postes fin 2019 à 39.720 postes trois ans plus tard, soit un différentiel de 1.510 postes, d'après les documents présentés jeudi 27 février par la direction dans le cadre d'un comité social et économique central (CSEC) sur la gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences (GPEC) et consultés par l'AFP.Ces coupes toucheront presque exclusivement le personnel au sol, et en particulier les fonctions support (ressources humaines, logistique, finances, etc.), ont indiqué des sources syndicales, confirmant des informations de La Tribune.
"Les départs ne sont pas présentés comme contraints ni massifs mais plutôt comme des suppressions de postes au fil de l'eau dans le cadre du projet de transformation" de l'entreprise, a indiqué l'une de ces sources. Cela "entraîne beaucoup de questions et de réserves", a-t-elle estimé.
Interrogée par l'AFP, la direction d'Air France n'a pas confirmé ces chiffres car "les discussions sont toujours en cours" avec les organisations syndicales. "S'il y a des évolutions dans les effectifs, elles se feront uniquement sur des départs naturels, sans départs contraints", a affirmé un porte-parole, en soulignant que la compagnie allait continuer à "embaucher sur certaines fonctions".
D'ici fin 2022, la pyramide des âges au sein d'Air France va entraîner de nombreux départs naturels (retraite, décès, démission ou licenciement), estimés à plus de 3.800. La compagnie va continuer à recruter mais ne comblera pas tous les départs prévus pour le personnel au sol.
Dans le détail, les effectifs au sol vont diminuer de 1.770, tandis que ceux des hôtesses et stewards vont rester presque stables (-70) et ceux des pilotes augmenter de 320, selon les documents consultés.
"Contexte de croissance"
Saluant "des embauches sur certains métiers et particulièrement dans l'opérationnel (...), population malmenée lors des projets précédents", Christophe Malloggi, de FO, premier syndicat chez Air France, a cependant rappelé que, "sur le fond, ce sont de nouvelles suppressions d'emplois au sol dans notre entreprise dans un contexte de croissance".
Jérôme Beaurain de SUD aérien a de son côté dénoncé "la volonté de +dégraisser+ les fonctions support" avec "-10% d'emplois d'ici deux ans". "La gestion des effectifs va à l'inverse des ambitions de l'entreprise : augmentation du trafic, plus d'avions, plus de passagers à transporter mais de moins en moins de personnes au sol pour effectuer le travail", a-t-il souligné.
Cette annonce s'ajoute au plan de départs volontaires en cours dans le réseau court-courrier d'Air France, annoncé en mai dernier. Encore ouvert jusqu'à fin mars, il vise 465 départs volontaires.
De source syndicale, 227 personnes ont accepté à ce jour de quitter l'entreprise dans le cadre de ce plan, 140 salariés ayant plutôt opté pour des mobilités au sein de l'entreprise.
Mi-février, les cinq syndicats du réseau court-courrier (CGT, FO, CFDT, CFE-CGC et Unsa) avaient appelé à des débrayages sur deux jours dans les escales en région et à l'aéroport d'Orly pour protester contre le recours accru à la sous-traitance après plusieurs plans de départs volontaires.
Le groupe franco-néerlandais Air France-KLM a enregistré en 2019 un bénéfice net en recul de 31%, affecté par le carburant et le fret aérien.
Afin de contrer les effets négatifs de l'épidémie liée au nouveau coronavirus, Air France va prendre de nouvelles mesures d'économies allant de la réduction de dépenses à la poursuite du gel des embauches externes pour "tous les services qui ne sont pas directement liés à (ses) opérations", selon un courrier interne obtenu mercredi soir 26 février par l'AFP.
À la Bourse de Paris, l'action Air France a souffert de la propagation de l'épidémie et enregistré la plus forte chute de l'indice (-7,25%, à 7,37 euros).
AFP/VNA/CVN