Les écomusées mondiaux au Vietnam

Outre les patrimoines culturels mondiaux reconnus par l'UNESCO, le Vietnam abrite actuellement des réserves naturelles où l'homme vit en harmonie avec la nature en conservant l'originalité de sa culture autochtone. Les zones humides du Parc national de Xuân Thuy (province de Nam Dinh, Nord), celles de Bàu Sâu au Parc national de Cat Tiên (province de Dông Nai, Sud), le lac de Ba Bê (province de Bac Kan, Nord) ainsi que le parc géologique du plateau calcaire de Dông Van, province de Hà Giang (Nord), en sont de bons exemples.

Le Vietnam est le 50e membre de la Convention de Ramsar depuis 1989 et le premier pays asiatique à participer à cette convention internationale. Selon cette convention, le pays possède 39 parmi les 42 sortes de régions inondées qui sont répertoriées dans sa classification globale.

Dix-huit pays et des organisations internationales ont signé, le 2 février 1971, la Convention de Ramsar. La convention relative aux zones humides d'importance internationale, en particulier pour les habitats de la faune aviaire, appelée Convention de Ramsar, est un traité international pour la conservation et l'utilisation durable des zones humides. Elle vise à enrayer les empiétements progressifs sur les zones humides et éviter leur disparition, en reconnaissant les fonctions écologiques fondamentales des zones humides et leur valeur économique, culturelle, scientifique et récréative. Elle a été nommée ainsi d'après la ville de Ramsar en Iran. Chaque année, le 2 février est choisi pour célébrer la Journée internationale des régions inondées.

La Convention de Ramsar a choisi en janvier 1989 le Parc national de Xuân Thuy, province de Nam Dinh (Nord), comme une zone inondée typique du Vietnam. Xuân Thuy s'étend sur une superficie de 7.100 ha dont 4.000 ha de mangrove. Chaque année, des centaines d'espèces d'oiseaux, dont un cinquième des spatules du monde, y trouvent refuge. Selon Bernard O'Callaghan, coordinateur de l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN en anglais) au Vietnam, plus de deux cents espèces d'oiseaux aquatiques, dont certaines présentes dans le Livre rouge mondial, nidifient dans le Parc national de Xuân Thuy. Ce dernier, situé dans l'estuaire du fleuve Rouge, présente 12 faciès écologiques dont des mangroves et joue un rôle très important dans la préservation de la biodiversité. Il abrite 136 espèces d'oiseaux, 12 espèces d'amphibiens et de reptiles, et 107 espèces de poissons et de mollusques.

En 2005, la région humide de Bàu Sâu (lac aux crocodiles) relevant du Parc national de Cat Tiên a été reconnue comme le deuxième site Ramsar au Vietnam. Ce site composé de 13.760 ha de zones humides et de plaines inondables saisonnièrement est situé dans la province de Dông Nai et fait partie du Parc national de Cat Tiên. Shahzia Khan, du Secrétariat Ramsar, décrit le nouveau site de Bàu Sâu, d'après les informations fournies par l'Autorité administrative, comme un complexe d'eau douce et une zone de transition entre l'écorégion annamite et le delta inférieur du Mékong, qui abrite les dernières forêts sempervirentes des plaines du Vietnam, représentatives de la Région indochinoise.

Ce site offre un habitat clé à une cinquantaine d'espèces animales très rares, inscrites sur la Liste rouge de l'IUCN, comme le crocodile du Siam Crocodylus siamensis, le scléropage d'Asie Scleropages formosus, Pygathrix nigripes, l'éléphant d'Asie, le gaur sauvage Bibos gauris ou Bos gauris, le gibbon Nomascus gabriellae et la loutre d'Asie Lutrogale perspicillata ; 131 espèces de poissons endémiques et six espèces de tortues marines, terrestres et d'eau douce. Plusieurs espèces d'oiseaux listés aussi dans le Livre rouge, notamment Pseudibis davisoni, Cairina scutulata, Grus antigone et Leptoptilos javanicus, et des plantes telles que Dipterocarpus dyeri et Diospyros mun.

Ce site sert aussi de réservoir de stockage des eaux de crue et joue un rôle important dans la régulation des crues en protégeant des localités très peuplées situées en aval.

Lac de Ba Bê, 3e site Ramsar du pays

À l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement (5 juin) et de l'Année internationale des forêts 2011, le ministère des Ressources naturelles et de l'Environnement a remis une décision de l'UNESCO reconnaissant le lac de Ba Bê comme site de la Convention de Ramsar au Vietnam.

Les zones humides du Parc national de Ba Bê dans la province montagneuse de Bac Kan (Nord) deviennent ainsi le 3e site Ramsar après le Parc national de Xuân Thuy et la zone inondée de Bâu Sau du Parc national de Cat Tiên.

D'une superficie d'environ 500 ha et d'une profondeur de 17 à 29 mètres, les zones humides du Parc national de Ba Bê se trouvent à une altitude de 178 mètres au dessus du niveau de la mer, sur des roches calcaires. Le lac de Ba Bê est un site touristique écologique et culturel important de la région montagneuse du Nord-Est.

Ce site est situé dans l'ensemble du Parc national de Ba Bê qui regroupe 21 sites touristiques aux paysages romantiques et splendides dont les grottes Puong, Na Phoong et Tham Kit, l'antre des chauves-souris... Le lac de Ba Bê qui est l'un des 20 plus grands lacs d'eau douce de la planète est par ailleurs reconnu en tant qu'un des jardins des patrimoines de l'ASEAN.

Tràm Chim, écosystème unique en Indochine

Le Parc national de Tràm Chim se trouve dans le district de Tam Nông, province de Dông Thap. C'est un modèle d'écosystème des zones humides de la plaine des Joncs (Dông Thap Muoi). Actuellement, cette zone satisfait à huit des neuf critères de la Convention de Ramsar. Ce site est donc candidat pour être inscrit sur la liste des sites Ramsar.

Appelé Tràm Chim pour les nombreuses espèces d'oiseaux (chim) qui peuplent la forêt de cajeputiers (tràm), le parc occupe un dixième de la superficie totale de Dông Thap Muoi. Véritable écomusée, il recouvre plus de 7.600 ha et abrite une faune et une flore très diversifiées. Ainsi, 231 espèces d'oiseaux aquatiques y ont trouvé refuge, soit le quart de l'avifaune nationale. La grue à tête rouge (Grus antigone sharpii) est l'espèce "reine" du parc. En outre, 50 espèces de poissons et 140 variétés de plantes médicinales y sont répertoriées. D'après une enquête réalisée en juin 2007 par le Fonds mondial pour la nature (WWF), plus de 100 espèces de poissons y ont été recensées, soit un quart du nombre total des espèces du delta du Mékong.

Selon Nguyên Huu Thiên, conseiller des projets sur la protection des régions inondées du WWF, cette zone figure également parmi les huit sites de préservation de l'avifaune les plus importants du pays. Ce parc dispose en outre d'un écosystème unique en Indochine. C'est pourquoi beaucoup d'organisations internationales s'y intéressent par le biais de projets de protection de la nature.

En avril 2008, le WWF et le groupe américain Coca-Cola présentaient dans la ville de Cao Lanh (province de Dông Thap) un projet de conservation des zones humides dans le parc national de Tràm Chim. Ce projet, d'un budget annuel de 250.000 dollars, devrait s'achever en 2011.

L'écosystème aquatique de Tràm Chim contribue à améliorer la qualité des eaux, à rétablir les ressources en eaux souterraines, à régulariser les crues et les sécheresses en aval du delta du Mékong et de Dông Thap Muoi, ainsi qu'à réduire les conséquences du changement climatique.

Le plateau calcaire de Dông Van

À noter qu'en octobre 2010, le Conseil consultatif du Réseau global des parcs géologiques (Global Geoparks Network-GGN) a reconnu le plateau calcaire de Dông Van, province de Hà Giang (Nord) comme un parc géologique mondial. S'étendant sur 2.350 km² et situé à une altitude de 1.600 m par rapport au niveau de la mer, ce plateau regroupe les districts de Quan Ba, Yên Minh, Dông Van et Mèo Vac.

Selon le vice-ministre des Affaires étrangères et président du comité national de l'UNESCO, Nguyên Thanh Son, l'adhésion du plateau calcaire de Dông Van au Réseau global des parcs géologiques est une bonne occasion pour permettre à Hà Giang de présenter et d'exploiter ses potentialités touristiques. Pour sa part, la représentante en chef de l'UNESCO au Vietnam, Katherine Muller Marin, souligne que ce site contribuera grandement à l'image du pays et de l'homme vietnamiens ainsi qu'à générer des revenus pour la population locale. "Outre les patrimoines offerts par la nature, cette région abrite des valeurs culturelles caractéristiques de nombreux ethnies minoritaires", ajoute-elle.

Les coutumes des ethnies H'mông, Lô Lô, Pu Peo, Dao... sont uniques au Vietnam ainsi qu'à l'étranger, selon Nguyên Trùng Thuong, directeur du Service provincial de la culture, du sport et du tourisme. Les ouvrages architecturaux de la famille des Vuong, le mât pour drapeau des Lung Cu, l'ancien quartier de Dông Van, le col de Ma Pi Lèng, les montagnes de Quan Ba... attirent de plus en plus les touristes vietnamiens et étrangers. L'ancien quartier de Dông Van avec de vieilles maisons centenaires est une destination de prédilection des visiteurs. Avec des murs épais de 60 cm, ces maisons sont capables de protéger ceux qui les habitent de la chaleur estivale et de la froideur hivernale du plateau calcaire de Dông Van.

Selon le vice-président du Comité populaire provincial de Hà Giang, Sèn Chin Ly, lors du Têt traditionnel 2011, près de 4.000 voyageurs vietnamiens et étrangers sont venus. Outre la contemplation des paysages naturels grandioses de cette région, les visiteurs ont eu l'occasion de participer aux fêtes traditionnelles des ethnies minoritaires.

Hoàng Phuong/CVN

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